Chapitre 16 - Raphaël 1/2

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Je n'ai pas pu résister à ses lèvres. Si douces, si pulpeuses. J'en veux encore, je pourrais l'embrasser pendant des heures. Son corps frêle contre le mien, sa chaleur pénétrant ma peau. Je grogne de frustration, la tête dans ma paume de main. J'ai besoin de me changer les idées, oublier cinq minutes la jeune femme qui se trouve à quelques pas de mon bureau. Si je m'écoutais, je la retrouverai, la déshabillerai et lui ferait l'amour pendant des jours et des nuits. Mon corps vibre de désir, mon excitation enfle dans mon caleçon où je suis trop serré. Ne tenant plus, j'envoie un message à mon meilleur ami, sa réponse ne se fit pas attendre.

"Salut Mat', on boit un verre ce soir ?

-Euh...Quelque chose ne va pas ?

-Qu'est ce qui te fait dire ça ?

-Oh pas grand chose, juste que je n'ai pas eu de nouvelles de mon pote depuis quelques semaines. 

-Alors c'est oui ou non ?

-Oui. 

-18H au Playa !"

Mon esprit divague toujours sur Ariel. Je sais qu'elle a passé ses journées à travailler sur l'histoire de Justine et un sentiment de culpabilité et de peur m'étreint la poitrine devant le danger qu'elle encourt car si mes soupçons sont vrais alors je viens de mettre la vie de ma patiente en danger.

De plus, le retour de mon frère n'arrange pas les choses. Je sens qu'il a une idée derrière la tête, je le vois dans ses yeux. Notre lien de jumeaux me permet de percevoir des choses chez lui que personne ne peut voir. Et c'est de même pour lui, c'est pourquoi je dois me montrer plus malin, plus vicieux que Tristan.

L'heure de dîner arrive. D'un pas trainant, je sors de mon bureau et parcours la distance qu'il me reste jusqu'aux cuisines. Je sais que la relation entre Maguy et Ariel est devenue amicale. Je cherche la jeune femme du regard mais elle n'a pas l'air d'être présente dans la cuisine. Je m'assois au comptoir attendant que Maguy capte ma présence. Lorsque la cuisinière se retourne, elle pousse un cri, la main sur la poitrine.

-Bonté divine, Raphaël. Combien de fois, vous ai-je dit de m'avertir quand vous êtes là ?

-Je ne saurais le dire, nonna.

Un sourire étire ses lèvres, ce surnom affectueux n'a rien de solennel mais j'apprécie Maguy comme un membre à par entière de ma famille. J'ai commencé à l'appeler de cette façon lorsque je débutais l'italien au collège depuis ce surnom ne la quittait plus pour son plus grand plaisir.

-As-tu vu Ariel aujourd'hui ? demandai-je en faignant un air décontracté.

-Oui, elle est passée prendre des sandwichs pour sa sortie de cette après-midi.

Maguy pose devant moi une assiette garnit de légumes et d'une tranche de viande rouge. Je bondis de ma chaise.

-Quelle sortie ? m'écriai-je surpris.

Nonna me regarde étonnée.

-Vous le savez bien, la petite est partie pour la journée en ville, c'est Edgard le chauffeur. Vous avez donné votre autorisation à Ariel. Vous êtes sur que tout va bien ?

Une colère surgit dans mes entrailles ainsi qu'une vive inquiétude de ce qui pourrait lui arriver. Pourquoi, diable, aurai-t-elle inventé un mensonge pareil ?

Parce que tu as été le roi des salauds tout à l'heure ! L'embrasser puis la jeter comme une vulgaire chaussette. Pitoyable.

-J'ai oublié nonna, laisses tomber. Merci pour le repas, je monte dans mon bureau.

Maguy n'a pas le temps de me répondre que je file, mon assiette à la main. Je compose le numéro d'Edgard.

-Monsieur décroche une voix brève.

-Bonjour Edgard. Où êtes vous avec Ariel ?

-Dans la rue commerçante Monsieur, j'attends Mademoiselle Ariel devant un restaurant.

-Un restaurant ? Mais Maguy m'a dit qu'elle lui avait préparé des encas, répliquai-je, perdu.

-C'est exact Monsieur. Et nous avons déjà mangé. En réalité, votre amie cherche du travail.

-Comment ça, elle cherche du travail ?

Je fais les cents pas dans mon bureau tel un lion en cage. Quelle idée lui est encore passée par la tête ? Je passe ma main sur mon visage puis tire mes cheveux, cette situation ne pouvait pas devenir pire. La perte de mon self-control va faire fuir Ariel et je ne sais pas comment la retenir. Je n'ai aucune envie de la voir traîner toute seule dehors, sans protection avec son cinglé de ex petit-copain en liberté. Et je ne suis pas prêt à la voir s'éloigner de moi pour reprendre sa vie. L'imaginer avec un autre homme me procure un sentiment de jalousie et je pourrais bien étrangler le prochain homme qui oserait posé sa main sur elle. Mon affection pour Ariel est bien plus profonde que ce que j'imaginais.

J'entends vaguement la réponse d'Edgard, perdu dans mes pensées.

-Quand rentrez-vous ?

-Je ne sais pas Monsieur, Mademoiselle Ariel est contente de prendre l'air et de voir autre chose que les murs de votre demeure.

J'entends dans la voix du chauffeur une pointe de mécontentement envers ma personne. Si un autre employé s'était permis de me parler sur ce ton, on ne peut plus explicite, j'aurai pris un malin plaisir à lui souffler mon désaccord devant son comportement mais Edgard est tout aussi vieux que Maguy ici et j'éprouve une grande affection pour ce vieil homme. Je grogne pour lui faire comprendre ma contrariété malgré la distance qui nous s'épare, je peux sentir à travers le combiné un sourire flotté sur les lèvres d'Edgard. Après un dernier mot de politesse, je coupe court à la conversation. Je me plonge de nouveau dans mon travail, délaissant mon assiette pleine avec des pensées ciblées sur de magnifiques yeux bleus.

L'heure de mon rendez-vous avec Matthis s'approche, je finis un compte rendu avant de me rendre dans ma chambre pour me vêtir d'une tenue plus décontractée. Je m'arrête devant la porte de chambre d'Ariel avec l'intention de lui signaler mon absence mais je me ravise trop préoccupé par la tournure qu'à pris notre baiser.

Trente minutes plus tard, j'arrive au Playa, un bar réputé déjà rempli de monde. Mathis m'attend à la sortie de ce dernier et nous fait rentrer en VIP. Nous nous installons sur des gradins en hauteur surplombant le bar. Une serveuse nous apporte une bouteille de bourbon commandé au préalable par mon ami ainsi que deux verres et des glaçons. Mécaniquement, je saisie la pince pour mettre les glaçons dans nos verres suivi par Mathis qui sert l'alcool brun. La première gorgée est toujours la plus difficile à avaler, brûlant mon œsophage. La deuxième est nettement plus facile à ingurgiter. Mathis me raconte les potins de l'hôpital, les conneries de Coralie et les nouvelles infirmières.

Au bout d'un moment de silence et sous le regard scrutateur de mon ami, je passe au peigne fin. Il me connait et je sais qu'il a remarqué que quelque chose clocher.

-Et si tu me racontais ce qu'il t'arrive Raph' ?

-De quoi parles-tu ? fis-je en faignant l'ignorance.

-Ne me prends pas pour un abruti. Je te connais depuis des années. Quand tu appelles pour boire un verre, c'est que quelque chose te tracasse.

-T'as raison. C'est à propos d'Ariel, grimaçai-je en voyant son sourire.



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Chapitre corrigé

Le médecin de cette dame _ RE-ECRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant