Shooter

Chapitre 26

Jordan

Je savais à quoi ressemblerait mon retour au travail. Ma chambre d'hôpital ressemblait à l'annexe d'un fleuriste. J'ai reçu tant de cartes et de dessins que j'ai dû faire appel à des déménageurs, l'hôpital menaçait de me facturer des frais d'entreposage. Bourrée d'anti douleur, j'ai passé plusieurs entrevues dans une salle de réunion de l'hôpital. Les médias m'adorent, la Direction aussi. Les Relations Publiques, par le biais de ma supérieure m'ont fait une nouvelle proposition, j'envisage sérieusement de sauter le pas. Arrive un moment où il faut faire des choix dans la vie. Comme celui que j'ai fait en résiliant mon bail. Économisant un loyer.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur une banderole de bon retour. Je n'ai pas fait un pas que l'on me prend en charge, me donnant une coupe de champagne dans la main.

Il est 8:42 !

C'est la fête, j'ai le droit à un discours du Directeur, de Claire, avant que tous me conduisent vers bon bureau, la porte décorée de rubalise de police et d'un poster de Captain Marvel avec mon visage.

« Alors ça, je garde ! » rigolais-je. Ouvrant la porte, je me retrouve dans une serre tropicale. Je cherche un singe ou un perroquet dans la masse de plantes. Je crois qu'ils ont enlevé mon bureau pour rentrer tout ça.

« C'est gentil, donc il faut déclencher l'arrosage automatique pour arroser tout ça ? Non, parce que c'est un travail à temps plein, rendu là ! » éclatais-je de rire. « Bon, sérieusement, où est mon bureau ? » demandais-je en m'avançant, posant mon sac, regardant la boîte de chocolat qui trône sur mon bureau. « Désolée, mais ça je garde aussi ! Des chocolats belges ! Oubliez-ça, je ne partage pas. Oh putain, ils ont l'air bon ! Bien ! Puisque vous êtes là, je vais faire mon petit discours. Monsieur le Directeur m'a transmis une proposition de poste aux Relations Publiques que j'ai refusée dans un premier temps. Ils sont revenus à la charge et l'offre était suffisamment intéressante pour que je la considère. J'ai eu un peu de temps pour réfléchir ces derniers jours et j'en ai discuté avec Madame Demuir, puis avec Monsieur le Directeur, puis avec les Relations Publiques. J'ai été menacée, j'étais sous médication, je n'étais pas en totale possession de mes moyens, mais j'ai accepté. »

Je regarde les visages surpris de mes collègues, je les abandonne pour un autre service, tous me font savoir leur mécontentement.

« Merci, c'est la réaction que j'espérais et qui confirme mon choix. Je l'avais anticipé et donc je vous annonce que je serai la porte-parole pour les Relations Publiques pour New York tout en restant aussi à mon poste. Madame Humphrey, Lisa, va me seconder et je vais compter sur vous. Nous allons réorganiser un peu le service pour que cela soit encore plus fonctionnel afin que Lisa puisse m'assister efficacement. Voilà, je ne vous retiens pas. Merci pour votre accueil, les cartes, les messages, j'ai apprécié vos encouragements.... mais je ne partage pas les chocolats ! ». Tous applaudissent, le Directeur vient me serrer la main, tout comme Claire. Je me retrouve avec un peu plus de travail, mais Lisa est déjà fonctionnelle, formée par Claire à ma méthode de travail. Tout le monde me laisse, je peux enfin m'asseoir, je suis épuisée. J'allume mon ordinateur et ma boîte courriel déborde, c'était prévisible. Je regarde mes accès intranet et les nouveautés du service des Relations Publiques, mon agenda comporte déjà des rendez-vous, des entrevues. J'ai subitement peur de trop m'en mettre sur le dos, j'ai peur d'être revenue trop tôt.

« Ça va ? » demande-t-elle, doucement.

« Non » pleurais-je au téléphone. « Tu me manques, Robin.

— Hey, mon amour. Prends ça tout doucement, ça va bien aller. Soit positive. C'est ton premier jour, c'est normal, tu es restée longtemps en convalescence et la rééducation n'a pas été facile. Appelle-moi quand tu seras prête, je viendrais te chercher. je suis sur un chantier pas très loin, je te rappelle, tu veux que l'on mange ensemble ce midi ?