🎶Unfair, The Neighbourhood🎶
Prendre sa main sans pouvoir la faire tourner encore et encore me tue. Deux fois que j'essaie et deux fois qu'elle ne se souvient de rien.
Je pensais qu'en posant les mains sur son journal, je le lirai en moins d'une matinée mais plus le temps passe et plus je redoute ma lecture. Il n'y a que nos entrevues qui me poussent à me nourrir d'informations à son sujet. Or, je veux me nourrir d'elle. Exclusivement d'elle.
Pendant qu'elle m'écoutait conter les paupières closes, je revivais notre histoire les yeux grands ouverts. Je sentais à nouveau les odeurs. Je voyais à nouveau son sourire mesquin. Je connais toutes les facettes de Judith, sauf celle qu'elle s'efforce d'être depuis ses débuts à Notre Dame.
— Barrez-vous !
Mes élèves se jettent presque en dehors de la salle, contrairement à Antonio qui a un mouvement de recul. J'ai prononcé ces mots en le regardant droit dans les yeux. Il n'y a que lui qui l'a remarqué. Il doit certainement se dire qu'il a rêvé. Je suis tombé bien bas pour jalouser un élève.
Je chasse ces pensées ridicules en claquant des doigts vers mes autres élèves qui n'entrent pas.
— C'est l'heure !
Ma seconde classe de l'après-midi entre en discutant. Judith s'apprête à rejoindre le mouvement quand cet imbécile d'Antonio la retient par le bras.
— D'ailleurs, tu peux inviter tes copains de classe à ma soirée, si tu veux.
Il ne sait donc pas qu'elle n'a pas d'amie, hormis Daisy ?
— Tu n'as pas oublié pour samedi ?
— Non, répond-elle en enlevant sa main. Il faut que j'aille en classe, on en reparle plus tard.
Elle garde son visage fermé et sa démarche robotique en entrant en classe. A cause de son comportement, personne ne me croirait si je disais où est-ce que nous nous sommes connus.
Je suis un vrai gamin pour être jaloux qu'elle passe son samedi soir avec lui mais je ne peux pas m'empêcher de me venger à ma façon. C'est-à-dire, d'être immature.
— Les retardataires, c'est le moment de me rendre vos copies !
Judith est la seule à se lever. Elle quitte sa chaise brutalement, s'attendant à ce qu'il y ait d'autres personnes à cause de moi. Se rendant compte de mon stratagème, elle avance vers mon bureau et seulement lorsque je suis le seul à la voir, elle me lance un regard acerbe qui me rend vulnérable.
— A cause de votre retard, vous avez déjà cinq points en moins, Mademoiselle.
Mon annonce crée un froid dans la salle. La plupart des élèves ont les yeux rivés vers elle ce qui n'a pas l'air de lui plaire.
Je commence ensuite mon cours avec une série de questions. La plupart sont à côté de la plaque mais heureusement, quelques-uns suivent assez pour intégrer des remarques pertinentes. Judith ne fait pas partie de ces élèves. Au fond de la classe, elle a les yeux rivés sur une feuille vierge. Le cours a débuté il y a plus de vingt minutes. Les plus sérieux ont déjà noirci la moitié de leur feuille.
— Si mon cours ne vous intéresse pas, n'hésitez pas à prendre la porte, Mademoiselle Alfred.
Ce n'est pas parce que nous nous sommes rapprochés dans les cuisines de l'hôtel que je vais arrêter de lui rendre la vie compliquée. User de mon pouvoir reste ma spécialité.
— Toute vérité doit-elle être prouvée ? lit-elle ma question d'introduction à ce nouveau chapitre. Oui, elle doit l'être. Sinon, elle entre dans le domaine de la croyance. Par conséquent, elle n'en n'est pas une.
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NE ME DIS JAMAIS #2
Storie d'amoreTous les profs portent le même discours : Judith est une élève studieuse et solitaire ; d'apparence calme, bien qu'un peu trop robotique. Tout le contraire de Monsieur Conti, un prof accro à la nicotine comme aux bonnes manières, qui lui assène des...