Le médecin de cette dame _ RE-ECRITURE

Chapitre 6 - Ariel 2/2

Depuis une semaine maintenant, je suis coincée dans ce lit. Certes je ne suis plus dans le coma et je m'en réjouies mais le temps est long, les minutes sont plates et l'ennui finit par me ronger. Un kiné passe une fois par jour pour me masser et faire des étirements. Sa proximité ne me plait pas, je le trouve beaucoup trop tactile mais je n'ai pas le choix puisque le Docteur Thomas passe en coup de vent pour s'assurer que je vais bien avant de repartir comme une tornade. Nous n'échangeons pas plus de cinq mots. La tristesse qui m'envahit chaque jour un peu plus me fait sombrer dans un tourbillon de dépression. S'accumule également la perte tragique de mon enfant à laquelle je n'arrive pas à faire face, je tourne la tête vers la fenêtre et regarde le ciel gris. Aussi sombre que mon humeur. J'aimerai sortir de cette chambre, respirer un grand bol d'air frais et sentir le vent caresser mes cheveux. 

Estelle rentre en trombe dans ma chambre, essoufflée et rouge écarlate. Un sourire étire mes lèvres, la secrétaire est toujours là quand mon moral est au plus bas et à chaque fois je retrouve un peu de mon énergie.

-Que-t-arrives-t-il ? lui demandai-je, curieuse.

-Figures toi que cette pimbêche de Coralie me suit depuis ce matin à cause du Docteur mal luné, s'exclame-t-elle en s'asseyant sur une chaise à côté de mon lit.

-Le docteur mal luné ?

-Oh que oui depuis que Raphaël s'emploie à t'éviter, il est devenu invivable, grognon. Et je t'en passe, même Mathis ne sait plus quoi faire de lui.

Estelle sort une salade de son sac isotherme et enfourne une fourchette dans sa bouche en bougonnant. Je baisse les yeux sur mes doigts que je triture.

-Je suis désolée, fis-je d'une petite voix.

-Oooh mais ce n'est pas de ta faute ma belle, Raphaël est une vrai tête de mule. Il respecte les règles sauf depuis ton arrivée, il en a bravé plus d'une et maintenant il va nous faire croire que le règlement est important, laisses moi rire. Je vais finir par lui foutre mon pied dans le cul, s'il continue son enfantillage !

Je pince ma lèvre inférieure entre mes lèvres, mal à l'aise d'être la cause des tourments de Raphaël.

-Où est-il en ce moment ?

-Il est probablement à la cafétéria de l'hôpital en train de manger avec son ami.

Elle enfourne une bouché de  salade.

-Allons-y, fis je en me redressant, rabattant les draps au pied du lit.

Estelle s'étouffe en me faisant de gros yeux, incertaine de la marche à suivre. Je la presse pour qu'elle se lève et tire le fauteuil roulant contre mon lit.

-Aide-moi. Je dois le voir maintenant.

-Quoi ? Attends, je ne suis pas du tout infirmière, je ne sais pas comment faire. Je ne suis qu'une petite secrétaire médicale.

Sa voix est paniquée, Estelle s'affole autour de moi en minaudant qu'elle en est incapable. Puis elle file vers la porte et revient avec une jeune femme peinturée, sûre d'elle et des ongles beaucoup trop longs, elle mâche son chewing-gum de façon exagérée.

-Ariel voici, l'interne, Coralie. Veux tu bien aider Ariel à se mettre dans son fauteuil ?

Ainsi c'est donc elle, la fameuse Coralie, celle qui en fait voir de toutes les couleurs aux membres de l'hôpital. Je comprends mieux les dires d'Estelle et de Raphaël. Je lui fais signe de la main, elle arrive d'un pas trainant l'air tout à fait ennuyé d'être ici. L'envie de lui mettre une gifle me brule les mains mais je suis contre la violence donc je suis obligée de prendre mon mal en patience.