𝓢𝓲𝓷𝓰 𝓯𝓸𝓻 𝔂𝓸𝓾 [ˡᵉᵉ ʰᵉᵉˢᵉᵘⁿᵍ]

𝒞нαριтяє 3 : ƒrσi∂

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 Il avait terriblement froid. Il tremblotait. Enroulé dans sa couette, rien ne semblait pouvoir le réchauffer.

Pourtant il y était habitué. Il faisait face au mur glacé qu'était son père, perdait sa voix au fin fond d'un gouffre hostile, et retrouvait son lit qui, tant bien que mal, le rassurait.

« Tu m'énerves, putain ! Tu devrais pas être mon fils. Tu m'énerves, putain ! Tu devrais pas être mon fils. »

Et les paroles se confondaient, s'entremêlaient, et ne disparaissaient jamais. Il entendait encore le son rauque de la voix de son père tambouriner contre son crâne, comme si elle voulait sortir en vain.

« Tu m'énerves, putain ! »

« Tu m'énerves, putain ! »

« Tu m'énerves, putain ! »

« C'est de ma faute..., affirmait silencieusement Heeseung en se recroquevillant encore plus, c'est de ma faute si je travaille pas assez bien. »

Il y a trois jours, ils avaient eu rendez-vous avec sa maîtresse d'école : Heeseung passait son temps à dessiner plutôt qu'à écouter le cours. Depuis, Papa ne lui parlait plus. Plus du tout. Pas un mot, pas même un regard.

Chaque soir, Papa rentrait du travail, laissait tomber son sac, traînait des pieds jusqu'à sa chambre. Heeseung s'approchait à pas de loup, ouvrait la porte sans aucun bruit et lui disait bonjour d'une petite voix, espérant se faire pardonner. Ce jour-là, Papa avait grogné, soupiré, et crié. Sa peau s'était creusée de rides autour de son nez, sur son front, ses yeux s'étaient teints de fureur.

« Tu devrais pas être mon fils. »

Et puis le silence. Le résonnement profond.

« Tu devrais pas être mon fils. »

« Tu devrais pas être mon fils. »

- Papa, tu ne m'aimes pas... ? Murmurait la petite voix de Heeseung.

Et puis le silence. Le traitement du silence. Il ne le regardait plus et se laissait tomber sur son lit. Vingt longues secondes et Heeseung n'existait plus.

- Papa ?

- TU SORS !

Le mouvement brutal de son père quand il se redressa, le doigt pointant fermement la porte, fit reculer Heeseung immédiatement. Comme un seau d'eau brûlante. Un bain bouillonnant.

C'était soit le silence, soit le cri ; soit la torture, soit la torture.

Heeseung avait rejoint sa chambre, s'était glissé sous sa couette avec des mouvements las. Il ne cessait de se ronger les ongles. Il ne voulait plus exister, il voulait se fondre dans ses draps et ne réapparaître que quand la honte sera partie.

Neuf ans et un cœur qui se brisait, morceau par morceau.

Tout était si pire depuis que sa mère était décédée. Papa ne faisait plus du tout attention à lui comme avant. Pas même à Heechun. Celui-ci était au collège, et restait enfermé dans sa chambre tous les soirs. Il avait été clair : il refusait d'être dérangé par son petit frère.

Alors Heeseung était seul. Avec son père ou son frère, il était seul. Dans sa chambre, il était seul. Dans le monde, il était seul.

Et à chaque fois, sa seule consolation fut la petite radio qu'il avait volé à ses parents, comme son père ne l'utilisait plus. Et la musique, même s'il ne l'appréciait pas, arrivait à le calmer au bout d'un moment.

Papa finirait bien par venir s'excuser gentiment.

Comme toujours.

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Auteur : Les cours de philo et littérature (aussi de cinéma) me donnent plein d'idées pour cette histoire et m'aident à bien ficeler les personnages. On parle beaucoup de psychologie et de psychanalyse et bizarrement, c'est pile les choses dont j'ai besoin pour Sing For You ! ça me donne envie d'aller en cours car je sais que je vais apprendre qqchose qui s'applique dans mon intérêt personnel. Voilà, c'est tout, bisous.