J'inspire, expire. Tout m'est difficile, j'ai peur d'étouffer. Ce n'est pas la robe qui me sert trop, c'est juste la myriade d'émotions qui m'envahit et me fait tourner la tête. Mes parents me précèdent dans la cour du château où a lieu la Parade. Mon oncle, ma tante et Gina sont restés au manoir. Tant mieux, ils me font beaucoup plus peur qu'avant. Leurs regards sur moi sont passés d'indifférents à haineux, voire meurtriers, je refuse de savoir jusqu'où ils seraient prêts à aller pour se venger.
La charmante Astrid s'est retirée après m'avoir préparée. C'est dommage, car elle m'a bien aidée à me sentir à l'aise avec ses plaisanteries et son ton léger. J'ai failli la supplier de m'accompagner, une présence amicale n'aurait pas été de trop. En sortant de la maison, j'ai eu la surprise de découvrir devant l'allée une limousine qui m'a conduite à la soirée.
Maintenant que je suis arrivée au château, je manque de trébucher à chaque pas, perdue au milieu d'une foule avec de jeunes femmes toutes plus belles les unes que les autres, entourées par leurs familles aimantes. Toute cette mascarade est loin d'être naturelle pour moi. Les larmes menacent de déborder de mes yeux, car je suis partagée entre la peur et le désir de revoir ce vampire aussi attirant qu'effrayant. J'avance vers une salle de bal immense et cette fois-ci, il n'y a aucun balcon sur lequel je pourrai me cacher. Des hommes attendent leurs futures proies, vêtus de costumes somptueux, matant avec perversité le défilé de jeunes femmes qui s'approchent d'eux, dont je fais désormais partie.
En arrivant au milieu de la pièce, je marque un temps d'arrêt, ma respiration s'emballe dangereusement tandis que mon ventre me lance. J'ai envie de vomir et ma tête se met à tourner. Je n'ai rien à faire ici. Voyant que je me suis stoppée, mes parents se dirigent vers moi, interloqués. Ils ont peur que je fasse marche arrière et c'est exactement ce à quoi je pense.
Toute ma vie, j'ai lutté pour être indépendante et ne surtout pas m'approcher des vampires malfaisants... Me voilà, malgré tout, à la Parade, quand ma cousine en est absente alors que c'était son rêve. Le mien est de devenir vétérinaire et de mener une existence simple, loin de tous ces fastes et de ces monstres.
Qui suis-je ? Une poupée de porcelaine dans une robe somptueuse qui m'étouffe à moitié. Une prison dorée m'attend : je n'en veux pas. La peur me broie les organes. Mes jambes anticipent le tournant de mes pensées, car je fais demi-tour, me heurtant ainsi à un torse d'acier.
Je manque de trébucher quand deux bras puissants me retiennent. L'un s'enroule avec autorité autour de ma taille, l'autre se pose tout en délicatesse sur ma nuque. Piégée, je suis immobilisée, hypnotisée par les iris gris braqués sur moi, emplis d'un désir voilé, promettant des idées que je n'ose à peine imaginer.
— Bonsoir, m'accueille Craig avec un petit sourire ravageur.
Je frissonne, sans savoir quelle en est la cause et palis. Déjà que je n'ai rien pu avaler depuis hier, je dois apparaître bien pitoyable avec ma mine cadavérique, même vêtue d'une robe magnifique. Alors, si je suis si laide et quelconque, pourquoi quelqu'un avec autant de prestance me détaille avec ce qui s'apparente à de la fascination ?
— Vous n'êtes ni l'un ni l'autre, Rose. Si je vous dévisage ainsi, c'est que je meurs d'envie de vous dévorer, susurre le vampire en se penchant à mon oreille.
Je recule et me dégage de sa prise, le feu aux joues, le fusillant du regard.
— Je vous interdis de lire dans mes pensées. C'est un manque de tact flagrant, sifflé-je, en croisant les bras.
Il esquisse un petit sourire avant de rétorquer :
— Désolé, mais vous aviez l'air prête à faire un malaise. Je souhaitais juste être préparé au mieux à vous venir en aide.
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Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]
Paranormal"Quand lutter contre ses plus brûlants désirs est vain, il faut laisser ses émotions dominer l'instant." Il y a des centaines d'années, pour sauver la planète menacée par une espèce humaine qui la dévastait, les vampires sont sortis de l'ombre et on...