Shooter

Chapitre 7

Scott

Lily adore Central Park, les plans d'eau et la verdure, mais surtout son zoo, surtout la partie réservée aux enfants, surtout le coin des chèvres. Elle pourrait y passer ses journées. Nous sommes chanceux, c'est une belle journée ensoleillée aussi c'est ici que nous allons passer la journée, nous contentant d'un hot-dog comme repas et d'un cornet de glace un peu plus tard. Je la laisse courir, s'amuser, puis finalement s'allonger à côté de moi et regarder les nuages, en leur trouvant des formes.

C'est une bonne journée, Lily est sociable et enjouée, j'ai même pu profiter d'un semblant de grasse matinée, jusqu'à ce que le générique d'un dessin animé me réveille. C'est mieux que rien. Elle a de bonnes nuits depuis quelques jours, il faut juste que je l'habitue à sortir un peu plus au lieu de rester dans la sécurité de notre appartement. Elle était déçue que Jordan ne vienne pas hier, Lily savait qu'elle ne serait pas là mais a joué la surprise et la déception. Jordan lui avait écrit sur un post-it et l'avait collé sur le réfrigérateur. Vendredi matin, il y était mais avait mystérieusement disparu le soir même. J'ai acheté dans un magasin à un dollar des petits trophés, et j'envisage de lui en remettre un pour son interprétation de l'étonnement feint dans une comédie.

Jordan lui a donné quelques exercices qu'elle s'attendait à voir terminés à sa prochaine visite aussi, malgré toute sa mauvaise volonté, elle les avait fait en me faisant du chantage. Sa récompense, une journée avec les chèvres. Je n'ai pas cédé sur le fait qu'elle en ramène une à la maison, après d'âpres discussions, bien que Mathilda, sa chèvre préférée, soit en effet mignonne, mais je doute que les voisins apprécient une chèvre qui bêle et saute partout en permanence. Passant devant un McDonald, je lui propose de manger ici avant que l'on ne rentre à la maison, qu'elle s'amuse dans la piscine à boule, avec le toboggan, mais Lily n'a jamais aimé mangé au McDo, elle est une pure New-Yorkaise, et me pointe le vendeur de l'autre côté de la rue, avec son stand ambulant. Hot Dog et bretzel. Au moins elle ne me coûte pas une fortune en nourriture, j'ai dû en avoir pour moins de dix dollars aujourd'hui. Nourrir les chèvres au zoo m'a coûté bien plus cher que ça. Mais tant qu'elle est heureuse, je m'en fiche un peu. Si pendant une journée elle n'est pas mélancolique et s'amuse, riant même aux éclats, tant mieux. Bientôt nous serons de retour dans notre mémorial personnel. Elle entourée de ses licornes, moi des photographies de Megan.

Nous avions tant de projets, de rêves. J'étais prêt à la suivre dans une petite ville, à lâcher mon poste au FBI, à devenir sheriff pourquoi pas. Tant qu'elle continue à enseigner aux enfants. C'était sa vocation, la seule chose qui l'intéressait. Les enfants l'adoraient, même les petits caïds. C'était sa récompense, que celles et ceux en difficulté, scolaire ou familiale, viennent la voir après l'avoir rejetée au premier abord, se mettant sur la défensive, avant de lui demander de l'aide pour leurs devoirs, des conseils ou simplement un peu de chaleur humaine et d'attention. Megan a toujours adoré les enfants, et la naissance de notre princesse était sa plus grande joie. J'essuie discrètement une larme alors que Lily vient s'assoir à côté de moi, voulant me réconforter.

« Bon ! Toi tu dois sérieusement prendre un bain ! » dis-je en la chatouillant. « Tu es certaine de ne pas avoir ramené Mathilda avec toi ? Ça sent la chèvre !

— Elle est tellement mignonne, avec ses yeux pleins d'amour. »

C'est une façon de voir les choses.

« Allez, dans le bain, ensuite au dodo ! »

Je n'ai pas dit à Lily où nous allions, le simple fait de se promener en voiture est une aventure. Elle regarde la ville, commente ce qu'elle voit, parle sans arrêt jusqu'à ce que je l'entende devenir hystérique alors qu'elle voit un premier panneau indiquant une attraction digne d'intérêt selon elle.