All Of My Silences Will Be Your Words [TERMINÉE][Version Fr]

Chapitre Douze

Après le stand de peluches, celui des jeux d'intérieurs, et enfin la grande roue, ils finirent par faire tranquillement le tour. Au grand soulagement de Felix, Sae-Jin ne lui proposa pas de faire des manèges à sensation, ce qui l'arrangeait bien puisqu'il n'aimait pas ça. Il passa les trois quarts du temps à l'observer ; elle était tellement amusante à regarder partout autour d'elle comme un chiot dans un magasin de jouets ! Il voyait ses yeux briller d'émerveillement, et son sourire ne s'arrêtait pas de s'agrandir au fur et à mesure de l'après-midi. Ils croisèrent Olivia et Rachael, occupées au stand de tir, et ses parents quelques minutes plus tard, mangeant des glaces au chocolat. Ils se firent des petits coucou, avant de repartir chacun de leur côté, ce qui ne déplut pas à Felix, qui voulait rester seul avec Sae-Jin. Il commençait à se dire qu'il s'attachait à elle plus qu'il ne l'aurait imaginer, jusqu'à devenir amoureux d'elle. Même si cela lui semblait encore étrange à penser. Pouvait-il tomber amoureux d'une fille après seulement quelques jours à apprendre à la connaître ? Confondait-il simplement son attachement et sa gentillesse avec de l'amour ? Ou était-ce un coup de foudre ?

Une bonne odeur sucrée fit gronder son ventre, coupant court à son monologue intérieur. Il releva la tête, cherchant quel stand vendait ce qui sentait aussi bon.

Sae-Jin trouva avant lui, montrant du doigt le stand de barbe-à-papa d'un air joyeux.

- Une pause goûter, ça te dit ? Lança-t-il sur le même ton.

Elle lui sourit en tapant dans ses mains, avant de l'entraîner vers le stand où par chance, il n'y avait pas trop de monde. Ils attendirent quelques minutes, puis vint leur tour de commander. Felix en demandant deux, et dix minutes plus tard, ils repartaient avec une barbe-à-papa chacun.

- Et si on allait s'asseoir ? Proposa Felix en désignant des bancs un peu en retrait des stands.

Les bancs étaient juste après les derniers stands de la fête foraine, et ils devaient donc traverser la foule pour accéder aux bancs. Sae-Jin acquiesça et Felix prit la tête, sentant Sae s'accrocher à son bras une nouvelle fois, mais le serrant plus. Il lui jeta des regards de temps à autre pendant qu'ils traversaient la foule, la sentant plus oppressée et inquiète.

- Courage, on y est presque, l'encouragea-t-il.

Son excitation du début étant retombée et l'ayant vidée de son énergie, elle devait se sentir plus fatiguée et donc plus oppressée par la foule, devina-t-il en voyant ses yeux se fermer de fatigue.

Ils arrivèrent aux bancs, et Sae-Jin s'y assit en soupirant de soulagement.

Felix s'assit près d'elle, et ne put s'empêcher de poser sa main sur la sienne.

- Tu te sens mieux ? S'enquit-il doucement.

Elle glissa son regard vers lui, et même si elle ne parla pas, il comprit lorsque leurs yeux se croisèrent qu'elle le remerciait.

***

Une douce chaleur envahit son corps quand elle plongea son regard dans celui de Felix, et elle se sentit soudain plus apaisée. Les battements de son cœur ralentirent, et elle retrouva une respiration normale. La foule l'avait soudain paniquée, alors qu'ils se baladaient depuis presque deux heures déjà au cœur de la fête foraine ; heureusement que Felix l'avait guidé jusqu'aux bancs, en dehors de la foule. Il lui avait délicatement pris la main, alors qu'elle s'accrochait à son bras, et l'avait encouragé jusqu'à ce qu'ils se soient éloignés.

Maintenant qu'elle était assise, le regard perdu dans le sien, malgré le froid et le banc gelé, elle se sentait bien. Était-ce la fatigue qui la mettait dans cet état, semblable à l'état dans lequel on se trouve quand on commence à s'endormir ; si détendu, calme et en même temps encore conscient ? Ou était-ce le fait de se plonger dans le regard de Felix, de faire une pause, et ne plus penser à rien d'autre qu'à ses yeux chocolat ?

Et lui ? Est-ce qu'il ressentait la même chose, en cet instant ? Ou était-ce seulement elle ? Il la regardait aussi fixement qu'elle le regardait, avec une expression indéchiffrable. Il ne souriait pas, et son attention était toute portée sur elle.

Ses lèvres étaient un peu entrouvertes, comme s'il voulait lui dire quelque chose. Elle reporta son attention sur son regard à l'instant où il se pencha vers elle tout doucement, avec un brin d'hésitation. Son premier réflexe fut de reculer un peu, surprise, mais elle ne pouvait détacher son regard du sien. Elle se stoppa ; lui aussi. Cette fois, elle n'eut pas besoin de se demander ce qu'il voulait lui dire. Elle s'approcha un tout petit peu de lui, serrant entre ses doigts le bâton qui tenait sa barbe-à-papa. Elle sentait le sucre qui avait fondu lui coller les doigts, mais elle le remarqua à peine. Il s'avança de nouveau, avec la même douceur et la même intensité ; cette fois elle ne recula pas, et avança elle aussi.

Ses lèvres touchèrent les siennes, d'abord comme un léger frôlement, puis avec plus de fermeté. Elle ferma doucement les yeux, enroulée dans la douce chaleur de son baiser, tandis qu'il lui frôla la joue du bout des doigts, la faisant frémir sous la froideur de sa peau. Elle sentit son sourire se dessiner entre ses lèvres, et enleva sa main.

- Pardon, souffla-t-il doucement, j'avais oublié que mes doigts étaient des petits glaçons.

Sae-Jin rouvrit les yeux en sentant ses épaules se secouer dans un rire, tandis que Felix l'observait avec un sourire et un regard si... Amoureux, qu'elle en eut soudain le vertige. Des émotions qu'elle n'avait jamais ressenties jusqu'alors la rendait confuse, pourtant, elle ne voulait pas détourner le regard. Elle ne voulait pas reculer. Elle ne...

- Je suis désolé, je crois que j'ai collé de la barbe-à-papa dans tes cheveux... S'excusa soudain Felix en remuant, stoppant les émotions intérieures de Sae-Jin.

Elle cligna plusieurs fois des yeux le temps que l'info remonte à son cerveau, puis arracha son regard à celui de Felix pour jeter un coup d'œil dans ses cheveux. Les bouts de ses mèches étaient en effet collées de sucre fondu, et dans une autre situation, Sae-Jin aurait certainement fait la grimace en pensant à la galère que cela allait être de devoir les décoller le temps de rentrer se faire un shampoing. Mais aujourd'hui, là, tout de suite, l'état de ses cheveux l'indifférait au plus au point. Elle se sentait complètement hors du temps, encore dans l'instant qu'elle venait de partager avec Felix ; elle avait l'impression d'être enveloppée dans une petite bulle, coupée du monde extérieur.

Une main passa devant son visage et elle reporta son attention sur Felix, surprise.

- Sae, tu vas bien ? Lui demandait-il, en l'observant avec attention.

Elle hocha lentement la tête, le scrutant à son tour. Pourquoi semblait-elle être la seule à ressentir ces émotions bizarres ? Pourquoi Felix semblait aller bien, comme si ce qu'ils venaient de vivre était normal et anodin ? Certes, il souriait d'un air joyeux, mais Felix souriait toujours. En tout cas, elle l'avait toujours vu sourire en sa présence.

***

Tellement perdue dans ses pensées, elle ne remarqua même pas Felix qui essayait tant bien que mal de lui décoller ses cheveux pour éviter d'empirer la situation. Quand il tira un peu trop fort sur une de ses mèches, cela la fit sursauter et elle sembla remarquer enfin ce qu'il faisait. Elle lui jeta un regard étonné, et sentant ses joues devenirent rouges, il ne put s'empêcher de parler pour meubler le silence et penser à autre chose qu'au baiser.

- Je te propose qu'après notre pause euh... Barbe-à-papa, on rentre. Il commence à vraiment faire froid, et j'imagine que tu vas vouloir te laver les cheveux.

Si parler le détendait un peu, son cerveau ne pouvait s'empêcher de tourner à plein régime. Et si quelqu'un les avait vu ? Des fans ou sa famille ? Et si elle n'avait pas aimé ? Et si elle s'était sentie forcée ? Était-ce pour ça que son sourire avait disparu, qu'elle le regardait comme si elle le voyait pour la première fois ?

Il se secoua pour chasser ses questions, et se releva en tapant des pieds pour se réchauffer un peu.

- On y va ? Lança-t-il à Sae-Jin.

Il lui sourit tandis qu'elle se relevait, et il songea qu'il devait peut-être arrêter de sourire. Peut-être qu'elle pensait qu'il n'était pas sérieux envers leurs sentiments, à sourire comme ça comme un idiot.