Remakes littéraires #1 (in. inf. #12)

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Nous sommes, par le passé, partis ensemble à la recherche du livre ultime. Pour l'instant, notre recherche demeure infructueuse. Cependant, nous nous sommes contentés d'oeuvres (très) originales. Et si, au final, le livre parfait se trouvait déjà parmi nous, simplement sous une forme imparfaite? Si vous le voulez bien, je vous invite dès à présent à entamer un nouveau voyage dans les confins de la littérature pour, cette fois-ci, espérer trouver comment réparer certains classiques. Peut-être trouverons-nous enfin le récit ultime, peut-être pas. Ce qui est certain est que nous aurons au moins rendu un grand service à la partie lettrée de l'humanité en rendant ces vieilles histoires parfois obsolètes, parfois simplement médiocres, un tant soit peu plus agréables à lire.


Sans plus attendre, commençons par ce que d'aucuns considèrent (à tort) comme la meilleure histoire d'amour jamais écrite: Roméo et Juliette, dont l'auteur à malheureusement sombré dans l'anonymat, faute d'un manque de présence en ligne.

Déjà, Roméo c'est un peu un prénom de fragile alors nous allons l'appeler Kévin. Tant que nous y sommes, nous appellerons Juliette Jennifer. Ce n'est pas très différent et nettement plus agréable au tympan. Ensuite, le lieu dans lequel se déroule l'histoire. Un quelconque trou paumé quelque part dans un pays qui n'a plus intéressé personne depuis l'époque ou des types en robe passaient le gros de leurs journées à s'approprier les coutumes des autres dans l'espoir d'avoir l'air un peu moins ringards. Terrible pays dans lequel placer une histoire. Situons-la plutôt à Los Angeles. C'est cool, ça, Los Angeles. 

Kévin vient donc tous les soirs draguer Jennifer en bas de chez ses parents producteurs, qui n'aiment pas sa famille à lui car ce sont des sales journalistes people sans intégrité (contrairement à eux-mêmes). Jennifer adore ça. Surtout qu'il a une décapotable et ça c'est vraiment la classe. Ils se mettent à sortir ensemble jusqu'au jour où leurs parents découvrent leur relation secrète (le jeune couple ayant ouvertement partagé leur relation sur leurs divers réseaux sociaux ce ne fut pas trop difficile). Là, c'est le drame. Jennifer écrit un "thread" sur Twitter disant, grosso-modo, que la vie c'est nul et qu'elle va se suicider. Kévin parvient à lui faire changer d'avis et ils partent se marier à San Francisco. Fin.

Vous noterez que le fait qu'ils ne meurent pas à la fin rend l'histoire nettement moins déprimante et on aimerait être à la place de Kévin/Jennifer parce que c'est vraiment trop la vie de rêve, contrairement à la mort de pas rêve à la fin de l'oeuvre originale. Nous pouvons donc considérer cette version comme étant la version supérieure. Derien.


Passons à présent à un grand favori des complotistes depuis la fin du XIXème siècle. Il s'agit, bien entendu, de Voyage au centre de la terre, de notre vieil ami Jules Verne. Nous devons tout de même lui accorder le mérite que l'idée d'une terre creuse demeure un peu moins con que celle d'une terre-frisbee. Dans tous les cas, il est de notre devoir de sauver ce pauvre Juju de l'éternité de moqueries dont il est depuis déjà longtemps victime, dans l'au-delà, à chaque fois qu'un nouveau géologue vient à mourir (ce qui arrive à une fréquence étonnamment élevée, pour des gens qui passent leurs journées à regarder des cailloux). Voici donc, pour votre plus grand plaisir, la version inédite, scientifiquement correcte, de ce classique de la S-F.

"Nous sommes sur un volcan, ce qui signifie que nous pouvons accéder au centre de la terre via les chambres magmatiques" s'émerveilla le professeur Lidenbrock. Je ne comprenais pas pourquoi il m'informait du lieu où nous nous trouvions puisque je m'y étais rendu avec lui mais ne dis rien car, pour tout vous dire, je ne savais ce qu'il risquerait de me faire si je daignais faire la moindre critique à son encontre. Nous entrâmes donc dans cet étroit passage qui, fort heureusement, menait directement au centre de la terre. Je décidai de poser ce journal ici, à l'entrée de ce tunnel de lave, pour des raisons de cohérence narrative.

EXTRAIT DE LA GAZETTE DE L'ISLANDAIS QUI BAVE DU 16/11/1863:

Hier matin, deux crétins venus de l'Europe continentale se sont dit que ce serait une bonne idée de se jeter tête la première dans un tunnel magmatique menant directement au centre de la terre. Comme nos lecteurs peuvent s'en douter, ils sont morts carbonisés après un long quart d'heure de chute dans le vide. Nous espérons que leur expérience aura au moins servi à faire avancer la science, sinon à rendre une histoire hypothétique future plus réaliste.


Pour conclure cette édition des remakes littéraires, nous allons brièvement aborder une grande référence dans les milieux "j'ai pas le droit d'insulter tout le monde donc nous vivons dans une dictature", j'ai nommé: 1984 de George Orwell. A ne pas confondre avec le nettement moins bon 1849 de Ogre Sarouel. Dans ce cas précis, nous ne pouvons pas faire trop de reproches à cet auteur puisqu'il a écrit ce récit en 1949. Les plus matheux d'entre vous noteront que 1949 se situant avant 1984, il s'agit donc là d'une oeuvre se déroulant dans le futur du point de vue de l'auteur (et donc oui, bien vu, dans le passé, de notre point de vue à nous). Il est toutefois encore de notre devoir de rendre ce roman plus fidèle à la réalité. 

Plusieurs choix s'offrent à nous. Nous pouvons nous contenter de remplacer le 1 par un 2 et laisser les générations futures remplacer le 2 par un 3 en temps voulu, et ainsi de suite. 

Nous pourrions également raconter l'année comme elle s'est réellement déroulée sauf que ça risquerait d'être un peu moins marquant. 

Sinon, nous pourrions simplement tout remplacer par des éléments culturels de l'année en question. Ainsi, Freddie Mercury, employé à la Disney Corp. pourrait rencontrer Michael Jackson et tomber amoureux de lui, entamant une liaison secrète dans une chambre située au dessus d'une "Roller-Disco", passant la journée à regarder des Star Wars et autres Indiana Jones jusqu'à ce qu'un prof d'aérobic... 

Non, vous savez quoi? je crois que nous allons remplacer le 1 par un 2, finalement. 

Billybob Au Pays Des EmmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant