35 - La mer

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Parfois je me demande si c'est mieux de la fermer. Je me retrouve souvent à parler de ce qui est normal et anormal en ce qui me concerne devant un potentiel gars que je pourrais aimer et qui pourrait m'aimer. J'aime parler mais est-ce qu'ils étaient prêts à écouter ? Ou, est-ce que c'était le bon moment ? Est-ce que c'était nécessaire ? Je n'avais qu'à la fermer et garder mes bêtises et envies pour moi. Mais j'aime tellement savoir que l'autre m'écoute, si seulement il pouvait mieux écouter. Peut-être c'est moi qui dois apprendre à mieux parler. J'ai juste compris que certains hommes préfèrent savoir que celle qu'ils ramènent dans leurs lits est une femme sensible, belle, innocente qui n'a pas eu trop d'aventures. Je me vois bien mentir à la prochaine personne. Genre quoi, il est le premier qui monte sur moi après le seul homme que j'ai connu qui n'est plus malheureusement. De gros mensonges pour qu'il ne joue pas et que s'il avait les intentions néfastes, elles se seraient atténuées à l'instant. J'aurais juste à ne pas trop l'ouvrir et à être gentille, correcte, toujours de bonne humeur mais prudente.

👨🏼‍🦲- C'est qui en statut ? Tu sors sans m'informer ?
👱🏼‍♀️- Chéri désolée, c'était l'anniversaire d'un ami et je lui ai promis d'être présente.
👨🏼‍🦲- Et vous dansez collés de cette façon ? Tu lui offres même un cadeau. Tu as passé la nuit avec lui? Tu es où ?
👱🏼‍♀️- Pequegno c'était la fête et je suis rentrée à 2h du matin. Je suis à la maison. J'aurais très bien pu te bloquer en statut mais j'ai laissé car je n'ai rien à te cacher.
👨🏼‍🦲- À peine je pars au Sénégal, même pas deux semaines, toi tu sors avec quelqu'un d'autre. Je ne veux plus cette façon de danser.
👱🏼‍♀️- Bon! Prochainement je te demanderai la permission. Pardonne moi mon chéri.

Julio avait fait une crise de jalousie et c'était calmé après mon chagrin. Je venais de perdre un ami à la cité. C'est là qu'il a compris que je ne postais pas tout en statut. Surtout un malheur personnel. C'est en lisant les précédentes lignes de ce livre qu'il a su la fameuse vérité. Je l'avais bien trompé ce jour et je regrette rien. Je n'étais pas la seule qu'il voyait au pays et surtout pas à qui il promettait les mêmes choses avec les mêmes paroles. Je pense que si j'avais vraiment senti que j'étais à lui, je n'aurais pas accepté rencontrer quelqu'un d'autre. Je me cherchais.

Je suis même partie à Kribi avec le belge pour la deuxième rencontre et j'avais bloqué Julio cette fois pendant 2 jours jusqu'à mon retour. Quand je pense que je suis allée cette année à Kribi passer un week-end en solo pour me détendre, j'ai revu le même endroit où il m'avait emmenée faire la fête. C'était le Brochette bar de Kribi. J'ai passé 2 heures là-bas avant de rentrée à l'hôtel. J'étais là devant la mer avec mon verre de whisky, à me rappeler de toute la scène. C'était des flashs dans ma tête. Comment je le prenais en photo, comment il me portait sur son épaule pour me traîner jusqu'à l'eau. Et moi qui pleurais parce que j'avais peur de l'eau de mer. Le bon monsieur riait et ça me faisait rire aussi. Je me rappelais de comment il me tenait la main, comment il me parlait, comment il me regardait, comment il dansait à distance en laissant ses deux potes danser avec moi. J'étais comme la propriété des 3 quoi. Personne d'autre ne devait danser avec moi mais je sentais bien les regards sur moi.

Je pense que c'était à cause de ça que Damien avait un peu les nerfs et faisait semblant. Cette plage m'a rappelé à quel point j'ai merdé putain. Pourquoi j'étais autant aveuglée par la haine au point de foutre en l'air les beaux papiers sur lesquels j'aurais pu écrire de magnifiques histoires. Alors j'avais mon verre en main et quelques larmes que je retenais jusqu'à ce que l'eau de la mer touche mes orteils et me libère. Je me suis accroupie et j'ai pleuré silencieusement. Heureusement que la plage n'était pas peuplée pour un samedi soir, j'étais carrément la seule devant la mer et il était 20h je crois. J'ai séché mes larmes et je suis rentrée dimanche matin à Yaoundé. Sur ce coup "Éric " j'avais dormi la carte comme on dit chez nous au Cameroun.

Qui et Comment ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant