CHAPITRE DIX-NEUF

86 3 0
                                    

On fait un tour sur le marché de Noël. J'ai déjà trouvé une décoration de saison pour l'aquarium de mon poisson rouge et Matt m'a jugé, parce que lui, les cadeaux, il en a pris pour sa famille. Silencieuse, je continue notre trajet à travers les ruelles du marché.

— Tu veux pas en profiter pour faire des cadeaux de Noël ? Me propose Matt.

— Comment ça faire les cadeaux de Noël ? J'ai fait ma liste j'attends que l'homme en rouge m'amène ce que j'ai commandé !

Il rit, mais j'essaie d'esquiver sa question.

— Ton poisson rouge il avait mis sa décoration sur sa liste ?

— J'ai une tête à ressembler au Père Noël ?

— T'as déjà la moustache.

— Alors ça je ne peux pas accepter.

Il éclate de rire et je frappe gentiment son bras. Il se plaint d'avoir mal et c'est à mon tour de rire. Je pensais qu'avec un peu d'humour il allait changer de sujet de conversation, mais non, il revient à la charge.

— Ils sont comment les Noël chez toi ?

— Je... Ils ne sont pas comme chez toi à mon avis.

Il hausse les épaules.

— Je n'ai que mon frère.

— Merde, je suis désolé...

— Mes parents vont bien, du moins je crois, mais je ne leur adresse plus la parole depuis une quinzaine d'années.

— Pourquoi ?

— Ils n'avaient de parents que le titre sur le livret de famille.

— Si tu avais un enfant, tu ne serais pas comme ta mère.

— Ce n'est pas le sujet, répondis-je sèchement.

Si je n'ai jamais gardé un copain assez longtemps pour qu'on ait envie d'avoir un enfant, j'y ai souvent pensé. Je voulais le faire toute seule, j'étais prête à donner un peu d'amour, mais je suis rongée par l'impression que je ne pourrais être que le reflet de ma mère avec mon propre enfant. J'essaie de me persuader du contraire, mais c'est plus fort que moi. Je ne peux pas m'empêcher de l'entendre me parler mal et je suis terrifiée d'avoir ce même langage avec mon enfant.

D'un coup, je sens la main de Matt sur mon épaule et il m'attire contre lui. Mon corps se raidit. Pourquoi il fait ça ? Je ne veux pas de cette proximité, même si je sais que ça part d'un bon sentiment.

— Il faudrait qu'on rentre récupérer les garçons, annoncé-je.

— Oui, tu as raison.

Il me lâche et se met à marcher un peu plus rapidement que moi pour qu'on retrouve la voiture. Est-ce qu'il aurait aimé plus de ma part ? Que je m'accroche à lui ? Je ne sais pas, mais au fond de moi j'espère que c'est mieux comme ça. Sur le trajet, je me rends compte que je ne lui ai pas posé la question. Comment se passent ses fêtes ? Est-il aussi seul que moi ? Je préfère me dire qu'il est entouré de sa famille.

— Et toi, comment ça se passe Noël ? Lui demandé-je une fois assise dans la voiture.

— Je vais voir mes parents, c'est notre petit rituel.

— Tu vas y aller cette année encore ?

— Sûrement. De toute façon on sera rentré avant Noël, j'aurais le temps d'aller à Strasbourg.

C'est super pour lui. Je suis réellement contente pour lui. Ça fait dix ans que je passe Noël seule, ce n'est plus qu'une habitude. Pendant les cinq premières années après avoir coupé les ponts avec mes parents, je passais le réveillon avec mon frère. Depuis qu'il a son copain, qui est devenu son mari, j'ai préféré les laisser seuls et je reste de mon côté. Je ne déprime pas de ma solitude. Je préfère être seule plutôt qu'être mal accompagné.

All I want for christmas is NOT you (JENIFER x MATT POKORA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant