Chapitre 7 - Judith

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🎶Born To Die, Lana Del Rey🎶

—   Encore désolée pour tout à l'heure.

Ce sont les premiers mots que mon pseudo-copain m'accordent quand je le rejoins dans la cour.

—   On a eu un déjeuner gratuit, tu devrais pas t'excuser pour ça.

Tous les deux assis sur un banc, il se permet de caresser mon épaule. En y réfléchissant, je m'aperçois que son geste ne me dérange pas. C'est juste que je ne ressens rien d'autre que son toucher. Est-ce normal ? Daisy a l'air comblé dans les bras de Thomas.

—   C'est quand même bizarre qu'un prof nous paye de la bouffe. Tu crois qu'on devrait en parler ?

Conti est un homme mystérieux et peu aimable. J'aimerais l'enfoncer, mais je préfère laisser Antonio en dehors de ça.

—   Je pense qu'on devrait garder ça pour nous comme remerciement. Il a voulu nous aider, après tout.

Il finit par hocher la tête en continuant ses caresses maladroites. Il y a d'autres couples dans la cour. Ils se câlinent, s'embrassent et rient. De la bave se mélange lorsque leurs langues s'entremêlent. Ça a l'air répugnant. Il faut que j'essaie.

Je m'apprête à lui demander s'il peut m'embrasser visqueusement quand son téléphone nous interrompt. D'un soupir, il décroche en roulant des yeux. J'entends une femme au téléphone. C'est sa mère.

—   Ouais, j'arrive. Biz.

Ses yeux se posent sur moi avec désolation. Ce ne sera pas pour aujourd'hui, mon premier bisou.

—   Je dois être chez moi dans vingt minutes. Mes parents organisent un dîner avec des associés.

—   Ça a l'air ennuyeux.

J'adorerais y être.

—   Ouais, soupire-t-il. Heureusement qu'il y aura Adam et Thomas.

Il s'approche pour m'embrasser sur la joue en me souhaitant une bonne soirée. Il n'est même pas dix-neuf heures. Je ne veux pas retrouver Iris dans notre chambre. J'ai trop peur d'apprendre qu'elle a tout raconté à son père. Ce serait la fin pour moi.

Judith Alfred, morte trop tôt et trop jeune.

Après ce que m'a dit Antonio, je suis étonnée de voir Adam marcher vers moi. Le peu de personnes présente à cette heure-ci concentrent toute leur attention sur sa prestance. Puis, elles se demandent toutes pourquoi est-ce qu'il s'intéresserait à une fille qui s'habille comme une merde.

Bientôt, j'aurais assez d'argent pour me vêtir dignement. Bientôt.

—   C'est le grand amour entre toi et Antonio.

Lorsqu'il s'assied, il étend ses bras sur le dossier du banc. J'envie sa confiance et son élégance. Moi, je ne sais qu'être droite comme un piquet.

—   Apparemment, réponds-je en fixant les feuilles tomber des arbres.

L'automne, la saison de la mélancolie. Les feuilles mortes recouvrent le sol. Les arbres sont nus. La nature a une odeur pesante. L'atmosphère est lourde malgré les températures de plus en plus basses.

—   Ta cousine avait l'air remonté contre toi tout à l'heure. Je suis curieux de savoir ce que tu as fait.

Évidemment, cette idiote n'est pas assez maligne pour garder ses émotions pour elle.

—   Si tu tiens tant que ça à le savoir, tu n'as qu'à lui demander.

Il approche son visage du mien A travers ses yeux d'un brun intense, le soleil qui se couche se diffuse. Ce n'est que maintenant que j'aperçois quelques tâches de rousseurs sur son nez et ses pommettes. Elles sont claires et épurées. Comme s'il n'était pas assez charmant comme ça.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant