Chapitre 3 - Judith

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🎶Hard to love, BlackPink🎶

Je devais juste soutenir Naya dans sa démarche de devenir cheerleader. Je suis d'ailleurs étonnée qu'elle se soit aussi bien débrouillée. Blanche m'a très brièvement confié que Naya souhaitait enfin aller de l'avant et qu'un sport pourrait l'aider. Je suis de nature pessimiste donc j'ai préféré me taire.

Daisy ne m'a pas vraiment laissé le choix pour me traîner dans un café près du lycée. Quelques élèves nous épient ce qui me dérange affreusement. Mon corps raide comme un piquet m'est nécessaire dans ce genre de situations. Les gens pensent que je ne tiens pas d'importance à leur regard moqueur.

—   Comme t'es pauvre, c'est moi qui régale.

Ce sont les premiers mots qu'elle m'adresse quand nous faisons la queue.

—   Je peux me payer un café.

Il me reste un billet de dix euros. J'avais prévu de le dépenser dans des nécessités mais ma fierté prend le dessus sur la raison. Daisy est la première personne à oser me prendre de haut ici. Qu'elle soit la reine du lycée m'importe peu. Je ne me laisserai pas faire par une gamine en manque d'attention.

—   Tu devrais plutôt mettre ton argent dans un nouveau sac.

Dit-elle avec son Michael Kors au bras.

Mon oncle n'est pas pauvre mais nos relations sont trop compliquées pour qu'il me donne de l'argent de poche. Il n'attend qu'une chose, ma majorité pour me virer. Une bouche en moins à nourrir, des cadeaux en plus à s'offrir.

—   Hilarant, réponds-je en reportant mon attention sur le serveur. Un cappuccino en grand, s'il vous plaît.

Constatant que j'ai pris la boisson la plus chère, la peste à mes côtés glousse taquinement.

—   Chérie, mon compte bancaire est plus élevé que celui de tes parents réunis. Ton café à six euros se perdra entre mes Chanel et Dior.

De quels parents parlent-elles ?

Je la laisse payer nos cafés et répondre aux sourires du serveur en montant les escaliers qui me mènent jusqu'à une table collée aux grandes fenêtres des constructions typiquement anciennes. L'architecture crée une atmosphère apaisante, notamment avec la vue qui donne sur les toits de Notre Dame. La pluie n'enlève rien au charme, bien au contraire.

Dès que Daisy revient, je reporte mon attention sur elle et sa confiance éblouissante. Je me demande pourquoi est-ce qu'elle se comporte différemment avec moi.

—   Naya est prise dans l'équipe. Sans surprise, ajoute-t-elle. C'est la moins pire.

J'attends qu'elle poursuivre en buvant une gorgée. Le meilleur moyen qu'une manipulatrice se confie, c'est de garder silence en fondant ses iris aux siens.

—   Elle était contente d'être soutenue par sa copine et par toi, son amie, je suppose, dit-elle, quelque peu sceptique. Néanmoins... elle n'avait pas l'air très confiante à cause des groupes qui ont déjà commencé à se former.

Afin de l'aider à creuser davantage, je me permets de répondre d'une voix naturelle :

—   En tant que leader, c'est ton rôle de créer une cohésion au sein de l'équipe, surtout dans un sport collectif.

Toujours flatter l'égo d'une personne qui ne voit pas la valeur des autres autours d'elle.

Qui ne voit pas ma valeur.

Mon intelligence

—   Avec le temps, j'ai compris que Naya n'était pas du genre à accorder facilement sa confiance. Elle passe son temps avec Blanche qui est la personne la moins sportive que je connaisse. Mais récemment, vous vous êtes rapprochées toutes les deux. De ce que j'ai vu, en tout cas.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant