CHAPITRE SEPT

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— La table à langer est dans les toilettes des filles, me lance Matt.

— Non, il y en a une à l'extérieur des toilettes, là.

S'il croyait qu'il allait m'avoir sur ce truc-là pour que ce soit à moi de changer Jack, c'est raté ! Je me dirige vers la petite salle mise à disposition. Il n'y a personne, on peut la prendre.

— C'est pas pour les pères ça, se plaint-il.

— Tant mieux, tu n'es pas son père.

Il dépose doucement Jack sur le petit matelas. Là, le petit garçon semble s'apaiser. Sûrement qu'il sait qu'on va le changer. Enfin, c'est un grand mot. Je vais discrètement m'éclipser et laisser Matt s'en occuper. Sauf qu'il me garde tout de même près de lui. Je grimace.

— Bon, respire-t-il. On le fait, comme ça, ce ne sera plus à faire. Aux femmes d'abord.

— T'es sérieux Matt ? Vous êtes deux garçons, la majorité l'emporte.

— Tu veux jouer à ça ?

— Pour ne pas à avoir à le toucher, je ferai tout.

— Une bataille de pouce ?

Kyle souffle près de nous quand je dis oui par un hochement de tête. Non, pas de bataille de pouce. On fait pitié quand même. Qu'on en finisse !

— Tu as le sac ? Me demande Matt.

— Bien sûr, tu m'as dit de le prendre.

— On va sortir ce dont on a besoin.

Je dépose le sac près du petit garçon et je sors une couche ainsi que des tubes.

— J'ai l'air stupide si je demande à quoi ça sert ? Dis-je.

— Oui.

Je me tourne vers Matt qui se met à rire. Lui aussi est incapable de savoir à quoi servent tous ces tubes. Sauf que si Judith et Valentin les ont mis dedans, ce n'est pas pour faire joli. Matt sort son téléphone et pianote dessus. Il aurait pas autre chose à faire que de regarder internet.

— J'ai trouvé, annonce-t-il.

— T'as trouvé quoi ?

— Comment on change comme il faut une couche.

— T'as été voir ça sur internet ? M'offusqué-je alors que je suis autant incapable que lui de le faire.

— Oui. Fait le si tu sais mieux que moi.

— Non, donne ton portable.

Il ricane et j'ai envie de le tuer. Je me lance dans ce changement de couche comme si je m'occupais d'une affaire nationale qui mettrait en péril tout mon pays. J'enlève le pyjama de Jack qui gigote. Je m'affaire à sa couche et quand je l'enlève, l'odeur embaume la pièce.

— Je quitte le navire, crie Matt.

Tout en tenant Jack d'une main, je retiens Matt par la manche de l'autre. Non, il ne quitte pas le navire. On est comme Rose et Jack, on part ensemble du bateau et je lui assure qu'il y a de la place sur ma planche pour qu'il monte.

— Tu restes toi.

— C'est Tchernobyl le truc.

— Le nuage ne passe pas la frontière.

— Si, si, le nuage a atteint le pays, c'est sûr.

On ne peut pas s'empêcher de rire tous les deux. J'arrive enfin à enlever la couche et la replier sur elle. Je la donne à Matt qui me regarde, couillons, sans savoir quoi en faire alors qu'il n'a qu'à la jeter à la poubelle. Ce qu'il fait. Je suis alors à la lettre ce qu'il y a écrit sur internet pour nettoyer les fesses de Jack.

— Elle n'est pas à l'envers la couche ? Me questionne Matt.

— Bah non, le dessin vers nous.

Je lève le regard vers lui. Il est dubitatif. Est-ce que je me suis trompée ?

— Le côté de derrière a l'air plus court que celui-ci, donc je retournerai la couche, m'explique-t-il.

— Vas-y fais, j'abandonne.

Il prend ma place et s'occupe de Jack. Il semble doux. Il y va doucement pour ne pas brusquer le petit garçon mort de rire sous les jurons de Matt. Je m'attarde sur eux et je remarque que je touche à nouveau le sol et la réalité quand Matt me parle.

— C'est bon on est prêt !

— Super, c'était long, dis-je.

— M'en parle pas, se plaint Kyle.

— Tu n'avais qu'à nous aider toi, s'impose Matt.

— Je suis un enfant.

Taquin, le plus grand des fils s'en va de la pièce. Matt me tend Jack que je me trouve obligée de porter jusqu'à la voiture. Sur le trajet, Jack joue avec mes cheveux et il s'amuse aussi à me les tirer, ce qui ne me fait pas rire.

— Ça te dérange si je conduis ? Demandé-je à Matt.

— Quoi ? Toi, tu conduirais ma voiture ?

— Oui. Juste dix kilomètres, histoire de ne plus être à l'arrière. T'as besoin de te reposer.

— Non.

J'installe Jack dans son siège auto et Kyle vient s'asseoir de l'autre côté de la banquette.

— S'il te plaît, imploré-je Matt.

— Dix kilomètres.

— Super !

Victorieuse, je me mets côté conducteur. Je dois avancer mon siège, étant – beaucoup – plus petite que Matt.

— Je vais mettre de la meilleure musique que ta tante, lance Matt à Kyle.

— Oh trop bien, car c'est nul ce qu'elle a fait tata.

— Trop.

— Oh, je vous entends les garçons, m'inséré-je.

Ils haussent les épaules, je le vois à travers le rétroviseur intérieur. Je mets le moteur en route et je commence à rouler, reprenant l'autoroute.

— Il va se décaler lui, dit Matt.

Je sursaute. Pourquoi il me parle ? Je l'ai vu qu'il allait se décaler lui !

— Tu roules un peu vite, non ? En plus t'es près de la voiture devant.

— Matt !

— Anticipe !

— Arrête de me déconcentrer !

Je le maudis. Il me fait peur à me crier dessus comme ça ! J'ai l'impression de revenir à la première fois où j'ai conduit avec mon père.


All I want for christmas is NOT you (JENIFER x MATT POKORA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant