Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]

Chapitre 2

La salle de réception du château est remplie d'humains et de vampires. Ces derniers rôdent comme des rapaces autour de leurs futures proies. Les femmes les plus riches sont parées de bijoux étincelants et arborent des décolletés plongeants pour attiser la convoitise des monstres. À peine arrivée, je me suis empressée de m'éclipser loin de ma famille, pour me perdre dans la foule. Mes parents étaient trop occupés à admirer Gina pour se préoccuper de moi. Avec mon jean et mes basquets, je passe inaperçue au milieu de tous les apparats plus fastueux les uns des autres des convives.

Un buffet gargantuesque émettant s'alléchantes odeurs attire mon attention. Il est en effet rare que de si luxueux mets soient à ma disposition. Ma joie subite est de courte durée ! Du liquide rougeâtre nage dans des verres de cristal, à côté des plateaux en argent regorgeant de petites douceurs. C'est du sang, dont je préfère en ignorer la provenance. Les relents ferreux me coupent presque l'appétit.

Serrant les dents, je récupère quand même quelques petits fours puis me dirige vers un balcon, désert. La lune est magnifique ce soir ! Ronde et pleine, sa présence m'apaise. Au loin, dans la forêt, des hurlements de loups percent le silence nocturne. Je serais prête à m'enfuir à toutes jambes et me perdre au plus profond des bois, mais ce serait de la folie. À la place, je m'assois dans un coin, sur un banc situé entre deux colonnes. Je déguste ma nourriture, tout en feuilletant un livre léger de mathématiques pour la classe préparatoire. J'ai réussi à le dissimuler sous mon pull.

Au bout de quelques instants d'une solitude savoureuse, des picotements se répandent sur ma nuque, faisant dresser le fin duvet qui l'orne. Je passe la main dessus pour apaiser ces fourmillements. Étrange sensation ! Mes jambes se balancent dans le vide, sifflotant l'air d'une musique d'un autre temps.

J'éprouve une grande passion pour l'opéra, mais je ne peux pas aller en voir. Ce genre de distraction est réservé à l'élite des vampires, car les prix sont très élevés. Les postes de chef d'entreprise, les emplois dans la politique et tout ce qui amène de l'autorité dans le pays sont également sous leur coupe. Heureusement, ils ne sont pas fans d'animaux, il y a donc un milieu qui échappe à leur contrôle. C'est pourquoi je souhaite devenir vétérinaire. Ils n'auront pas la main mise sur mon métier.

Le silence tranquille et l'éclat pâle de la pleine lune sont reposants. Les gens sont occupés à flirter et à discuter de transactions financières, pendant que je me détends, seule dans mon univers. Dans ces moments d'intenses activités mondaines, j'aime être invisible.

C'est alors qu'une ombre immense émerge à mes côtés, menaçante. Effrayée, je sursaute, car je n'ai rien vu arriver.

— Je suis désolé, je ne voulais en aucun cas vous faire peur, susurre une voix grave, envoûtante et un peu éraillée.

Les poils de mes bras se hérissent tandis qu'un agréable frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. Ébranlée, je me tourne vers l'homme plutôt grand et musclé, moulé dans un costume noir hors de prix, à moitié dissimulé dans l'ombre, qui vient de s'adresser à moi.

Mon cœur loupe un battement quand je rencontre ses deux yeux couleur de la glace, fixés sur moi. Sa peau claire et ses cheveux sombres, coiffés en arrière, ressortent dans la pénombre. Une sorte de halo l'illumine.

Mon cerveau émet un millier d'alertes : Vampire. Et à mon avis, c'en est un fort, étant donné son aura imposante. Elle m'enverrait presque m'écraser contre le mur par sa puissance. Je déglutis avec difficulté, consciente que c'est mal poli et dangereux de détailler un buveur de sang ainsi.

— Ce n'est rien. Souhaitez-vous que je vous laisse la place ? demandé-je, pressée de fuir cette situation malaisante.

Ma voix est un murmure à peine audible. Je suis soufflée par la beauté diabolique de cet homme, alors qu'il s'approche de moi à pas veloutés. M'enveloppant de son aura, il me domine de sa haute carrure. Son parfum boisé m'emplit les narines, me plongeant dans une douce léthargie.