Chapitre 18 - Judith

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🎶Washing Off The Blood, Labrinth🎶

Iris est encore en train de dormir quand je quitte ma chambre vers sept heures. Théo ayant l'habitude de se réveiller très tôt, il est déjà devant la télévision avec son petit déjeuner sur la table basse. Étonné de me voir si matinale, il m'examine avant de m'offrir un sourire rayonnant malgré son visage bouffi.

— Judith, tu es déjà debout.

Arianne ajoute des couverts en me proposant de manger des œufs brouillés.

— Ton oncle a oublié d'acheter du pain hier, soupire-t-elle, contrariée.

Je lui assure que des œufs, c'est parfait en m'installant à table. Une fois que le petit déjeuner est prêt, elle ne cesse de faire des allers retours entre son assiette et moi. Elle meurt d'envie de me demander ma source de motivation à être levée si tôt.

— Au lycée, je me suis inscrite au club de cheerleading. Pour être plus performante, j'avais envie de courir tous les dimanches matin, expliqué-je.

— Je ne savais pas que tu étais cheerleader, c'est super. Félicitations, Judith !

Mon silence ne semble pas la décourager à faire la discussion avec moi. Quand son mari n'est pas dans les parages, elle est plus ouverte.

— Peut-être que si tu demandes à ton oncle de te prendre un abonnement à la salle, il acceptera. Ça t'évitera d'attraper froid en courant.

Pour balbutier une connerie pareille, je suis sûre qu'elle n'a pas accès aux comptes bancaires de Michael.

— Je me couvrirai bien.

Elle semble se contenter de ma réponse avant de poser lourdement sa tasse de café contre la table en bois.

— Judith, je sais que ta relation avec Michael est conflictuelle mais il est la seule famille qu'il te reste.

Depuis que je suis ici, nous n'avons jamais autant parler à cœur ouvert. Déroutée, je ne sais pas quel comportement adopter. Être honnête ? Hypocrite ? Avant tout : est-ce que je peux lui faire confiance ?

— Techniquement, mon père n'est pas mort.

Il l'est juste dans mon cœur.

— Techniquement, répond-elle en posant sa main sur la mienne.

Son approche maladroite me donne l'envie brutale de prendre mes jambes à mon cou et de ne jamais revenir.

— Michael ne remplacera jamais mon père, l'avertis-je. Pas que mon père ait été aimant un jour mais au moins, il ne m'a pas abandonné quand il en a eu l'occasion.

Je suis pitoyable à être reconnaissante de si peu, mais c'est tout ce qu'il m'a toujours offert. Il ne m'a jamais montré que je valais plus que son canapé moisi d'alcool et de cannabis.

— Personne ne peut remplacer un parent, Judith, sourit-elle tristement. J'aimerais juste que les choses aillent mieux entre vous. Ça égaiera la maison.

Maison que je vais bientôt devoir quitter.

— Il faudrait déjà que je sache pourquoi il me déteste autant.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant