Chapitre 26 - Ariel

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Déçue, furibonde, je sors de l'hôpital en trombe. Cet homme m'exaspère, il ne voulait probablement pas dire de tels mots mais bordel je n'y comprends rien. Je fais tout ce qu'il faut pour lui apporter des réponses, pour l'aider à avancer dans sa vie mais il est tellement têtu qu'il ne voit pas ce qu'ils lui réservent.

Argggh, satané médecin !

Les rues étaient bondés de monde, je les évitais dans ma course malgré deux ou trois épaules que je percutais, je m'excusais rapidement avant de reprendre mon chemin. J'hélai un taxis qui me conduit jusqu'au manoir de Raphaël, il fallait que je mette par écrit mon dossier et que j'analyse une nouvelle fois les dossiers afin d'être certaine de ne pas être passé à côté d'un indice. 

Durant le trajet, j'ai pu réfléchir à mes sentiments et parvenir à une conclusion sur mon état émotionnel. Notre rencontre ne fut pas la plus heureuse, ni la plus magique mais étendue sur mon lit d'hôpital, quand nos regards se sont croisés, j'ai senti quelque chose renaître en moi, des battements de cœur désordonnés, un sentiment de timidité m'avait étreint les intestins et un désir farouche de vouloir ses bras autour de moi avait agité mon bas ventre. Plus je passais de temps avec le docteur, plus des sentiments grandissaient. J'ai à la fois peur de ressentir à nouveau ce genre de sensation, l'empreinte de mon ex-compagnon étant encore présente dans ma tête. Mais le visage et les yeux de Raphaël effaçaient peu à peu mes cauchemars. Mon envie de le voir à chaque seconde qui passent, d'entendre son rire résonnait à mes oreilles et sentir la chaleur de son corps contre le mien. Des frissons parcourent ma peau au souvenir de notre étreinte. Le médecin a été un grand soutien dans la perte de mon enfant, jamais je ne pourrais le remercier au cours de ma vie. En dépit de toutes les horreurs que j'ai subi, l'avenir me paraît clair au côté de Raphaël, mon palpitant agresse ma cage thoracique de battements incontrôlables, mes rêves me montraient un futur agréable, rempli de rire et de bonheur. Parce que mes sentiments pour cet homme sont authentiques et puissants. Je suis tombée amoureuse de Raphaël à l'instant où nos yeux se sont croisées.

Je l'aime !

Mes yeux parcourent le paysage extérieur me reconnectant à l'instant présent. Mes sourcils se froncent lorsque je me rends compte que je ne connais pas ce paysage. Il ne s'agit pas de la route pour rentrer au manoir.

-Monsieur, vous avez du louper la sortie signalai-je en tapant sur la vitre qui nous séparait.

Il ne me répondit pas. Je sentais dans mes entrailles que quelque chose clochait. Le verrouillage des portes de la voiture s'enclenchèrent signalant que personne ne pourrait me sortir de la voiture. Une peur commença à me tordre le ventre, je tapai encore plus fort sur la vitre.

-S'il vous plaît, laissez moi descendre de la voiture. Je...je ne comprends pas pourquoi vous faites ça. Je ne sais même pas qui vous êtes.

Le tremblement de ses épaules démontre que le conducteur se retenait de rire. Un mauvais pressentiment fit clignoter un signal d'alarme dans mon cerveau. Le même signal retentissait quand Bryan rentrait ivre à la maison. Prise d'un élan d'angoisse, je tente d'ouvrir ma portière mais la sécurité enfant avait été déclenchée. Le conducteur retire sa casquette avant de tourner son visage vers la vitre quittant la route du regard. Mon dos percute mon siège et je me recroqueville sur moi-même, la respiration hachurée. Je t'entai d'ouvrir l'autre porte, sans succès.

-Il est trop tard Ariel, il n'y aucune issu pour toi.

Un tremblement incessant prit mon corps, des larmes de peur coulèrent sur mes joues.

-Voyons, voyons. Cela ne servira à rien de pleurer. Nous savons tous les deux comment cette histoire va se terminer. Tu n'imagines pas dans quelle rage tu m'as mis. Toi et ce médecin, c'est répugnant. Je te pensais fidèle ma chérie, tu me déçois énormément. Je ne peux pas laisser passer ce manque de respect.

-Je t'en pries...Laisses moi partir, je ne dirais rien à la police, je te jure...suppliai-je d'une voix grelotante.

-Pour aller rejoindre ton docteur ? cracha le conducteur. Ne t'inquiètes pas, dans pas longtemps, il ne devrait plus poser de problèmes.

Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines, Raphaël est en danger et personne ne peut le prévenir, j'espère que Math' restera avec lui.

-Ne lui fais pas de mal, je t'en supplie Bryan, je ferais tout ce que tu voudras, dis-je les jours baignées de larmes.

-Fermes ta gueule salope, si tu ne veux pas que je t'égorges maintenant !

Sa menace me fit perdre mes mots, Bryan est capable du pire dans cet état. Ma seule chance de vivre est d'attendre qu'il se calme en ne faisant aucun bruit. Pendant ce temps, je cherchais dans mon sac mon téléphone essayant de ne pas faire de bruit pour ne pas qu'il capte mon intention. Je saisie mon bien pour le sortir discrètement, je coupe le son en espérant que la vibration n'attire pas l'attention du conducteur. Il n'y a pas de réseau, la route sur laquelle nous défilions est entourée d'arbres, sans aucune habitation alentours. Des larmes continuèrent à dévaler mon visage, l'espoir de pouvoir contacter quelqu'un à l'aide s'amenuisait. Je suis inquiète pour Raphaël, j'ai peur de ce que Bryan va me faire.

Mes yeux atterrirent sur la bombe aux poivres dans mon sac à main, Raphaël avait insisté pour que j'ai toujours de quoi me défendre. Je la pris pour la glisser dans la manche de ma veste, prête à l'utiliser quand il ouvrira la porte, je pourrais m'échapper en espérant trouver de l'aide sur mon chemin.

La voiture prit un chemin en terre, nous étions secoués comme des pruniers à cause des cratères. Au bout du chemin, un hangar fait de tôles, rouillées par les années passées, ne reflétait que la misère dans laquelle je me trouvais. Cet endroit m'envoyait ma fin à travers la gueule, un couinement sortit de ma bouche attirant l'attention de Bryan qui affichait un sourire cruel.

-J'ai toujours aimé entendre ce son sortir de tes lèvres, ma chérie.

Un haut le cœur remonta le long de mon œsophage, Bryan sort de la voiture puis fait le tour pour m'extraire de la voiture. Sa poigne me fit grimacer, j'attrape ma bombe et d'un mouvement rapide asperge ses yeux du produit nocif. Mon ex compagnon relâche sa prise en criant de douleur. Je n'attendis pas une seconde pour courir sur le chemin que nous venions d'emprunter.

-Saloooope, cria Bryan d'un hurlement.

S'il me rattrape, il me tuera. Sa colère, sa hargne, sa rage s'acharnera sur moi jusqu'à ce que j'expire mon dernier souffle. Mes pieds foulent le sol à vive allure malgré le fait que j'ai retrouvé mes capacités, je sentais l'effort que j'affligeais à mes muscles, une douleur s'installe dans mes cuisses mais ma volonté de vivre  et de retrouver Raphaël me pousse à dépasser mes limites. J'entends des pieds qui martèlent derrière moi, en jetant un coup d'œil, je vois Bryan tentait de me rattraper en vacillant et en se frottant les yeux. Une masse épaisseur et dure me percute de plein fouet, mon corps s'écroule sur la terre. Mes yeux se lèvent pour comprendre dans quoi j'ai foncé, un sourire se fend sur mes lèvres et des larmes perlèrent sous mes paupières.

-Raph...

Mais quand le jeune homme baisse son regard sur moi, je vis deux pupilles de la même couleur me fixaient avec cruauté. Mon souffle se bloque dans ma poitrine tandis que Bryan se rapproche pour me prendre le bras avec violence et me relever.

-Et bien Mademoiselle Fonte, je suis surpris de vous voir vous battre, s'exclame Tristan.

A cet instant précis, je compris le piège dans lequel je venais de tomber. Je compris à quel point la vie ne tenait que par un fil  que seul nos propres choix peut briser. En l'occurrence, le mien, celui d'aider Raphaël, allait me tuer.  

Le médecin de cette dame _ RE-ECRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant