CHAPITRE 9

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« – Tu étais avec Vic ?

– Non !

– Comment iel s'appelait, alors ?

– Maxime.

– Eh bien ce cher Maxime ne t'a pas raté, hein, dit Max suspicieusement en examinant les marques rouges dans le cou de Zack, dont le visage est de la même couleur.

– Max, tu n'es pas ma mère ! Et bouge-toi, j'ai tarpin de bagages à porter.

Hope rit derrière les deux français·es et montre la gare du doigt.

Hurry up, les tourtereaux.

– Hope ! Dis pas de conneries comme ça, tu seras gentille. »

Les trois musicien·nes montent dans le train à la dernière minute et poussent un soupir soulagé en cœur.

« – Il était moins une !

Let's go to London, dit Zack, puis il mime une cigarette pour imiter Hope, et finit par récolter un regard noir de cette dernière.

Max regarde le paysage défiler, avec les petites disputes régulières entre ses deux ami·es en bruit de fond. Le même sentiment d'insécurité commence à revenir, comme à chaque voyage vers une nouvelle destination, vers de nouvelles rencontres... Elle repense à la discussion avec sa mère. Elle aurait dû l'appeler elle, lui annoncer de sa propre initiative, dès le début. Et l'argent pour l'appart', la fac, les transports ? Certes Max a travaillé pour gagner un peu, mais la base économique venait de ses parents. Elle se sent coupable d'avoir tout laissé tomber, elleux qui croyaient tant en elle, en son intelligence. Et qu'a-t-elle fait pour les remercier ? Elle a tout dilapidé dans un clavier et des billets de trains, sans certitude d'avenir.

« – Est-ce que c'était pas plus facile à vivre, les études ? Murmure-t-elle toute seule.

– Max ? Tout va bien ?

– Peut-être aurais-je dû rester à Lyon, bien au chaud dans ma fac... Dit-elle avec un soupir.

– Tu te fous de moi, hein ? Demande Zack. Tu regrettes tout ce qu'on a vécu ? Ce qu'on va vivre ? Moi je pense que tu as pris la plus belle décision de ta vie, Max. Est-ce que c'était pas ça, ton rêve ? Vivre de musique, de paroles, de voyages ? Vivre au jour le jour ?

Il pose sa main sur son bras et plonge son regard sombre dans les yeux émeraudes de son amie.

– Tu regrettes de m'avoir rencontré ? D'avoir rencontré cette gamine venue des US fan de Kurt Cobain ? Tu regrettes d'avoir à tes côtés, très chère Max, de jolis clichés ambulants qui sont pourtant de tout cœur avec toi ?

– Non ! Pas du tout ! Je... Je vous aime beaucoup, et, honnêtement, vous faites parties des trois meilleures rencontres de toute ma vie entière ! Mais, parfois je n'arrive pas à me faire à l'idée de ma nouvelle vie, Zack.

– Oh, laisse le passé où il est, darlin', tu seras bien plus tranquille. Zack isn't wrong, y'know, tu es bien entourée, et si c'est ce que tu veux on ira jusqu'au bout with you, Max, right ?

La petite chanteuse sourit, se mord la lèvre et ajoute :

– Merci. À tous·tes les deux. Je suis désolée que vous ayez si souvent besoin de me réconforter. Vous savez, j'aimerai bien être Madonna, parfois. Avoir une telle confiance en moi que plus rien ne me paraisse impossible...

– Rien n'est impossible, Max.

You ain't Madonna, you're Max, et c'est merveilleux, crois moi. Allez lève la tête, darlin', on est à Londres ! »

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