Chapitre 10 - Judith

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🎶It's Nice To Have A Friend, Taylor Swift🎶

Ce matin, je tousse tellement fort qu'Iris s'inquiète au point de me demander si j'ai besoin qu'elle aille m'acheter des médicaments. Depuis l'histoire du billet, on ne s'adresse plus la parole. Dès que l'on termine notre petit déjeuner, elle appelle l'une de ses copines de classe qui la guide jusqu'à son prochain cours.

— Je vais appeler Daisy.

Elle paraît déçue, mais je me réconforte en me disant que si elle l'était vraiment, elle resterait à mes côtés. Or, elle envoie un message à sa copine qui vient la chercher dans les minutes qui suivent.

En pensant à mon enfance, tout ce qui me vient à l'esprit, c'est mon père, des objets qui tombent et qui se cassent, des cris, beaucoup de cris et finalement, grand-mère. Iris n'est nulle part dans le décor, sûrement parce que nos paternels ne se sont jamais entendus malgré les liens du sang. Les liens du sang ne veulent rien dire, de toute façon.

— A cause de toi je vais être en retard ! rouspète la brune quand je lui ouvre la porte.

Mon état ne la rend pas plus douce à mon égard. Pourtant, je suis encore plus pâle que d'habitude. Il n'y a que mon nez qui est rouge à force de me moucher. Ma gorge est en feu à cause de mes toussotements.

— Qu'est-ce que tu fais dans cette tenue, Judith ? Tu dois te couvrir !

Elle pose lourdement le sac dans lequel il y a les médicaments sur mon lit avant d'ouvrir la penderie. Perplexe, elle prend un moment pour comprendre que ce le pyjama que je porte est le seul que j'ai en ma possession.

— Tu n'as qu'un débardeur et un short ?

— J'ai laissé le reste chez mon oncle. Je ne pensais pas tomber malade entre temps.

Elle me prie de s'éloigner d'elle quand je me remets à tousser.

— Comment est-ce que tu as fait pour tomber malade alors qu'hier, tu allais bien ?

Elle ne m'a pas vu après le moment sur le toit. C'est la dernière fois que j'y mets les pieds, surtout par rapport à Conti. S'il met les pieds là-bas, je trouverai un autre refuge. Le lycée est assez grand pour nous deux.

— A cause de la pluie.

Exaspérée, elle roule des yeux.

— Quand il pleut, on se couvre ou au moins, on ne sort pas !

Ma réponse est de tousser, ce qui l'énerve davantage.

— Prends les vêtements de ta cousine. Ce serait bien que cette rouquine serve à quelque chose pour une fois.

J'ignore l'origine de son ressentiment envers elle mais je n'ai pas suffisamment de force pour entrer sur ce terrain-là.

Daisy sort deux pulls et un jogging qui traînent mais quand je refuse de les mettre, elle me force en passant en premier la tête du pull malgré mes gesticulations.

— Arrête ! On se fait la gueule, elle et moi !

— J'en ai rien à foutre, geint-elle. Tu me remercieras plus tard, Judith.

Une fois le premier pull enfilé, elle superpose l'autre pendant que je la repousse brusquement. Son regard est sombre, je pense que le mien ne doit pas être plus clair.

— Je sais m'habiller.

— Eh bien fais-le, incapable.

J'enfile même le jogging en lui faisant la gueule. C'est la chose la plus humaine que j'ai pu faire jusqu'à présent, alors malgré mon agacement, je sens une pointe de légèreté au centre de mon cœur.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant