Chapitre 2

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Jordan


En sortant de l'ascenseur, accompagné de Stan Willis, un gardien de sécurité, je vois Mary, la standardiste tétanisée par un homme imposant qui prend appui sur le bureau, la dominant. Visiblement c'est quelque chose qu'il doit faire assez souvent et même en jouir. J'adore m'occuper de ce genre de cas, de ceux qui pensent que leur carrure leur donne des passes-droits. Pas avec moi, j'en ai maté des comme lui, ils repartent tous de la même façon, la queue entre les jambes, menottés ou non, cela dépend d'eux.

Lui, je vais me faire un plaisir de le ramener sur Terre.

« Reculez lentement et tournez-vous. Placez vos mains sur votre tête ».

J'ai parlé sans hausser le ton, lui laissant la surprise de voir Stan quand il se retournera.

Je le regarde pivoter la tête, son regard me donne froid dans le dos, je comprends mieux Mary, l'homme est manifestement en colère.

« Doucement, mon grand », demandais-je en le fixant dans les yeux, cherchant à maintenir le contact. Je vois que le mot le fait tiquer alors qu'il finit de se redresser, me dominant d'un bon vingt centimètres.

Stan s'avance, et bien qu'il ne soit pas un petit gabarit, il fait petit devant l'homme qui s'impatiente. Il lui demande sans agressivité de le suivre afin de sortir du bâtiment.

Je vois l'homme déplacer ses pieds, pour se stabiliser, imperceptiblement, ça risque de mal finir, surtout que Stan garde sa main sur la crosse de son arme.

« Je partirais quand j'aurai vu Jordan Evans, pas avant ».

De savoir qu'il veut me voir me rend nerveuse malgré moi, surtout quand il insulte plus ou moins Stan en le comparant à un nain de jardin. Celui-ci s'arrête de bouger, surpris. Personne ne le qualifierait de petit avec son mètre quatre-vingt et ses cent kilos.

« Tu recules avant que je te fasse reculer », menace-t-il Stan. C'est alors que je décide d'intervenir.

« Je suis Jordan Evans, en quoi puis-je vous aider ? »

L'homme s'approche, mais je ne recule pas devant cette tentative d'intimidation.

« Vous êtes ? » demandais-je afin de mettre un nom sur cette montagne.

« Un parent concerné par votre intervention d'hier à l'École primaire Kate Valentine. Je suis venu déposer une plainte ».

Je reste surprise, cette « chose » à un enfant ?

« Ça va aller, Stan, merci. Mary, prends une pause si tu veux. Monsieur, si vous voulez bien me suivre, mon bureau est par ici, vous allez m'expliquer exactement ce qu'il en est. Hier, je suis passé dans cette école faire un test de sécurité.

— Justement », gronde la voix à mes côtés.

Je tourne la tête et la redresse pour le regarder, mais il fixe droit devant lui, regardant les noms sur les portes, les visages des collègues que nous croisons. J'entre et tiens la porte, posant mon sac à sa place avant de m'asseoir. L'homme reste debout, gagnant en hauteur. Il pense m'intimider mais ça ne fonctionne pas avec moi.

« J'ai un bon chiro vous savez, alors que vous me forciez à regarder en hauteur comme ça ne me dérange pas, mais pour discuter ce serait vraiment plus pratique si vous vous asseyez ».

Je le regarde, le vois esquisser un micro-sourire avant de s'asseoir.

« Et si nous commencions par la base, vous connaissez mon nom.

— Rawland.

— Monsieur Rawland, expliquez-moi quel est le problème. Le test d'hier s'est bien passé, le plan de sécurité a été très bien exécuté, tout le monde a été réactif, a suivi les consignes. Les enfants sont ainsi mieux préparés si un événement devait survenir. Vous savez que l'on faisait la même chose dans les années cinquante et soixante, indiquant aux enfants de se cacher sous leurs bureaux.

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