Les aventuriers du mouchoir perdu

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Il ne fallut que trois semaines à l'équipe pour réaliser que Mouchie avait été habilement remplacé par une feuille d'aluminium (c'est bien connu: la soie et le papier alu ont pratiquement la même texture. On les confond donc aisément au toucher). Ainsi, comme une centrale nucléaire désaffectée se situait non loin de la forêt, et que les radiations environnantes étaient donc plus qu'élevées, Billybob aurait certainement fini par devenir collectionneur professionnel de cancers s'il n'avait pas pensé à se faire vacciner quelques mois auparavant. Comme il était immunisé depuis le début, son vaccin s'avéra inutile. Tout comme cette anecdote, en fait.

A présent, pendant que Joe était occupé à compter ses nageoires alors que Larry l'observait, attendant patiemment son tour, oubliant que comme il n'était qu'une blague (littéralement. Au cas où vous ne l'auriez pas encore saisi) il n'avait pas de nageoires, Poniais, Billybob et Jean-Poubelle étaient assis à l'ombre d'un arbre (chose rare dans une forêt, je sais), à débattre sur la meilleure chose à faire pour retrouver le mouchoir. Poniais, exténué, refusa de faire marche arrière quand J-P proposa que si Billybob avait fait tomber son mouchoir sur le chemin, le meilleur moyen de le récupérer serait de revenir sur leurs pas. Comme il avait déjà démarré son explication, Jean-Poubelle continua: "Ecoutez, mon cher ami équidé, il est évident que lorsque nous avons décidé de revenir à notre lieu de départ, nous avons, je ne sais comment, étant donné le choix relativement restreint de directions à prendre (deux, pour les 5 lecteurs au fond qui n'auraient pas suivi ce qui se trouve tout de même être l'intrigue principale des quatre derniers chapitres) réussi à nous tromper de chemin. Rebrousser chemin reste la meilleure chose à faire, à mon humble avis."

"Non, c'est une idée stupide" répliqua Billybob. "Je propose plutôt qu'on revienne sur nos pas parce que Mouchie est tombé et qu'il y a deux côtés du chemin et les autres trucs que t'as dits, là, j'ai pas tout compris."

"Rappelle-moi pourquoi ta présence était nécessaire à cette "réunion", Bob...?" L'interrogea Poniais. Dans sa vie, l'homme cheval n'avait été aussi fatigué qu'une seule fois. C'était un mardi. Il avait vu de gens se faire hypnotiser à la télévision et avait tenté de s'auto-hypnotiser à l'aide d'une des pales de son ventilateur (en marche, évidemment) en guise de pendule. Vous pouvez vous imaginer que quand il a mis en marche l'enregistrement chuchotant "vos paupières sont lourdes", qui, soit dit en passant, était à un volume bien trop élevé, et commencé à se concentrer sur la pale, ses paupières ne firent pas que s'alourdir. En effet, lesdites paupières étaient devenues tellement lourdes qu'elles avaient fini par tomber de son visage pour aller s'écraser au sol, creusant un trou de plusieurs kilomètres de profondeur. La légende raconte qu'elles descendent encore maintenant, et que si vous collez votre oreille au sol en écoutant attentivement, vous pouvez les entendre chantonner "What a wonderful world". Selon certains spécialistes, cela s'expliquerait par le fait qu'elles ne seraient pas encore sorties de l'état de béatitude dans lequel l'hypnose les a mis.  

Comme Poiniais, bien que convaincu de la validité du plan de Jean-Poubelle, refusait obstinément de quitter son poste, Larry et J-P durent le porter durant tout le trajet.

Quand, après des semaines de marche, ils arrivèrent au niveau du panneau vide, ils le regardèrent par derrière et comprirent que quelqu'un l'avait retourné et qu'ils avaient donc été piégés. Information qui, au final, ne les aida pas pour autant à comprendre quelle avait été la raison de cet acte. 

Ils n'avaient pas retrouvé Mouchie non plus, si jamais ça intéresse encore quelqu'un. 

Billybob Au Pays Des EmmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant