Chapitre 11 - Ariel 3/3

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Un silence de plomb tombe sur la pièce, un homme s'approche de l'épouse de Raphaël et pose sa main sur son épaule. Sa ressemblance avec le docteur me surprend. Il est le copier-coller de Raphaël à la différence de leurs yeux. Le nouvel arrivant à une couleur marron pratiquement noir qui le rend mystérieux, indéchiffrable et il possède un sourire sournois qui fait froid dans le dos.

Mais il ne possède pas le charme naturel de mon médecin qui lui est sauvage et doux à la fois.

-Bonjour, je suis Tristan Thomas, le frère de Raphaël.

Il s'approche de moi et m'offre un baise main et un sourire renversant. Ses yeux étincelles d'une lueur prédatrice. J'avale avec difficulté ma salive et retire ma main de la sienne. Raphaël n'a rien loupé de cet échange, ses épaules sont droites, son corps crispé et sa mâchoire serrée, je peux entendre ses dents grincées.

Tristan retourne au côté de la sublime femme.

-Je suis surprise de te voir ramener du travail à la maison.

Le regard d'Allyssa me jauge de haut en bas avec un regard de dégout. Je rentre ma tête dans mes épaules et fixe le sol. J'aimerai être une petite souris pour pouvoir disparaître.

L'atmosphère est devenue électrique, sombre, dangereuse... Et je n'ai aucune envie d'être le centre de la dispute à venir.

-Je dois garder un œil sur Ariel. Et je n'ai aucun compte à te rendre.

Je lance une œillade à Raphaël, frissonnante de la teneur puissante et froide de sa voix.

-Bien sur que si ! C'est chez moi ici et j'exige d'avoir une explication à cette...situation ! s'exclame Allyssa furieuse.

-C'est ma demeure avant d'être la tienne, ne l'oublies pas Alyssa. Tu es fâcheusement en train de me faire perdre patience et tu sais que je n'aime pas ça. Ariel n'a plus d'endroit où se refugier et l'hôpital a besoin d'avoir des places de libres, j'ai donc proposé de l'héberger le temps qu'elle se remette sur pied. Et je te prierai de ne pas interagir dans son rétablissement.

Sa dernière phrase résonne comme un avertissement à mon oreille et le visage pâlît de sa femme m'annonce qu'elle l'a entendu aussi.

-Je croyais qu'une loi de l'hôpital interdisait les médecins de copuler avec ses patients. Tu es un homme marié et nous allons avoir un bébé, fit Allyssa pleine d'amertume.

Ses sous-entendus me chauffent les joues. Des images surgissent dans mon esprit.

Les mains de Raphaël explorant mon corps, les miennes caressant le sien. Nos yeux rivés, nos bouches se mêlent et nos langues dansent sur un rythme endiablé. Mes halètements retentissent dans la pièce, ses soupirs me procurent une sensation puissante, nouvelle, excitante.

Je secoue la tête pour effacer ses images de ma tête, les joues rougissantes. Je m'avance au devant de Raphaël et d'une petite voix, je lui adresse mes excuses.

-Excusez-moi, je ne voulais pas déranger. Je vais partir tout de suite.

J'incline la tête et commence à prendre la direction de la sortie quand une main attrape mon bras et le sert, je tourne la tête vivement et observe Raphaël. Son visage est impassible mais son regard est noir, remplie de haine.

Pourquoi autant de colère envers sa propre femme ?

-Elle ne bougera pas d'ici tant que je ne l'aurai pas décidé Allyssa. Et si jamais, tu t'approches d'elle, tu le regretteras.

Cette fois, c'est une menace. J'écarquille les yeux, étonnée.

Tristan me fait sursauter lorsqu'il tape dans ses mains, toujours le même sourire aux lèvres.

-Bien, bien, bien. Et si on redescendait la pression hein ? Prends ça comme une bonne nouvelle Lyss', ton mari sera à la maison maintenant.

Leur proximité est choquante, le frère de Raphaël est tactile envers sa belle-sœur et cette dernière n'a pas l'air d'être réticente. Mme Thomas tourne la tête vers Tristan, tous deux se sourirent. Un sourire digne de sous-entendus cruels.

Je trouve ce rapprochement malsain, leurs sourires me donnent la chair de poule. Mon corps se rapproche de Raphaël et ma main agrippe sa manche en signe de désespoir.

Comment fait Raphaël pour supporter tout ça ? Ressent-il quelque chose pour sa femme ?

Le médecin attrape ma main dans son dos et sert celle-ci, je lui sers en retour lui donnant de ma force dans cette épreuve. Il ne me fait pas mal loin de là, c'est même très agréable. Puis Allyssa se tourne vers nous et Raphaël lâche ma main d'un geste vif.

Je me sens nue, vidée et le froid s'engouffre à l'intérieur de mon corps.

-Tu as raison Tristan. Je suis heureuse de te retrouver enfin mon cœur, tu nous a manqué à ton fils et moi.

Sa main se pose sur son ventre et le caresse. Inconsciemment je pose la mienne sur mon ventre plat où il n'y a plus aucune vie à l'intérieur. Mes yeux s'embuent de larmes, je baisse la tête pour cacher mon moment de faiblesse mais Raphaël s'en aperçoit et pose sa main sur mon épaule et me guide vers l'extérieur du salon.

-J'accompagne Ariel dans l'une des chambres d'invités. Je vous vois plus tard.

On traverse le manoir d'un pas rapide, trop pour moi.

-J'ai besoin de ralentir Raphaël. Mes jambes vont me lâcher.

Le médecin s'arrête brutalement.

-Excuses moi Ariel. Prends mon bras.

Je passe ma main sur son bras tendu et m'appuie dessus. Mes jambes tremblent moins et cette sensation de tomber s'éloigne petit à petit.

-Merci fis-je en rougissant.

Je passe mon temps à rougir à cause du docteur Thomas. Mon palpitant est régulièrement en tachycardie. Sa présence me fait beaucoup plus d'effet que je voudrais l'admettre.

On monte des escaliers jusqu'au troisième étage, puis il tourne à gauche et m'ouvre la deuxième porte du couloir. Une somptueuse chambre s'illumine devant mes yeux. Un lit immense en baldaquin surplombe la pièce, ses draps sont blancs et ils ont l'air soyeux, doux et l'odeur de la lessive fraîche chatouille mes narines. Une coiffeuse est installée contre le mur à droite de la pièce. Un immense tapis gris à l'aspect moelleux est posé au milieu de la pièce en forme arrondi. J'entre dans la chambre d'un pas hésitant, c'est tellement magnifique. Des rideaux sombres encadrent les fenêtres, retenus par des pinces pour laisser pénétrer le soleil. Deux portes se trouvent séparées sur deux murs différents, l'une en face de l'autre.

Raphaël qui ne perdait rien de mon observation me montre du doigt la porte de gauche.

-Derrière celle-ci se trouve le dressing.

Je suis son doigt du regard vers la porte suivante.

-Et là, la salle de bain privée. S'il te manque quoi que ce soit, n'hésites pas à venir me voir dans mon bureau au bout du couloir ou de demander à un employé de maison, m'explique-t-il d'une voix plus douce que tout à l'heure.

-D'accord, merci Raphaël, pour tout ce que tu fais pour moi. Je suis désolée de t'avoir créé des ennuis avec ton épouse.

Pour seule réponse, il m'offre l'un de ses sourires mystérieux.

-Je vais te laisser te reposer maintenant. J'ai encore du travail qui m'attend. Je serais dans mon bureau.

Je hoche la tête, mon médecin part sans un regard en arrière et j'entre dans ma chambre en fermant la porte derrière moi. Un sourire s'étend sur mes lèvres et je saute sur le lit. Le matelas est mou et les draps soyeux, comme mon imagination l'avait laissé deviné. Le sommeil m'emporte après plusieurs minutes à fixer le plafond.


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Chapitre corrigé

Le médecin de cette dame _ RE-ECRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant