Chapitre 15 - Judith

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🎶...Ready for it ?, Taylor Swift🎶

Découvrir Conti ici est plus choquant que le choc en lui-même des glaçons contre mon crâne. Que fait-il ici ? A-t-il des amis aisés ici ? D'autant plus qu'il est au dernier étage, celui des riches suprêmes.

—   Je comprends mieux l'origine de vos faux papiers, dit-il en approchant son buste du vide.

Je l'assassine des yeux, effrayée que la manager entende tout bien que les pièces soient très bien isolées.

—   Même sur mon lieu de travail, vous m'embêtez. Laissez-moi tranquille !

—   Eh bien, figurez-vous que je suis sur mon lieu d'habitation.

Je roule des yeux, n'en croyant pas un mot. Je veux bien croire qu'il bidouille un peu pour arrondir ses fins de moi, mais de là à vivre ici, c'est du pur mensonge.

—   Laissez-moi travailler en paix, soupiré-je en me remettant à ma tâche.

J'ai beau frotté et frotté, j'en ai pour quatre heures à cause des aliments délaissés qui collent. Conti n'arrange rien en me jetant d'autres glaçons. Ils sont petits mais additionnés, en plus de faire mal, ça me donne des frissons jusqu'au crâne. Et dire que je commençais seulement à me rétablir...

—   Ce que je suis maladroit aujourd'hui !

Furieuse, je lui balance mon doigt d'honneur. Au lieu de se vexer, il éclate de rire. Je me sens soudain ridicule, presque humiliée de mon comportement.

—   Vous n'êtes vraiment pas l'élève modèle que vous vous efforcez d'être, Mademoiselle Alfred.

Jetant mon chiffon, je m'appuie contre la barrière du balcon. Étant en fer, elle me donne mal au dos mais c'est la seule façon de ne pas me tordre le cou en soutenant son regard amusé.

—   Ici, je ne suis pas une élève mais une future employée.

Et si je continue à papoter avec lui, je serai la prochaine candidate éjectée.

—   Je faisais plutôt référence à votre copie. Les bons élèves ne trichent pas.

Mon estomac se contracte en me demandant quelle sentence je vais subir. Comme s'il lisait dans mes pensées, il conclue :

—   Débrouillez-vous pour être prise et on en discutera mercredi soir.

La manager et moi avons passé en revue mon dossier avec ma fausse université, ma fausse carte d'identité et ma fausse carte étudiante, mais nous n'avons pas encore parlé du contrat. Je sais d'ores et déjà que je travaillerai le soir. Or, le mercredi nous avons cours de dix-huit à vingt heures. Conti est déjà parti pour que je lui en parle. J'en profite pour mettre ces pensées de côté et me concentrer davantage.

Lorsque la manager revient, toujours dans son tailleur jupe, elle inspecte les lieux sans me proposer de m'asseoir ou de boire un verre d'eau alors que je suis littéralement essoufflée. Être femme de ménage est un sport à part entière.

Heureusement, quand elle se tourne vers moi, elle a le visage plus détendu.

—   Il est temps de signer ton contrat.

Lorsque mon stylo signe la dernière case, je me sens soulagée. Dans un mois, je recevrai ma première paye. Je n'aurais plus à m'inquiéter de ce qui devrait être des futilités pour une adolescente.

—   A demain soir, Judith.

Il est convenu que je travaille tous les jours de la semaine sauf le lundi pour nettoyer l'un des restaurants avant le service du soir, puis les cuisines lorsque le service est terminé. Et enfin, le dimanche matin pour nettoyer les chambres. Je vais être épuisée mais au moins, je serai assez couverte pour l'hiver qui approche à grands pas.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant