CHAPITRE 10

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« - Max ! T'étais où ?! Avec un gars ? Avec une fille ? En boîte ? T'es bourrée ?

- Zack, la réponse à tout ça c'est un simple non, je ne suis d'ailleurs ni droguée ni enceinte.

- Alors fais pas des frayeurs comme ça, fada !

Max lève un sourcil, fatiguée qu'il prenne son jeu de grand frère trop au sérieux - ironique vu son passé douteux - et lui colle la page arrachée de son carnet sur la figure. Les paroles de sa chanson. Sans le regarder, elle part s'enfermer dans la salle de bain, laissant un Zack bouche-bée et une Hope à moitié shootée.

- Elle est tout le temps comme ça, sinon ?

Mais elle n'obtient qu'un silence, devant le jeune homme plongé dans les mots de Max.

- Bordel cette fille a peut-être des sautes d'humeur, mais il faut reconnaître qu'elle a tarpin du talent !

- Yeah, yeah, the text is great, admet l'américaine après avoir lu au dessus de son épaule.

Et tandis que la pluie commence à tomber dehors - respectant parfaitement le cliché londonien - le trio, assis par terre, commence à travailler sur les paroles de la nuit dernière.

- Et si on mettait un la plutôt qu'un si bémol ? Style "Et toi qui brille, ta da da, sous les étoiles-euh" ? T'en penses quoi Hope ?

- I dunno... Peut-être qu'on pourrait mettre un guitar solo, entre le dernier couplet et le dernier refrain ?

- Et si quand on a fini l'arrangement on postait une vidéo sur internet ? Demande Max toute enthousiaste.

- Brûle pas les étapes, Madonna, on a encore du taff.

- Brûler ? What do you wanna burn ?!

- C'est une expression, Hope, laisse. On le fait, le solo, du coup ?

La pluie tape contre les vitres, quelques notes de guitares s'échappent, et les voix s'élèvent dans la pièce. Max veut jouer "Constellation" dès ce soir - iels ont rendez-vous dans un bar queer - mais Zack insiste en disant qu'il est trop tôt, qu'iels ne sont pas prêt·es. Et Hope, comme toujours, elle s'implique pas là-dedans, elle, elle reste plongée dans son monde de musique, cherchant la meilleure mélodie possible, naviguant entre les tons et les demis-tons.

- Faut pas se prendre la tête comme ça, we'll see, si on est ready ce soir on le fait, si on se sent pas, tant pis. Don't ask stupids questions and just see what's happening. C'est tout. Let's go.

- J'aime pas Londres, annonce Zack pour toute réponse.

Max soupire, lance un regard à Hope et jette un coup d'oeil à son reflet avant d'ouvrir la porte. Le marseillais la suit sans quitter son air bougon, accompagné de l'américaine dans son pull rayé, la guitare sur le dos.

Il n'y a pas énormément de monde dans le bar. Ça la rend un peu triste, Max, mais elle essaye de se dire que c'est temporaire. Iels s'installent pendant que les client·es sirotent leur boissons, sans aucun intérêt pour la scène. Comme à son habitude, la chanteuse analyse les quelques égaré·es attablé·es ou accoudé·es au comptoir. Il y a un groupe de trois adolescent·es - probablement lycéen·nes - qui gloussent derrière leurs bières ; deux personnes qui s'embrassent - elle croit même reconnaître un des musicien·nes de la nuit dernière ; et un·e blond·e, un peu bouclé·e, avec des boucles d'oreilles en forme de pastèques.

- On commence par des reprises ? Stairway to heaven ?

Max s'attend à entendre "mais elle est longue celle là, la flemme..." de la part de Zack, mais il n'en est rien. Elle croit même apercevoir un petit sourire sur son visage. Malgré ses coups de gueules, il a l'air d'aller mieux, se dit Max, elle a même espoir qu'il se soit remis de l'épisode "Vic".

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