Prologue

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Plus aucun son ne parvient à sortir de ma bouche, la douleur est anesthésiée par les nombreux coups que j'ai reçu. Il continue de déverser sa haine sur moi, inerte sur le carrelage froid de la cuisine, je n'ai plus la force de me défendre, de prononcer ne serait-ce qu'un gémissement. Je sens un liquide chaud coulé de ma tête pour s'éprendre sur le sol, créant une auréole sombre autour de moi. Mon bourreau sent l'alcool et le cannabis, je sais qu'à ce moment là il ne s'arrêtera pas. C'est la fin.

Les images de mon passé se succèdent dans mon esprit. Des souvenirs d'avant ma rencontre avec ce monstre, les soirées avec mes amis, mes années lycée puis collège. Enfin je revois le visage de mes parents, ils me manquent. J'entends leurs rires au loin, j'imagine encore mon père me courir après dans toute la maison pour me faire prendre un bain...Puis je les revois à cette dernière journée, ce dernier moment passé ensemble, je regrette de ne pas les avoir écoutés.

Il est dit que lorsque notre cerveau nous rappelle les événements antérieurs de nos vies, c'est que la mort est proche. Elle sonne et le gong retentit dans mes oreilles telle une faucheuse avec sa faux.

J'aurai pu avoir une vie plus longue, plus joyeuse, plus belle mais l'être stupide que je suis en a décidée autrement. Mon entourage m'avait prévenu, il m'avait mis en garde contre ce type mais comme à mon habitude je n'ai rien voulu entendre. Je le regrette.

C'est bien le moment d'ouvrir les yeux lorsque l'on va mourir, tiens.

J'ai une pensée pour cet être innocent qui n'aura sans doute pas le temps de voir la beauté du monde et tous ses secrets, ses paysages, ses cultures...

J'ai découverte que j'étais enceinte quand il n'était pas là. Avec hargne, j'avais lancé un regard furibond à mon moyen de contraception qui aurait pris la fuite s'il avait pu. Ce jour-là, j'avais fait ma valise pour partir loin de mon compagnon et m'occuper de mon bébé dans de bonnes conditions mais il était rentré plutôt de sa journée de travail et l'une de ses colères noires le prit et ses coups se sont mis à pleuvoir sur mon visage, mon tortionnaire m'a enfermé dans la cave me donnant le stricte minimum pour m'alimenter. Malgré tout, le petit bout tenait bon et son envie de vivre me donner le courage nécessaire pour affronter cet enfer. Je comptais lui cacher cette grossesse mais mon compagnon l'a découvert en ouvrant le courrier sur lequel les résultats de la prise de sang clarifier ma situation. Sur le coup, je m'attendais à de la violence mais son comportement m'a surprise, il est devenu calme, souriant, gentil parfois même attentionné. Et au fils des jours, ma peau ne présentait plus de traces violacées, je pouvais enfin respirer au bonheur et je me nourrissais de l'espoir, qu'enfin, tout redevienne normal.

Malheureusement, ce bonheur n'a duré que quatre mois environ. Mon ventre prenait forme, le bébé était en parfaite santé, mon bourreau était devenu un homme doux et prévenant. Une vie parfait si on oubliait la peur constante dans laquelle je vivais.

Jusqu'à aujourd'hui...

Il n'est pas rentré tout de suite après le travail comme à son habitude, je reçue son texto m'informant de son intention d'aller boire un verre avec des amis. Pendant ce temps, je lui préparais à manger, je grignotais et regardais la télé. Les heures défilées mais il n'était toujours pas de retour, je commençais à tourner en rond dans la maison quand monsieur passa enfin le pas de la porte. J'entendis son pas trainant et des injures murmurées. Je l'attendais dans la cuisine, mais je compris à l'aspect de son visage et de ses yeux noirs, que quelque chose n'allait pas. Que tout allait recommencer. 

Et j'ai regretté d'avoir cru au bonheur, de lui avoir laissé une seconde chance. Putain oui, je regrette d'avoir été si naïve ! parce que je sais au fond de mes entrailles que ce sera le dernier jour, la dernière soirée, la dernière danse de ma vie et celle de mon bébé...

J'entends ces mots, sa voix hargneuse et rocailleuse.

-Tu savais que j'étais devenu l'homme le plus cocu de l'entreprise ? petite pute. On m'a dit que cet enfant n'était pas de moi. Tu aimes faire la chienne pendant que je me casse le cul à travailler pour t'offrir une vie convenable ? Je vais te faire passer ton envie à toi et ton bâtard de merde.

Epandu sur le carrelage de ma cuisine à demi-consciente, ma vie défile devant mes yeux, et je pris pour cette vie à l'intérieur de moi qui n'a pas eu le temps de voir le jour. A la mienne qui a pris fin, il y a bien des années.

Moi, Ariel Fonte née le 28 Août 1994 dans une petite campagne nommée Angue. Une enfance joyeuse, sans problème et en bonne santé, au milieu d'une famille aimante. Une adolescente calme, un peu rebelle mais toujours avec respect envers mes parents. Ma majorité fut mouvementée les premiers amours, les chagrins, les fêtes où l'alcool pleuvait à flot. Mes études dans le journalisme, un diplôme réussit avec succès ! Et enfin ma rencontre avec l'homme qui a anéanti ma vie, ma carrière, ma famille...

13 Juin 2017

-Ariel, j'ai une nouvelle mission pour toi. Il faut que tu ailles interviewer un homme d'affaire important, il s'agit de l'avocat en charge de l'enquête RONSON. Il a accepté de répondre à nos questions en dehors des caméras et en toute intimité.

Mon patron, M. Grode, a ouvert un journal local à Angue qui fait l'unanimité de tous. Vendus par centaines dans les kiosques de notre bourgade, le directeur a su se faire un nom et une réputation que l'on pourrait envier. Fraichement diplômée dans le journalisme, M. Grode a accepté ma candidature avec enthousiasme, me voyant comme un œil neuf et jeune pour son journal. Mes articles apparaissent souvent en première page faisant le bonheur de mon patron et la dévotion que je transmets dans mes écrits ravis la population.

-C'est vrai ? Il a fini par accepter c'est génial ! Votre persuasion me surprendra toujours M. Grode. Où dois-je le rejoindre ?

Je frétille sur place comme une enfant, heureuse que l'opportunité tombe sur moi. Je voulais ce dossier coûte que coûte. L'affaire RONSON éveille la curiosité et la peur des habitants, un tueur en série sévissait dans la ville, s'électionnant uniquement la gente féminine peu importe la couleur de cheveux, la morphologie ou les origines. Son organisation était toujours la même, trouver sa victime, connaître le moindre faits et gestes et attendre le moment adéquate pour passer à l'action, dans une ruelle sombre à l'abri des regards. Les femmes étaient bâillonnées, frappées, violées puis égorgées comme un animal. A son actif, quinze victimes dont une survivante qui avait réussi à s'enfuir et à aller à la gendarmerie pour faire un portrait robot. Il fut arrêter un mois après, son avocat commis d'office sait battu contre le procureur afin de démontrer son innocence ou du moins une schizophrénie importante. De quoi lui éviter la prison.

Pour moi, l'avocat en question était tout aussi criminel que le meurtrier même s'il ne faisait que son travail. La population voulait des réponses sur le fait d'accepter de défendre un meurtrier aussi répugnant que lui et je comptais bien les leurs fournir.

Une heure plus tard, je partis sur le lieu de rendez-vous, un petit restaurant où peu de monde y aller. Une serveuse m'installe à une table dans un coin reculé. Une vingtaine de minutes plus tard, un homme se place en face de moi. Mes yeux sont accrochés à ses beaux yeux verts clairs, une barbe de trois jours, et une masse de cheveux noir corbeau coiffés en arrière. Une carrure imposante. Il était de toute évidence l'un de plus bel homme que je n'avais encore jamais vu. Il tend sa main vers moi que je prends tout en cachant mon trouble, sa pression est chaude et douce.

-Bonjour, je suis M. Bryan Crolle. Vous êtes la journaliste c'est ça ?

Bryan Crolle. L'homme qui allait devenir mon compagnon et mon bourreau. L''homme qui m'ôtera la vie et celle de mon bébé. Une belle ironie pour un avocat à la réputation mondiale.



***

Chapitre corrigé et réécrit 

Le médecin de cette dame _ RE-ECRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant