Chapitre 23 - Ariel

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Les photos de Justine étendues sur ces pierres resteront gravées dans ma mémoire longtemps, j'en viens à faire des cauchemars horribles. Je n'en ai pas encore parlé à Raphaël car lui aussi, les images ne doivent pas quitter son esprit.

Allyssa est apparemment rentrée hier mais je n'ai pas eu le loisir de la croiser, je reste généralement dans ma chambre à étudier le dossier sur la mort de Justine. J'ai envoyé un mail officiel à l'institut médicaux légal afin de pouvoir interroger Dr. Marshall qui sait occupé de faire l'autopsie.

Le sergent qui était en charge de l'affaire est parti à la retraite l'an dernier mais j'ai pu trouver son adresse grâce à internet. Il devait surement il y avoir d'autres agents sur place mais aucun n'ont été mentionnés dans les rapports pas même l'équipe de pompes funèbres qui a du procéder au transport.

Je soupire et passe une main sur mon visage, mes muscles sont engourdis à force d'être assise sur la chaise en bois devant mon bureau d'appoint. Des vêtements de rechange sous le bras, je décide de prendre une douche bien chaude pour détendre mes épaules et mon dos. Un fond de musique apaisante, une lumière tamisée grâce à des bougies, je profite de prendre soin de moi-même pour une fois me sentant bien de jour en jour.

Malgré la perte de mon enfant qui me rend triste, nostalgique. Coupable, aussi. Si j'étais partie quand je l'avais décidé, j'aurai un bébé qui me comblerait de bonheur en ce moment même. Une partie de tout ce qui met arrivé est ma faute. Mes parents ne m'ont toujours pas donné de nouvelles, je ne sais même pas s'ils habitent dans la même maison...si ils sont au moins vivant...

Un bing retentit me coupant de mes pensées, je m'empresse de sortir de mon bain et de m'habiller, je me dirige vers mon bureau. Ma boite mail m'annonce l'arrivé d'un message, c'est la réponse de l'institut médicaux légale :

Bonjour Madame Fonte, Nous avons le plaisir de vous annoncer notre acceptation pour participer à l'élaboration de votre article concernant les risques de maladies dans notre métier. Nous vous avons inscrit sur la liste des visiteurs pour le mardi 13 janvier à 08h00.Bien à vous,Dr Marshall

Un sourire vainqueur étire mes lèvres, j'avance à pas à pas dans l'enquête et on dirait bien qu'un nouveau tournant va bientôt arrivé. L'institut me convoque des demain, il faut que je prévienne Raphaël et Mathis, je sors mon téléphone et ouvre la conversation de groupe.

Ariel : J'ai la réponse du Dr Marshall, il a accepté de me rencontrer demain.

La réponse ne se fait pas attendre.

Raphaël : Tu n'y vas pas toute seule.

Mathis : Génial ! On va enfin pouvoir avancer dans notre enquête.

Ariel : On ne peut pas y aller tous ensemble, il croit que c'est pour les maladies transmissibles. Dans le cadre de mon travail.

Mathis : On en a déjà parlé Raph', il ne lui arrivera rien.

Raphaël : On parle d'un mec qui a bafouillé le rapport d'autopsie, qui a camouflé un meurtre, qui doit surement avoir des relations avec Tristan et Allyssa. Alors non, je désapprouve totalement que tu y ailles.

Je soupire derrière mon écran, je peux comprendre le point de vue de Raphaël mais il faut absolument qu'on résout cette histoire le plus rapidement possible.

Ariel : Je vous enverrai un message toutes les heures.

Mathis : Bonne idée, sinon notre cher docteur va nous faire une syncope.

Ariel : "Emoji qui rigole"

Les pointillés de la bulle de Raphaël s'allume signalant qu'il est en train d'écrire avant de disparaître mais aucun message n'a été envoyé. Ma porte s'ouvre en trombe avant de se fermer dans un claquement sonore. Raphaël fulmine, les poings serrés contre son corps, ses yeux chargés d'éclair.

Les émojis n'étaient peut-être pas une bonne idée.

Mon médecin commence à faire les cents pas dans ma chambre comme un lion enragé, je pose mon téléphone sur mon bureau, le silence est pesant mais je n'ose pas parlé, je ressens toute l'inquiétude et la colère de Raphaël. Sa voix rauque et furibonde retentit dans ma chambre.

-Tout ça n'a rien de drôle.

-Je sais, je suis désolée...je voulais seulement détendre l'atmosphère, expliquai-je en triturant mes doigts, le regard rivé sur mes pieds.

-Ce n'est pas ce que je veux dire, te savoir dans un endroit seule, sans protection ne me plait pas, c'est un médecin, il connait le corps humain par cœur, il sait où taper pour tuer !

-Tu dramatises beaucoup trop Raphaël, ton imagination te fera défaut un jour.

Son rire cynique me fit froid dans le dos.

-Il peut t'arriver n'importe quoi là bas, personne ne sera là pour te protéger.

-Je vais seulement lui poser des questions et le mener petit à petit sur le sujet de Justine.

L'ai renfrogné de Raphaël m'annonce que la suite de la conversation va être tout aussi ardu qu'au début parce qu'il n'a toujours pas accepté le fait que je fasses partie de l'enquête. Je soupire et m'assois sur le lit en attendant que le médecin veuille bien se calmer.

Après dix minutes de silence, Raphaël s'arrête au milieu de la pièce, son regard dévoile de la résignation et de la colère.

-C'est trop dangereux. Je veux que tu arrêtes tes recherches et que tu te concentres sur ta vie.

C'est à mon tour de rire jaune malgré ma posture décontractée.

-Quelle vie ?

-Pardon ? fit Raphaël interloqué.

-De quelle vie parles-tu ? A moins que tu es perdu la mémoire, ma vie est anéantie, je n'ai plus rien, seulement des souvenirs qui m'empêchent de dormir la nuit. J'ai toujours cette douleur à l'intérieure de moi pour mon enfant mort. Je n'ai pas de familles, pas d'amis, pas de maison ni de voiture alors vas-y, dis moi de quelle vie tu parles Raphaël ? Parce que je n'en vois aucune.

-Justement mets ton temps libre à profit pour te trouver une occupation.

La phrase du docteur est blessante, quelque chose de douloureux me transperce le cœur et inconsciemment des larmes brouillent ma vision.

-C'est tout ce que tu avais à me dire ? demandai-je d'une voix tendue.

-Ariel...

-Non c'est bon, j'en ai assez entendu. Je continuerai, que ça te plaise ou non, à découvrir la vérité sur ta belle-sœur, parce que c'est le seul moyen de penser à autre chose. Je veux pouvoir oublié pendant un temps, mon passé, mon bébé, ma vie !

Un lourd silence emplit la pièce, les battements désordonnés de mon cœur résonne dans mes oreilles, ma respiration est plus rapide mais je tente de me calmer, mon regard rivé sur Raphaël. Ce dernier me regarde avec intensité, ses yeux brillants d'une lueur que je ne peux déchiffrer entre colère, peur et probablement du désir.

D'un pas rapide, le jeune homme s'approche de moi et plaque mon corps contre le sien, mes seins pressés contre sa poitrine. Ses lèvres sont à quelques centimètres des miennes, sa respiration est autant hachurée que la mienne et son cœur bat à l'unisson avec le mien.

-Je ne supporte pas te savoir en danger, te savoir loin de moi me rend fou.

-Tu n'as pas à t'inquiété.

-Bien sur que si ! Quel homme ne s'inquiétera pour la femme qu'il aime ?

J'arrête de respirer tandis que ses lèvres embrassent les miennes.

Le médecin de cette dame _ RE-ECRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant