Chapitre 12

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Jordan


Café en main, je prends note des différents messages que je reçois au sujet de Lily. L'incident Amanda est clos, celle-ci cherche à se faire pardonner et tente de se rapprocher. Ce que je lis par rapport à la séance chez le psy m'ennuie. Scott me relatant l'état de Lily après sa séance et sa nuit catastrophique. La plaie concernant la perte de sa mère ne se refermera peut-être jamais, personne ne peut se mettre à sa place. Nous ne pouvons qu'essayer de l'aider à vivre avec. Mon travail est fini, j'entre des dernières informations dans le dossier de Lily, et apporte mes commentaires. Je suis de bonne humeur aujourd'hui et tout le monde le remarque, mais je suis une tombe quand à la raison, préférant laisser mes collègues lancer la machine à rumeur. Comme je ne parle jamais de ma vie privée, ils peuvent extrapoler ce qu'ils veulent. Je suis jeune, sexy et rousse. Professionnellement respectée, mon dossier est sans tâche. Ma supérieure m'apprécie, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, je suis une des rares même à avoir ce privilège. Je salue tout le monde alors que je sors du bureau pour aller procéder aux derniers tests dans mon secteur. J'aime aller sur le terrain, cela me permet de visiter les écoles, de jeter un coup d'œil sur les installations en même temps, de voir si certaines recommandations ont été appliquées. Je félicite quand cela est nécessaire, j'apporte de nouvelles recommandations au besoin, j'explique les conséquences quand je dois rappeler ce qui devait être corrigé et ne l'a pas été, laissant planer une baisse de budget si les corrections ne sont pas apportées à ma prochaine visite, donnant une date sur le champ. Je travaille pour les enfants, mon but n'est pas de réprimander une école parce qu'elle n'a pas fait peindre ou poser des bandes réfléchissantes sur des marches d'escaliers, mon but est d'éviter un accident parce qu'il n'y a pas de bandes réfléchissantes sur ces marches. Je connais les coûts des matériaux et souvent, je leur donne la solution la plus simple, la moins chère, la plus rapide. Et, généralement, dans l'heure, c'est réglé. Un pot de peinture jaune, un pinceau et voilà. Je demande seulement à ce qu'une couche soit régulièrement appliquée pour qu'elle reste visible.

Le reçu de ma pause repas en poche, je boucle ma tournée et je retourne au bureau remplir mes rapports, puis je finalise mon rapport de dépenses. À la différence de plusieurs collègues, je n'ai pas de voiture, je suis New-Yorkaise, je me déplace en métro. Je n'ai donc pas de dépense de kilométrage et d'essence à donner, juste mes repas, et là aussi, je ne fais pas dans l'excès. Après tout, une taille comme la mienne, ça s'entretient !

« Bonjour, Madame Demuir » m'annonçais-je en frappant à sa porte, dossiers en main, avant de refermer la porte derrière moi. Nous discutons ensemble alors que je lui résume toutes mes visites, lui parle des écoles où je devrais repasser d'ici deux semaines, puis je finalise avec mon dossier personnel, lui donnant la mise à jour. Nous parlons un moment de Lily, et, comme moi, elle sait que j'ai fait bien plus que je ne le devais et que c'est, somme toute, payant. Prenant mon rapport des dépenses, elle ajoute, comme à chaque fois, le prix de ma carte de métro que je n'inscris jamais, puis signe le rapport afin que je sois remboursé sur ma prochaine paye.

« Comme vous le savez, Monsieur Collins est en disponibilité depuis quelques semaines. L'annonce n'en a pas encore été faite, mais il va nous quitter, retraite anticipée, afin de s'occuper de sa femme. Elle réagit mal au traitement de chimio.

— C'est triste, je l'apprécie énormément et Mary est une telle force face à cette saloperie de cancer » compatissais-je.

« En effet. Il veut être près d'elle au maximum aussi... » s'arrête-t-elle pour ménager son effet, « je voudrais que vous acceptiez de prendre son poste.

— Mais, je n'irais plus sur le terrain ?

— Jordan, je sais que adorez visiter les écoles. C'est ce que j'apprécie le plus chez vous, c'est votre implication, vos rapports sont toujours clairs, complets. Si vous voyez ce que je reçois de certains de vos collègues. Bref, je vous veux comme cheffe de service, vous superviserez tout le monde, les rapports passeront par vous pour que vous corrigiez le tir. Nous travaillerons plus étroitement ensemble. Je suis au courant du surnom que l'on me donne derrière mon dos, mais vous et moi, il me semble que je ne vous intimide pas, nous travaillons plutôt bien ensemble, enfin j'ose le croire.

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