Chapitre 17 - Harry

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🎶Memories, Conan Gray🎶

Le fait qu'Alfred travaille à l'hôtel est plus que jubilatoire. Cette opportunité me permet de me foutre encore plus de sa gueule et de lui rappeler des souvenirs. L'approcher au lycée est compliqué. Je pensais que nos cours particuliers nous permettraient d'échanger mais son caractère n'aide en rien. Si j'étais plus clément, elle serait certainement plus douce avec moi mais je ne suis pas son prince charmant.

Son copain Antonio me met bien des bâtons dans les roues avec ses sourires chaleureux et ses regards attendris. J'ai beau chercher ce qui lui plaît chez cet... individu, je ne trouve rien. Elle ne peut pas être intéressée par ce plouc. La raison de son intérêt pour lui est plus profonde qu'une amourette. Je dois simplement découvrir quoi. Une chose est sûre, ce n'est certainement pas son visage fermé qui m'indiquera la voie à suivre. Judith entre dans ma salle sans même me saluer, marchant d'un pas raide jusqu'à sa table.

—   Vous préférez retourner dans le fond, finalement ?

Sa réponse est de sortir une feuille et un stylo. Le strict minimum.

—   Bien, soupiré-je.

Je quitte mon confortable bureau pour m'asseoir sur la table en face de la sienne. Elle retient un soupir agacé en baissant la tête sur sa feuille. Cette soudaine soumission me rend autant nerveux que révolté. Elle ne s'est jamais soumise à moi et c'est justement son envie de me dépasser qui l'a rendu brillante à mes yeux. Je ne veux pas qu'elle perdre sa niac, encore moins par ma faute.

—   Relevez la tête.

Ne pouvant résister, j'admire son beau visage aussi doux qu'un lac gelé. Ses joues creuses sont autant prononcées que sa mâchoire anguleuse qui me donne l'envie brusque d'attraper son menton.

—   Vous êtes une énigme, Alfred.

Ses grands yeux me regardent comme s'ils me découvraient pour la première fois à travers ses lunettes rondes.

—   Si vous terminez mon carnet, je ne le serai plus pour longtemps.

Elle n'est pas dupe, malgré mes mensonges, elle sait pertinemment que je le possède et que je ne suis pas près de lui rendre. Lire des pages et des pages sur sa grand-mère et son enfance pourrie ne m'enchante. Néanmoins, je dois passer par là pour savoir si elle se souvient. Pour le moment, non. Certes, ce n'est pas sa faute mais je ne peux pas m'empêcher de le lui faire payer par mon comportement immature.

—   Ce carnet, est-ce qu'il vous apportait du bonheur ?

Elle détourne les yeux pour les poser sur les fenêtres à l'autre bout de la salle. La pluie dégouline rudement contre les vitres. Et dire que je voulais fumer après.

—   Il me rassurait.

Elle m'étonne à répondre honnêtement. Et je l'étonne tout autant à hocher gravement la tête.

—   Ce carnet était une sorte de religion pour vous. Vous le lisiez comme La Bible, en sachant déjà que ce qui était écrit à l'intérieur vous rassurait.

Ses mains contre la table se cachent sur ses cuisses que je ne me permets pas de regarder. Judith est nerveuse.

—   Le bonheur se trouve en nous, Alfred. Ce ne sont pas les autres qui nous rendent heureux, ni le matériel ou encore, l'argent que nous possédons. Cela accentue simplement notre confort de consommateur.

Comme si elle prenait conscience de notre proximité, elle se renfrogne contre son dossier en déglutissant.

—   Les relations que vous entretenez avec les autres sont le reflet de la relation que vous entretenez avec vous-même.

NE ME DIS JAMAIS #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant