Prologue

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C'est le chant des oiseaux qui m'a fait ouvrir les yeux ce matin-là. Un jour d'hiver, triste et gris, semblable à mon humeur. Je me souviens m'être levée de mon lit, sans un mot, faisant seulement bruisser les draps. Quelqu'un avait ensuite toqué à la porte. Comme tous les matins depuis treize ans.

- Le petit déjeuner va être servi ! Avait lancé une voix depuis l'autre côté de la porte close.

Je n'ai rien répondu. Comme tous les matins. Comme tous les jours depuis treize ans. Je me suis avancée jusqu'à l'armoire en face de mon lit pour me changer en silence. De l'autre côté de la porte, j'entendais déjà les bruits de pas et les éclats de rires de mes camarades. Les voix des surveillantes leur demandant de ne pas courir dans l'escalier. Leurs semelles claquer contre le parquet de bois. Comme tous les matins.

Je suis descendue en silence, suivant mes camarades jusqu'à la salle à manger. Normalement, à neuf heures et demie, personne ne venait me déranger. Je prenais mon petit déjeuner, assise en bout de table puis je repartais vers les dortoirs finir ma toilette. Mais pas ce matin-là. Des claquements de talons ont résonné dans mes oreilles et la directrice est venue s'asseoir à côté de moi, pendant que je commençais à manger. J'ai levé les yeux vers elle, surprise et un peu perdue. Elle m'a sourit à travers ses lunettes en demi-lune argent.

- Ma chère petite, j'ai une bonne nouvelle pour toi. Avait-elle commencé par me dire.

Je l'avais regardé, scrutant ses yeux, cherchant une réponse dans son regard. Je ne me souviens plus trop si je connaissais la réponse, ou si au contraire mon cerveau la refoulait inconsciemment. Parce que ça me paraissait impossible. Pourtant, la directrice a continué de sourire, et m'a dit :

- Une famille veut te rencontrer, Sae-Jin.

Je suppose que mes yeux se sont agrandis de stupeur car elle a sourit encore un peu plus avant de se relever.

- Tu vois, il ne faut jamais perdre espoir. J'espère que vous vous entendrez bien. Finis ton petit déjeuner ; ils arrivent à dix heures.

Puis elle m'a serré l'épaule avant de s'en aller. J'ai posé ma cuillère. Je n'avais plus faim du tout. Quelques enfants autour de moi m'ont félicité, une lueur d'envie dans les yeux. J'ai hoché la tête en guise de remerciement, et je suis remontée jusqu'à ma chambre, les jambes tremblantes, les yeux mouillés. Une fois la porte fermée, je me suis assise sur le sol, le dos contre le panneau de bois. J'étais sous le choc. Moi, l'orpheline de vingt et un an, j'allais rencontrer une famille qui voudrait peut-être enfin m'adopter. 


***

C'est parti, All Of My Silences Will Be Your Words est officiellement commencée !

All Of My Silences Will Be Your Words [TERMINÉE][Version Fr]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant