Hasta la vista, le carrefour. Et qu'on ne te revoie plus.

5 0 0
                                    

Ils comprirent qu'il s'agissait bel et bien de la bonne direction dès qu'ils y eurent posé un seul pied (littéralement. Il s'agissait du pied gauche de Joe que Billybob avait, pour une raison inconnue de tous, y compris de lui-même, décidé de conserver). En effet, à peine cette extrémité délicatement placée sur le début du chemin, l'enfer se déchaîna (figurativement, cette fois). Un éclair annonça la venue de l'orage, suivi d'un second, annonçant la venue d'un second orage venant s'ajouter au premier. Une musique très effrayante commença à jouer quelque part au loin, dieu se suicida, tous les oiseaux tombèrent du ciel et Billybob fut même pris d'un léger mal de tête un peu gênant.

"Bon, ben, je suppose qu'on arrive au point de non-retour, là..." marmonna Poniais, inquiet, angoissé et peu serein (ainsi que stressé et grelottant d'effroi mais je crois que vous aviez saisi) "Nous sommes bien sûrs que nous ne voudrions pas plutôt aller sauver la princesse du royaume des sucreries des griffes (élimées, pour éviter de se faire mal) du méchant voleur de bonbons ou une autre activité au même degré de gravité? Je demande juste, au cas où l'un de vous tiendrait suffisamment à sa vie pour ne pas continuer dans cette direction."

"On peut pas revenir en arrière, faut détruire le Ticket Resto!" s'indigna Billybob, indigné. "Qu'on laisse moisir Mouchie je dis pas mais on a dit qu'on allait détruire ce Ticket au chapitre deux ou je sais plus quand alors il faut qu'on le fasse sinon on passe pour des faibles et tout!"

Son indignation avait été si pleine d'indignation indignée qu'il avait dit tout cela d'une traite, sans reprendre son souffle. Après que Jean-Poubelle ait pratiqué les premiers secours sur lui afin de le forcer à reprendre son souffle, qu'il le veuille ou non, ils décidèrent de poursuivre leur chemin. Si les deux seules options s'offrant à eux étaient une mort certaine face à d'innommables dangers ou devoir transporter le cadavre de ce crétin de Bob la prochaine fois qu'il ferait un arrêt cardiaque parce qu'on ne lui avait pas laissé manger le dernier biscuit arôme biscuit, ils étaient prêts à affronter tous les périls que le destin (ou l'auteur) placerait sur leur voie. Le danger, au moins, ne pèse pas dix fois plus lourd qu'il en a l'air.


Ils s'engagèrent donc sur le chemin menant au domaine du méchant qui pue, laissant derrière eux ce maudit carrefour (enfin! On en aura vu du carrefour avec tout ça) ainsi que le pied de Joe, pour faire joli (à moins que ce soit une sorte de tentative de la part de Billybob de lui rendre hommage, qui sait). 

Après de longues heures de marche, principalement passées à sursauter à chaque crissement de gravier ou autre déchet traînant par-là (après de longues heures de sursauts, donc) Bob fit semblant de s'écrier, dans le but de faire semblant d'avoir peur de ce qu'il faisait semblant de voir: "oh non mince alors un ogre géant mangeur de protagonistes nous barre la route comment allons-nous nous en sortir?"

"De quoi tu parles?", s'impatienta Poniais "C'est un rocher, ça. Il ne nous barre même pas la route en plus, il est sur le bas-côté."

"Ben je sais pas je me dis que les lecteurs ont bien mérité un vrai "cliffhanger" pour changer. A chaque fois qu'on finit un chapitre sur un moment de suspense c'est pour révéler juste après qu'en fait c'était rien." S'expliqua Bob.

"Je dois admettre qu'à titre purement personnel j'ai été tout ce qu'il y a de plus suspensé par ce retournement de situation astucieux, cher ami à l'intelligence alternative" Le rassura Jean-Poubelle.

"Merci Larry"

"Non, cette fois-ci il s'agissait de moi-même: Jean-Poubelle Von Der Vocabulaire Châtié en personne. Enfin, en l'occurrence, en poubelle, ha ha, vous me pardonnerez ce trait d'esprit, je m'adonne à la comédie à mes heures perdues comme vous n'êtes pas sans savoir, d'ailleurs..."

"La ferme Larry"

"Mais j'ai rien fait, moi!"

"Ben si, tu... Larry?!" 

"Coucou"

"Coucou"

"Maintenant que vous avez réglé toute cette histoire" s'interposa Poniais, impatient, mais aussi un peu jaloux d'être le seul exclu de la conversation. "on pourrait reprendre notre route ou il va falloir qu'on s'assoie en cercle pour parler de nos problèmes? Coucou Larry, à propos"

"C'est bon, on peut y aller" affirma Billybob, croyant comme toujours parler pour tout le monde.


Quelque part dans l'ombre, un être mystérieux fût soulagé que personne n'ait dit "bolognaise" parce que ça l'aurait obligé à venir sauver nos héros, bien qu'ils ne soient pas en réel danger. Il s'en alla donc en direction de la conclusion de l'histoire afin de se tenir prêt à intervenir lors de la grande scène finale spectaculaire et périlleuse, lorsqu'on aurait réellement besoin de lui.

Bien, le plan de l'ogre géant mangeur de protagonistes de se déguiser en rocher sur le bas-côté le temps que cet étrange inconnu s'en aille avait porté ses fruits.

Il se plaça donc sur le chemin, de sorte à barrer la route à son futur goûter, ne laissant pour seule échappatoire le retour au carrefour (et personne n'a envie de retourner à ce foutu carrefour. Plutôt mourir), et fit des bruits d'ogre très effrayants de type "je vais vous manger" et "je suis méchant".


Quel retournement de situation!

Billybob Au Pays Des EmmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant