Chapitre 12 - Judith

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🎶You should see me in a crown 🎶

J'ai passé mon week-end sous ma couette pour le plus grand bonheur de mon oncle. Mon début de semaine a été similaire, sauf que Daisy passait ses soirées avec moi. Malgré ma rancune envers elle, je n'ai pas eu le courage de l'envoyer balader. Avant, je ne comprenais pas ce sentiment de trahison que certains évoquaient. Maintenant, si.

Elle a été la seule à passer autant de temps avec moi. Naya et Blanche sont venues pour me remonter le moral avec des chocolats mais je n'aime pas le chocolat. Carla a toqué à la porte hier, mais je n'ai pas répondu. Elle non plus, je ne l'aime pas. Puis, Antonio a passé ses midis avec moi. C'était sympa.

Bien que je tousse encore un peu, je me sens d'attaque à reprendre les cours avec mon vieux jean et mes baskets en tissu qui ne se sont toujours pas remises de la pluie.

— Judith, tu es revenue d'entre les morts, plaisante Antonio.

Quelques mètres après, je me retrouve avec lui, entourée de ses potes qui me saluent. Adam n'est plus aussi bizarre qu'avant.

— Pourtant, t'es toujours aussi pâle qu'un cadavre.

Ça, par exemple, c'est un compliment chez Adam. Mon copain s'apprête à le reprendre mais il se retient en me voyant sourire un peu. Tout le monde me regarde en clignant des yeux, comme s'ils avaient halluciné. Il n'y qu'Adam qui partage mon sourire et Daisy qui me lance un clin d'œil, fière.

— On mange à deux ce midi ? demandé-je à l'intention d'Antonio.

Comme s'il hésitait à répondre, il bondit presque du cercle que nous formons lorsque la sonnerie nous casse les tympans. Je l'observe s'éloigner sans comprendre son comportement. Daisy abandonne Thomas pour croiser son bras avec le mien.

— Laisse-tomber, les mecs sont bêtes, soupire-t-elle.

Un bouchon se crée dans un escalier à cause d'une fille en béquille, apparemment.

— L'ascenseur ce n'est pas fait pour les chiens, rouspète Daisy.

En restant bloquée et collée aux personnes proches de nous, nous entendons leur discussion. Je n'y prête pas attention, contrairement à l'esprit féministe de Daisy qui se rebelle.

— Dès qu'une fille envoie un nude à un garçon, c'est de sa faute s'il le montre à tout le monde. Quelle mentalité pourrie. Vous êtes bien des mecs, vous.

En manque d'arguments, ils la regardent avec des yeux ronds tandis qu'elle leur balance ses longs cheveux à la gueule en leur tournant le dos. Elle ne me fait aucune remarque mais je sens bien qu'elle est agacée que je n'ai pas réagi.

Nous finissons par nous séparer pour nous rendre à nos cours respectifs. Dans les couloirs, je tombe sur Conti qui n'a pas l'air d'être tombé malade. Il écoute attentivement ce qu'une élève lui dit et lui répond avec tout autant d'attention. Elle acquiesce en écrivant ses mots sur une feuille contre le mur. Une montée d'adrénaline enflamme chaque paroi de mon corps. Pourquoi incite-t-il ses élèves à progresser sauf moi ?

— Judith, je savais pas que tu revenais aujourd'hui.

Naya me prend par la main pour m'amener à elle. N'osant plus regarder vers Conti, je prie pour qu'il n'ait pas remarqué ma présence. Il devinerait aisément mes pensées. Et il serait bien trop fier. Hors de question de lui assouvir un tel plaisir.

A côté de la porte, nous attendons que notre prof de science physique arrive.

— Est-ce que tu as terminé la dissertation de philo ?

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant