All Of My Silences Will Be Your Words [TERMINÉE][Version Fr]

Chapitre Huit

- IL NEIGE ! Il NEIGE ! IL NEIGE !

Je sursautai d'un bond, tandis que mon cœur manqua un battement. Encore à moitié ensommeillée, je me frottai les yeux tout en me redressant dans mon lit. Qu'est-ce qui se passait ?

Une douce lumière traversait les volets fermés de ma chambre, annonciateur du matin. Mais pourquoi quelqu'un - ou plutôt Olivia - hurlait dans toute la maison ?

Juste au moment où je me posais la question, ma porte s'ouvrit en grand, laissant entrer une Olivia à moitié décoiffée, en pyjama, et complètement survoltée.

- SAAAEEEE-JIIIIIN, IL NEIIIIGEEEEEEE !! Hurla-t-elle à pleins poumons en courant vers moi.

Elle sauta sur mon lit, toujours en répétant la même chose. Un demi sourire étira mes lèvres sans que j'en m'en rende vraiment compte.

- Mais ça va pas d'hurler comme ça pour réveiller les gens ?! Grommela Rachael sur le pas de la porte en essayant de couvrir les cris de joie de sa sœur.

Elle aussi en pyjama, elle était tout autant décoiffée qu'Olivia. Je passai une main dans mes propres cheveux, en m'apercevant que je devais avoir la même tête qu'elles.

- Mais il neige ! C'est génial ! Tu as vu ce qu'il tombe dehors ?! Renchérit Olivia en sautant de mon lit pour aller ouvrir mes volets. Regarde il y a déjà au moins un mètre là !!!

- Un mètre, tu exagères peut-être un peu, Liv'.

Felix venait d'apparaître derrière son aînée, un grand sourire peint sur le visage. En voyant que j'avais tourné ma tête vers lui, il me fit un petit coucou de la main. Mon estomac en fit une petite pirouette non identifiée.

- Bien dormi ? S'enquit-il.

Je me mis à rougir en hochant tout de même la tête. Évidemment que j'avais bien dormi puisque je lui avais piqué son lit...

- Et toi ? Ça fait du bien de dormir à la maison ? Répliqua Rachael en se tournant elle aussi vers son frère, laissant Olivia s'extasier seule devant la fenêtre.

- Yes ! Et j'ai pu parler à Chan avant de dormir. C'était cool.

Rachael ricana.

- Ça on sait ; je ne sais pas qui n'a pas pu t'entendre hurler cette nuit... C'était quoi déjà ? Le taquina-t-elle en réfléchissant.

- Aaaah pardon ! C'était pas voulu, s'excusa Felix en se cachant sa tête entre ses mains.

Sauf qu'Olivia, que je pensais complètement obnubilée par la neige, se tourna vers nous pour hurler la phrase qu'on avait tous entendu la nuit dernière depuis le salon :

- MAIS JE T'AI DIT QUE C'ÉTAIT PAS ÇAAAAA !

Cela fit exploser de rire les deux filles, tandis que Felix, tout rouge, tentait de les faire taire. Je les regardais en souriant, depuis mon lit. C'était drôle de les voir tous les trois s'amuser comme ça. L'imitation d'Olivia me donnait envie de rire, et je sentais mon sourire s'agrandir. Une boule bizarre me montait dans la gorge ; ce n'était pas désagréable, même si je ne savais pas trop ce que c'était. Elle montait, montait, jusque dans ma gorge, et dans mon sourire.

Je me pinçai les lèvres, sentant mes épaules se secouer dans un fou-rire incontrôlable. Et puis, d'un coup, sans prévenir, je me mis à exploser de rire, provoquant un rire sonore dans la pièce.

***

Trop gêné par les taquineries de ses sœurs, et surtout paniqué à l'idée de devoir expliquer pourquoi il avait hurlé cette fameuse phrase à Chan la nuit dernière, il mit un temps de retard à comprendre qui avait explosé de rire tout d'un coup. Avec le brouhaha qui régnait dans la chambre, il n'avait d'abord pas remarqué Sae-Jin, assise en tailleur dans son lit, pliée en deux, dans un fou-rire à lui en tirer les larmes. Mais le plus surprenant, c'était d'entendre son rire, elle d'habitude si silencieuse et discrète.

Quand il comprit, il s'arrêta net de faire l'idiot, et ne put que la fixer, complètement surpris par cette nouveauté. Olivia et Rachael suivirent son regard et se calmèrent aussi instantanément que lui, observant Sae-Jin les yeux ronds. Cette dernière n'avait pas remarqué le silence soudain, riant toujours aux larmes, la tête sur sa couette, secouée par son fou-rire.

Felix aurait pu entendre les battements de son cœur à cet instant, tant le calme régnait dans sa tête. Il semblait comme anesthésié, complètement hypnotisé par Sae-Jin. La voir si joyeuse, riant sans peur ni crainte... La voir si libre... Il avait l'impression d'enfin commencer à la découvrir ; découvrir la vraie Sae-Jin, derrière la carapace qu'elle s'était forgée malgré elle à travers le temps. Il repensa soudain à sa conversation avec Chan, et le fait qu'il s'était plaint du manque de conversation qu'il pouvait avoir avec Sae-Jin pour apprendre à la connaître ; à la réflexion, à la voir comme ça, il se rendit compte qu'il n'avait pas forcément besoin de mots pour la voir telle qu'elle était.

C'est leur père qui stoppa le rire de Sae-Jin, quand il passa la tête par la porte, avec curiosité, et sûrement avec surprise. En effet, qui aurait pu s'attendre à ce que Sae-Jin se libère aussi tôt de ses anciennes blessures ?

- Woah, mais qui est-ce que j'entends rire depuis le couloir ? Lança-t-il avec une immense fierté au fond des yeux.

Cela fit sursauter Sae-Jin, qui se releva avec une immense surprise peinte sur le visage. Ses joues virèrent instantanément au rouge, et elle resta assise très droite, comme soudain figée.

Rachael et Olivia sortirent de leur léthargie et ne purent s'empêcher de parler, surexcitées par ce qui venait de se produire. Seul Felix restait encore immobile et silencieux, avec un sourire sur le visage pour seule expression. Il se força à ne pas trop fixer Sae-Jin qui semblait encore tétanisée, mais ses yeux ne cessaient de revenir vers elle. Il fallut que l'une de ses sœurs (mais il ne souvenait plus de laquelle), le pousse hors de la chambre, avant de le houspiller d'aller rapidement se préparer pour qu'ils puissent tous aller jouer dans la neige... Ce qu'il fit, bien qu'il dû se reprendre à plusieurs fois car il mit deux fois son tee-shirt à l'envers et qu'il ne trouvait plus ses chaussures.

- Tout va bien, chéri ? S'enquit avec surprise sa mère, en le voyant debout immobile dans la salle à manger.

- Hein ? Oh, oui... Je sais plus où j'ai mis mes chaussures... Marmonna-t-il.

- Tu les as aux pieds, chéri... Commenta sa mère avec un haussement de sourcil de plus en plus intrigué.

- Ah ? Ah bah oui, tiens.

Et il resta là, à se gratter la tête, ne sachant que faire en attendant les filles.

- Tu veux manger quelque chose ? Demanda sa mère.

Il sentait son regard intrigué sur lui, mais il se contenta de hocher la tête sans plus d'explications. Déjà qu'il ne savait plus où il en était, comment pouvait-il expliquer quoi que ce soit à quelqu'un ?

Sa mère glissa vers lui des pancakes et une tasse de chocolat chaud, et il la remercia distraitement. Il n'arrivait pas à s'enlever de la tête l'image de Sae-Jin riant aux éclats. Comme si cette scène était gravée à ses rétines.