Chapitre 14 - Harry

2.8K 131 42
                                    

🎶Young&Dumb, Cigarettes After Sex 🎶

L'ambiance à Notre Dame est particulière. Je la décrirai d'assourdissante avec ces messes basses et les téléphones qui circulent dans les couloirs.

—   Rangez-moi ces téléphones et allez en cours, interpellé-je un groupe.

Ces ingrats roulent des yeux en se dissipant, mécontents.

En jetant un coup d'œil à mon téléphone, je me rends compte que Mona ne m'a pas envoyé de message depuis la fois dernière. Avant, je soufflais en recevant ses messages. Maintenant, un vide s'étend progressivement en moi.

—   Bonjour, Conti ! Comment tu vas ?

J'ai toujours eu du succès auprès des deux genres et tout ce qu'il y a entre eux, ce lycée ne fait pas exception à la règle. Cette prof essaie de se glisser dans mon quotidien comme beaucoup depuis la rentrée de septembre. N'aimant pas sociabiliser, je me contente des politesses que mon frère m'a répété une centaine de fois avant que je ne signe mon contrat. D'ailleurs, j'ai été étonné qu'il n'y ait pas de close « Personne ne doit savoir que tu es mon frangin. »

—   Bonjour...

—   Amandine ! La prof d'anglais. On a des élèves en commun.

Et ce sera la seule chose que nous partagerons.

Je coupe court à la conversation pour chercher Naya. Hier, j'ai reçu un mail d'Iris qui s'excusait d'avance pour son absence d'aujourd'hui. Je dois donc la retrouver pour savoir ce qu'il en est. J'ai vu qu'elle avait une heure de pause en ce moment et la connaissant, elle a dû s'isoler dans la forêt. A contre cœur, je m'y rends en priant pour ne pas tomber sur des adolescents en chaleur.

—   Vous m'avez fait peur !

Naya est adossée contre un tronc d'arbre, les bras croisés contre sa poitrine. Le fait que ses jointures soient aussi blanches montrent qu'elle se serre trop fort. Je devine des tremblements.

La première fois que j'ai vu cette fille en dehors des cours, c'était ici. Elle buvait et je fumais. Comme moi, elle est accro. Sauf que contrairement à moi, elle a trouvé la force de se battre pour résister à la tentation. Ceci explique ses tremblements. Elle est en manque. Par respect, je me retiens d'allumer un joint.

—   Comment allez-vous ?

Sachant à quoi je fais référence, elle baisse la tête en haussant les épaules.

—   C'est un Morel, il n'aura pas grand-chose comme sanction.

—   Je vous demandais comment est-ce que vous, vous alliez ? Mentalement, précisé-je.

Quand elle relève la tête, je croise un regard perdu et mouvementé.

—   J'ai l'impression de l'avoir cherché, avoue-t-elle, les larmes aux yeux. Je sais que je ne le mérite pas mais c'est comme s'il m'avait rendu la monnaie de ma pièce.

N'ayant pas de paquet de mouchoirs, je lui tends un mouchoir en soie propre. Elle esquisse un rictus en essuyant ses yeux avec soin. Son maquillage est trop travaillé pour le ruiner.

—   Je n'ai pas supporté qu'il s'en prenne à Iris, alors je l'ai piqué là où ça ferait mal et il m'a... Il m'a juste poussé mais j'ai atterri sur une marche d'escaliers. J'aurais pu tomber, il le sait mais ça ne l'a pas empêché de rester énervé.

—   Vous aviez eu peur et vous aviez raison.

Elle hoche la tête à plusieurs reprises en reniflant.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant