All Of My Silences Will Be Your Words [TERMINÉE][Version Fr]

Chapitre Quatre

Le premier mois passé avec Sae-Jin fut éprouvant dans un premier temps, puis chacun retrouva ses marques au fur et à mesure des jours. Madame Lee passait beaucoup de temps avec Sae-Jin. Depuis l'épisode des carnets, elle avait compris que la jeune fille cachait en elle une énorme cicatrice bien plus douloureuse qu'elle ne l'avait cru. Mais elle voulait être là pour elle, et l'aider du mieux qu'elle pouvait. C'est ce qu'elle fit, durant ce mois de Juin. Au début, les premiers jours, Sae-Jin restait cloîtrée dans sa chambre. Quelques fois, pour lui donner ses repas, Madame Lee passait la tête par la porte, et la retrouvait endormie, recroquevillée dans un coin, les bras serrés autour d'une peluche qu'avait Felix étant petit.

Puis Sae-Jin quitta enfin sa chambre après quelques jours. D'abord timidement, venant discrètement dans la cuisine quand Madame Lee préparait le repas. Elle venait s'asseoir à côté d'elle, et la regardait en silence. Ensuite, pas à pas, tout doucement, elle participa aux repas familiaux, puis aux soirées TV... Y allant à son rythme, Sae-Jin apprivoisait à sa façon discrète sa nouvelle famille, sa nouvelle maison, sa nouvelle vie... Madame Lee comprit que l'épisode des carnets l'avait ébranlé, et qu'il lui avait fallu un temps en solitaire pour pouvoir de nouveau apprendre à faire confiance. Apprendre aussi que les Lee ne comptait pas l'abandonner, qu'ils lui laisseraient le temps dont elle avait besoin pour s'habituer à eux et à leur rythme de vie.

Aujourd'hui était un jour spécial, car Felix rentrait au pays pour quelques semaines. Toute la famille était en effervescence, et Sae-Jin les observait d'un regard curieux, toujours en silence. Madame Lee et son aînée, Rachael, allaient chercher Felix à l'aéroport. Olivia était encore à l'école, et Monsieur Lee travaillait. Sae-Jin préférait rester à la maison. Moins elle voyait d'aéroport, mieux elle se portait.

Sur le trajet, les deux femmes papotaient joyeusement.

- Felix m'a manqué ! J'ai tellement hâte de le revoir ! Soupira Rachael en regardant le paysage défiler depuis sa fenêtre.

Sa mère sourit.

- Moi aussi. Et je suis sûre que lui aussi trépigne d'impatience !

- Tu penses que ça va le faire pour Sae-Jin ?

Sa mère réfléchit quelques instants avant de répondre.

- Je pense qu'il lui faudra un temps d'adaptation, comme avec nous. Mais connaissant notre Felix, il arrivera vite à la mettre à l'aise !

- Je me demande comment elle va réagir quand il arrivera à la mai... Maman, loupe pas l'entrée du parking ! Coupa Rachael.

Madame Lee fit un virage serré, manquant de peu l'entrée du parking de l'aéroport.

- Bon sang ! Souffla-t-elle en se garant. J'étais perdue dans mes pensées, heureusement que tu étais là !

Rachael se mit à rire et toutes deux sortirent de la voiture pour rejoindre le hall, où ils s'étaient donné rendez-vous. Les deux femmes tendaient le cou, cherchant du regard respectivement leur fils et leur frère.

Après quinze bonnes minutes d'attente, Rachael s'écria tout en tendant le bras devant elle.

- Maman, il est là !

En les voyant, le visage du jeune homme masqué s'éclaira et il courut se jeter dans leurs bras grands ouverts.

- Qu'est-ce que vous m'avez manqué ! S'écria-t-il gaiement.

***

Quand j'entendis la voiture se garer dans un crissement de pneu devant la maison, je me ruai vers la fenêtre de ma chambre. J'étais curieuse de pouvoir enfin rencontrer le fameux dernier membre de la famille Lee, dont on m'avait tant parlé. On m'avait montré des vidéos et des photos, et ses performances sur scène. Il dansait et chantait tellement bien que j'en avais été bluffé. À l'orphelinat, je ne m'étais jamais intéressée au monde de la musique et de la danse. Ici, depuis un mois, je découvrais chaque jour quelque chose de nouveau. Et j'adorais ça. J'avais souri plus de dix fois en seulement trois semaines, ce qui relevait du miracle. Un soir, Olivia m'avait dit que si je continuais comme ça, j'arriverai bientôt à parler. Et j'y croyais presque, bien que cela me semblait encore impossible.