Chapitre spécial frustration (pour les masochistes)

9 0 0
                                    

"Et c'est ainsi que le morceau de fromage moisi se révéla la seule arme capable de détruire Zargon le mangeur de bébés phoques orphelins, l'empêchant de provoquer l'effondrement du multivers (et sauvant beaucoup de bébés phoques au passage)" termina le vieux sage.

"Cette histoire fut le plus beau, passionnant et intense récit que j'aie jamais eu l'honneur d'entendre" s'émut Poniais, après un bon quart d'heure de silence ému et révérencieux face à ce saint graal littéraire dont il venait d'être témoin. "Ce serait un crime contre l'humanité de n'en partager que la phrase de conclusion, ce que, bien évidemment, aucune personne ayant la moindre once d'une âme ne ferait. Cependant, à présent que vous avez servi votre rôle de vieux sage qui révèle des trucs sur l'histoire pour qu'elle ait l'air un peu moins bâclée j'aimerais que vous alliez voir ailleurs si j'y suis"

"Mais mon cher ami équestre, vous ne pouvez pas être ailleurs puisque vous êtes ici, devant moi" répondit le sage, perplexe, prouvant par son raisonnement infaillible qu'on ne donne vraiment pas le titre de sage à n'importe qui.

"Allez voir tout de même, dans le doute" insista Poniais. "Je pourrais par exemple me déplacer plus vite que vous et ainsi me retrouver ailleurs lorsque vous y parviendrez"

Face à ce raisonnement d'une logique encore plus infaillible que le sien, l'intéressé admit sa défaite et s'en alla à Vau-L'eau (non pas l'expression mais la bourgade de Vau-L'eau, réputée pour ses déserts arides environnants et son commerce d'imperméables au succès, bien qu'incompréhensible, florissant) pour ne plus jamais reparaître dans l'histoire, à moins qu'un jour l'auteur se retrouve à court de personnages ou simplement d'idées.


Le récit du vieux sage (pas le premier, celui qui est tellement bon qu'il pourrait résoudre tous les problèmes de l'univers par la simple évocation de son titre, et que seul le diable en personne refuserait de partager à l'humanité toute entière) avait duré tant d'heures, chacune plus exquise que la précédente, qu'à peine vingt pas après avoir gracieusement congédié ce brave érudit, ils furent déjà de retour là où ils avaient laissé notre cher ami Jean-Poubelle, plusieurs chapitres en arrière (évidemment, ils ne sont pas retourné plusieurs chapitres en arrière, cette pratique ancestrale étant réservée aux personnages d'auteurs réfléchissant à ce qu'ils écrivent avant de l'écrire, ainsi qu'aux chenilles, ces dernières étant les seuls créatures de l'univers capable d'altérer la réalité à volonté. Fort heureusement elles ne le font presque jamais car c'est très énergivore, extrêmement complexe et qu'elles ont des choses bien plus intéressantes à faire comme ramper et manger des feuilles).

"OH MON DIEU! QUELLE HORREUR! QU'ALLONS-NOUS FAIRE?! ETC...!" s'exclama Billybob, sous l'effet de l'absolue terreur sans nom dont il était soudain pris, en réaction à ce qu'il avait sous les yeux.

De quelle immondice indescriptible, quel crime contre la réalité elle-même pouvait-il bien s'agir pour mettre ce pauvre Bob dans un tel état? Ce serait frustrant de devoir attendre le chapitre suivant pour l'apprendre, vous ne trouvez pas?

Billybob Au Pays Des EmmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant