Chapitre 25 - Raphaël

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J'aurai du l'accompagner. J'ai repris mon service ce matin après l'avoir déposé et ça fait deux heures que j'attends de ses nouvelles, sa messagerie est saturée et elle ne répond pas à mes textos. Je fais les cents pas dans mon bureau sous le regard amusé de mon meilleur ami.

-J'aurai du l'accompagner.

-Arrêtes un peu, je suis sur qu'Ariel s'en sort très bien. C'est une journaliste et d'après son passé professionnel, elle était reconnue. Donc fais lui confiance, je suis certain qu'elle va n'en faire qu'une bouché de ce médecin légiste.

Je sais que Mathis a raison, mais mon inquiétude l'emporte sur la raison. Si je m'écoutais, je foncerai à l'institut et la sortirai sur mon épaule pour l'enfermer dans une pièce où elle ne risque rien. Je regrette de l'avoir impliquer dans mes histoires, et le suicide de Justine a l'air de lui porter à cœur. J'aurai du régler ce mensonge depuis le début.

-Alors tu en es où dans ton divorce ?

-Mon avocat a réussi à monter un dossier en béton contre Allyssa, le problème c'est qu'elle est enceinte, il m'a donc conseillé d'attendre l'accouchement qui ne devrait plus trop tarder.

-Dans deux semaines, oui. Tu sais, un test de paternité ne te donnera pas de réponse concrète. Ton frère est ton jumeau, vous présentez tous les deux un ADN identique. L'enfant te ressemblera autant qu'il ressemblera à ton frère.

-Je sais. Mais je ne compte pas abandonner ce bébé à leur merci. Je compte bien le reconnaître comme mon fils ou ma fille sans possibilité de garde de sa mère ou de mon frère. Tout dépendra des trouvailles d'Ariel.

-Tu lui en as parlé ?

-De ?

-Du fait que tu vas avoir un bébé et qu'elle risque d'être belle-mère alors qu'elle a perdu le sien il y a quelques mois.

Je pince mon nez de frustration, il va falloir qu'on entame cette conversation avec la jeune femme, je ne vois pas mon avenir sans elle. Notre conversation fut interrompu par le téléphone de mon bureau.

-Dr Thomas, j'écoute.

-Une jeune femme vous demande à l'accueil.

-Qui est-ce ?

-Mlle Fonte.

-Dites lui de monter dans mon bureau.

Je raccroche le cœur battant, je soupire de soulagement m'écroulant sur le canapé à côté de Mathis.

-Je te l'avais dit qu'elle s'en sortirai.

-Grand Dieu, je vais finir par mourir par votre faute.

Un coup léger à la porte attire mon attention, je me lève rapidement pour ouvrir la porte, je saisis le bras d'Ariel et la pousse à l'intérieur, j'inspecte son corps sous toutes les coutures avant de m'attarder sur son visage angélique. Un sourire éclatant finit par anéantir mon angoisse. Je l'embrasse brutalement, ses lèvres bougent contre les miennes. Je m'écarte d'elle et pose mon front contre le sien.

-Tu n'as rien.

-Je te l'ai dit. Je ne crains rien.

-Bien, les amoureux si vous pouviez continuer vos débats à un autre moment, et qu'on se concentrait sur l'entretien avec le médecin ?

J'entraîne Ariel sur le canapé en face de Mathis et m'installe à ses côtés, ma main caressant son dos. La jeune femme sort un magnétophone de son sac pour le poser sur la table, elle l'actionne et passe une bonne partie de la bande son jusqu'à arriver au sujet intéressant. Je pose mes coudes sur mes genoux, la voix d'Ariel sort du magnéto dans une teinte claire, sereine. Je suis époustouflé par son assurance.

A la fin de la bande son, je reste figé sur place, Mathis n'en mène pas large non plus, aucun de nous deux n'ouvre la bouche. Cet enregistrement est une bombe, c'est le signal que j'attendais tant et pourtant savoir enfin la vérité, le fin mot de l'histoire me donne l'impression d'être percuté par un camion.

Ne tenant plus assis, je commence à faire les cents pas dans mon bureau, la colère gronde sous ma peau, mes doigts passent dans mes cheveux en un mouvement rageux.

Bordel, c'est pire que ce que j'avais envisagé. Cette folie va finir par m'emporter dans ce sillage !

La voix rassurante et claire d'Ariel brise le silence dans lequel nous étions plongés depuis plusieurs minutes.

-Si ce que je pense est vrai, alors tu es en danger Raphaël.

Un rire rauque, sombre s'échappe de mes lèvres.

-C'est tout ce qui te vient à l'esprit ? Ma sécurité ? Nous venons de découvrir l'horreur qui se cache derrière la mort de Justine, et toi tu t'inquiètes pour moi ?

Je vis son visage perdre ses couleurs et sa mâchoire tressaute avant qu'elle ne serre ses lèvres entre elles. De la culpabilité enserre ma poitrine, j'ai été trop dur avec Ariel mais ma fureur m'empêche de discerner le bien du mal. Mes pensées s'entremêlent avec les images de mon passé, tantôt enfant puis adolescent et finir par ceux d'aujourd'hui. Je me suis fait avoir tout au long de ma vie. Le choc est plus intense que ce que je pensais, après tout je connaissais déjà la réponse.

Avant que je ne me rende compte de mon erreur, la porte claque signalant le départ d'Ariel. Je m'écroule sur le canapé le visage dans mes mains. Mathis qui était silencieux jusqu'à présent se manifeste enfin.

-Tu es vraiment con des fois.

Je grogne pour toute réponse.

-Elle risque beaucoup en récoltant des informations, qui, je te rappelle, nous n'arrivions pas à avoir. Et toi, tu l'as renvois chier parce qu'elle s'inquiète pour toi ?

-Pourquoi ferait-elle une chose pareille ?

-Et moi qui te croyait intelligent. Putain, tu es soudain pris de bêtises humaines ?

Je lance un regard noir à mon meilleur ami, sa façon de me parler dépasse largement le respect.

-Si Ariel s'inquiète autant pour toi, c'est parce qu'elle t'aime.

-Ne dis pas n'importe quoi, soufflai-je le cœur battant.

-C'est la vérité ! L'amour te rend vraiment aveugle, tu n'es pas capable de voir les étoiles et l'admiration dans ses yeux quand Ariel te regarde. Elle se démène comme une barge pour te venir en aide avec ta famille. Et le seul truc que tu trouves à faire est de t'en prendre à elle.

Mathis a raison. Je le sais. Mon cœur cognait dans ma poitrine, un gout amer emplit ma bouche, Ariel s'est enfuie à cause de moi, de mon comportement colérique. Mais mon instinct protecteur avait pris le dessus, il devient toujours plus fort quand il s'agit d'elle.  Je passe une main dans mes cheveux, ma colère s'estompait et je me rendis compte de mon manque de tact. Je comprends qu'Ariel s'inquiète mais je ne vois pas en quoi ma vie serait en danger.

Bon sang, mon cerveau va finir par exploser à cause de toute cette tension !

-Tu as raison. J'ai réagi comme un gamin. Avec Ariel, tout parait si...dangereux pour elle. Je veux la protéger de tout et de rien en même temps. Je suis même aux aguets quand elle mange de peur qu'elle s'étouffe.

-Ce n'est pas une enfant, c'est une femme, forte qui plus est. Tu devrais te détendre et parler franchement avec elle, de ce que tu ressens, de ce que tu aimerais et de tes projets. Ne laisses pas t'échapper la seule femme qui sache te retourner le cerveau, fit Mathis avec un sourire sur le coin des lèvres.

-Tu devrais écouter tes propres conseils, mon ami.

Prenant mes affaires, je me dirige vers la porte d'un pas précipité. J'ai une erreur à réparer. Je lance un regard à mon meilleur ami qui hoche la tête. Notre amitié est très fusionnel, nous n'avions pas besoin de parler pour se comprendre, un regard, un geste suffit à savoir à quoi on pense.

Attends moi Ariel, je suis désolée pour tout.




Le médecin de cette dame _ RE-ECRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant