Chapitre 16 - Judith

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🎶Consume, Chase Atlantic🎶

Iris, Naya et moi sortons du bureau du proviseur dans un silence pesant. Dans les couloirs, tout le monde nous dévisage sur notre passage. Entre nous deux, Naya passe ses bras autour des nôtres.

— Envoyons-les se faire foutre, les filles.

Elle tient parole en relevant ses deux majeurs d'un sourire ravageur.

— C'est pas de notre faute s'il a été viré trois jours, dit-elle à voix basse. Leurs regards n'ont pas à nous faire culpabiliser.

Je joue le jeu en relevant mon doigt également. Iris suit le mouvement en inspirant grandement. Les deux ne sont pas vraiment réconciliées mais seront toujours liées par leur enfance.

En marchant avec arrogance, nous tombons sur Daisy qui nous balance un clin d'œil fier. Après m'avoir réconforté, une surveillante nous a interrompu pour me convoquer chez le proviseur qui nous a expliqué qu'il avait fait son maximum. Trois jours d'exclusion pour un acte aussi violent, c'est le minimum. Pourtant, en vue de ses nombreux privilèges, je n'en espérais pas autant.

En apercevant Blanche, Naya nous délaisse pour la rejoindre. De loin, j'aperçois sa copine la réprimander un peu avant de la prendre dans ses bras et l'embrasser. En lisant sur ses lèvres, je comprends qu'elle lui dit « T'es vraiment chiante. » Iris reste à mes côtés quand je rejoins Daisy et les autres.

— Je suis fière de toi.

Je me contente de hausser les épaules en constatant que Thomas a les doigts entrelacés à ceux de Daisy. Ils se sont réconciliés. Antonio attire mon attention en tapotant maladroitement mon épaule. Son regard loin d'être confiant me demande de le suivre. Daisy me dirait de plus le faire ramer mais je ne suis pas elle et il faut qu'elle l'accepte.

— Fais attention à Iris, lui dis-je.

Elle roule des yeux pendant que le brun m'emmène devant le lycée pour fumer une cigarette.

— Je fume que quand je suis stressé, se justifie-t-il.

Bien qu'il ne pleuve plus, l'odeur des arbres sent encore la pluie. L'atmosphère est lourde. Je sens déjà mes cheveux gonfler.

— Je suis désolé de t'avoir abandonné quand tu avais le plus besoin de moi.

Sa voix sincère n'atteint que mes tympans. Mon cœur reste de marbre : vide et seul. Ce mec ne me fait ni chaud ni froid et pourtant, je m'apprête à renouer avec lui pour échapper à l'ennui.

— J'aimerais que tu me donnes une seconde chance, Judith.

Sa main glisse contre la mienne pour caresser ma paume. En suivant son mouvement, je me demande ce que ressent sa main chaude contre une peau si froide.

— Je m'en fous que tu ris avec Adam ou quelqu'un d'autre. Ta présence me manque trop.

Il a beau être en face de moi, ce n'est pas sur lui que je tombe en relevant la tête. Conti nous observe quelques mètres plus loin. Je n'ose pas demander ce qu'il fume. En tout cas, il prend son pied. Au-dessus de l'épaule d'Antonio et à travers les feuilles orange qui tombent des arbres, nous nous observons mutuellement.

Le ressentiment que j'éprouve à son égard est tel que mon cœur se comprime de rage au même titre que ma peau qui crépite sous mes vêtements. Jamais quelqu'un ne m'avait fait ressentir de telles émotions. Quand il pose les yeux sur moi, je me sens en vie. Quand il m'adresse la parole, je me sens renaître. Et j'ai beau haïr chaque méchanceté qu'il articule, il est le seul qui me sort de mes pensées obsessionnelles.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant