Chapitre 9 - Ariel 1/3

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Je n'ai aucune affaire personnelle. Rien ne m'appartient, pas un seul vêtement, pas une seule babiole. Mon monde ne s'arrête pas de s'écrouler autour de moi et je ne sais plus qui je suis ni ce que je vais faire de ma vie. Je ne broies que du noir à longueur de temps.

Il y a trois jours, l'enterrement de mon fils a eu lieu au crématorium de la ville, Raphaël et Estelle m'y ont conduit et m'ont soutenues dans ce moment extrêmement difficile. Les larmes se sont taries hier. Cette perte sera toujours un souvenir dès plus douloureux.

Et aujourd'hui, alors que je tourne dans ma chambre, je me rends compte que je ne possède plus rien, ma vie est une immense décharge. Les yeux embués de larmes, je finis de me préparer dans ma salle de bain avec des vêtements qu'Estelle m'a prêté.

Mon corps ne montre plus aucune trace de la violence de mon ex-compagnon. Malgré tout ma conscience en garde toutes le séquelles, j'ai peur de le croiser dans la rue ou un beau jour en faisant mes courses. Des nausées de dégoût ne cessent de me broyer l'estomac. Les yeux clos, la respiration lente, je tente de penser à autre chose, le visage de Raphaël passe devant mon esprit et un sentiment de soulagement calme la crise d'angoisse qui pointait le bout de son nez.

Un coup à la porte me fait relever la tête et Estelle entre dans ma chambre avec un grand sourire. Son enthousiasme me fait chaud au cœur et je ne peux empêcher mes lèvres de s'étirer en un sourire franc.

-Tu es prête ? Raphaël devrait déjà être au parc.

J'hoche la tête et imprègne une dernière fois la pièce de mon regard. Le fait que c'est une chambre dans un hôpital et que personne ne souhaite y rester, j'ai trouvé en ce lieu de la sécurité et un repaire à mon réveil.



Le froid de l'hiver saisit mon corps dès que nous passons les portes coulissantes de l'hôpital, j'enfouis mon nez dans l'épaisse écharpe d'Estelle afin d'empêcher le vent de s'infiltrer sous mes vêtements. Nous marchions l'une à côté de l'autre tandis que la secrétaire me racontait sa soirée avec sa femme, je ne perdais pas une miette de ce que mes yeux voyaient. La vie extérieure me manquait et voir des personnes marchaient, courir, rire et discuter mettaient du baume sur mon moral à plat. Nous passons les grilles du parc et je vis au loin le docteur assis sur un banc un gobelet fumant à la main.

Il est encore plus beau quand il ne porte pas sa tenue de travail. Vêtu d'un jean foncé, d'un pull beige et d'une veste noire. Raphaël se présente sous un nouveau jour, encore plus séduisant que d'habitude. Sa mâchoire carré et sa barbe taillée le rendait irrésistible et une envie de courir vers lui me prit mais je me retiens de toutes démonstrations en public. Il tourne la tête dans notre direction et sourit. Ses dents parfaitement alignées et blanches pourraient mettre un dentiste au chômage. Je lui souris en retour et presse le pas dans sa direction.

-Ralentis chérie, on ne prend pas le train ! m'insurge Estelle essoufflée, le visage rougis par le froid et l'effort.

Je ralentis à contre-cœur et passe mon bras sous celui de la secrétaire en guise de soutien. Raphaël vient à notre rencontre, on s'arrête à quelques pas l'un de l'autre. Il tourne la tête vers Estelle et sourit.

-Merci pour ton aide Estelle, sans toi, nous n'aurions pas pu y arriver. Le directeur est à l'affut en ce moment.

-Je continue à dire que c'est une mauvaise idée Docteur Thomas ! fit Estelle, les mains sur les genoux, essoufflée.

Pour toute réponse, le chirurgien lui fit un clin d'œil provoquant un soupir de la secrétaire. Cette dernière marmonne des mots d'oiseaux et je souris devant leur chamaillerie.

Le médecin de cette dame _ RE-ECRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant