🎶Jealousy, Jealousy, Olivia Rodrigo🎶
Depuis que je donne des cours particuliers à Judith, je suis d'autant plus motivé à venir dans ce bahut de petits riches privilégiés. L'atmosphère est pesante avec ces regards biaisés de préjugés lorsque vous n'êtes pas à leur goût. Heureusement pour moi, mes costumes Hugo Boss les font taire. Ma belle gueule aussi. Ce n'est pas le cas de Caroline qui serre les dents.
— Quelle bande de morveux.
Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire en coin qui le fait sortir de ses gonds.
— Tu as de la chance qu'on soit en public. Je t'aurais fait bouffer le sol, sinon.
Ma mine enjouée s'intensifie avant que je ne tombe sur deux pupilles grises ancrées à celles quelconque d'Antonio. Il parle. Elle répond. Il rigole. Elle n'a aucune réaction.
Robot Judith est appelée à la barre.
Comme ma collègue suit mon regard, je me sens obligé de nourrir la conversation autour de cette gamine.
— Le proviseur m'a demandé de lui donner des cours particuliers pour que ses résultats augmentent. Il y a du boulot mais elle est motivée. Merci pour tes renseignements de la fois dernière.
Elle tourne la tête par-dessus son épaule pour me sourire gaiement.
— Est-ce que tu lui as demandé si tout allait bien chez elle ?
Caroline et sa curiosité... J'ai pris la sage habitude de lui donner quelques miettes lorsque je l'interroge sur certaines personnes. Qu'est-ce qui ne m'empêche pas de le faire avec cette blondine ? Tout. Nécessairement.
— Je n'oserai pas ! Surtout maintenant qu'elle m'a vraiment l'air motivé et moins seule, ajouté-je en l'incitant vers Antonio.
Elle fait la moue, déçue de ne pas être au courant du dernier potin, mais passe à autre chose en entrant dans sa salle et moi, dans la mienne.
— Ça n'a pas sonné mais vous pouvez vous installer si vous le souhaitez, dit-elle, la porte en face de la mienne.
Quelques élèves de la classe de Judith s'installent pendant qu'elle reste auprès d'Antonio.
Dans les couloirs, j'ai toujours droit à quelques regards rancuneux ou simplement, éteints. Pas aujourd'hui. Je ris dans ma tête en repensant à notre cours particulier de ce matin. Elle n'a visiblement pas apprécié mes méthodes pourtant très pédagogiques.
Quelques élèves me supplient silencieusement d'imiter Caroline. Les pauvres, ils ne supportent pas d'être débout.
— Même pas en rêve.
La porte claque lourdement derrière moi.
A l'abri des regards, sauf de mon frère qui me surveille, j'ouvre la fenêtre pour sortir une cigarette. Je lance négligemment un doigt d'honneur à la caméra. Malgré mes vingt-deux ans, je reste un vrai gamin.
Alexandre et moi avons été proche, fût un temps. Je suis nostalgique de cette époque où je n'étais pas ce que l'on m'a forcé à devenir. Le visage d'Alexandre me remémore chaque coup, chaque cassure, chaque larme. Il a déjà essayé de se rapprocher de moi, puis il a arrêté. Ça m'a fait mal, qu'il sous-entende que je ne valais pas la peine de dépenser tant d'énergie.
— Et comme d'habitude, tu continues de penser à moi.
Encore elle.
Je tire plus fort sur ma taffe qui n'arrange définitivement rien à mon état. Il va falloir passer à quelque chose de plus sévère. La sonnerie m'en empêche. Frustré, je lance des regards sombres aux élèves qui s'affalent contre leur table comme des animaux.
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NE ME DIS JAMAIS #2
RomanceTous les profs portent le même discours : Judith est une élève studieuse et solitaire ; d'apparence calme, bien qu'un peu trop robotique. Tout le contraire de Monsieur Conti, un prof accro à la nicotine comme aux bonnes manières, qui lui assène des...