Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]

Chapitre 25

La tête dans un bourdonnement cotonneux, j'ouvre les yeux, étonnée de revenir parmi les vivants. J'étais convaincue que j'allais y rester dans cette rue, mais non, il faut croire que je me suis suffisamment accrochée à la vie pour qu'elle veuille bien encore de moi. La chambre où je me trouve a les murs peints en blanc et un rideau translucide se balance devant une fenêtre de laquelle entre une brise légère. Le soleil irradie le sol un peu poussiéreux de la pièce. Un grand soulagement et un plaisir sans fin enflamment mon être quand j'aperçois une haute silhouette dans un coin.

Sur une chaise, assis en face de moi, assoupi, Craig est plus magnifique que jamais. Sa barbe de trois jours marque l'aspect anguleux de sa mâchoire puissante, ourlant ses lèvres pleines d'une fine toison brune. Ses cheveux ombrageux forment une rivière ondulante sur son front. Il est vivant, mon cœur se réjouit de cette merveilleuse nouvelle, j'ai eu si peur pour lui avant de sombrer. Heureuse qu'il semble intact, je me rappelle bien vite que sa condition de vampire lui épargne bien des désagréments.

Il me faudra beaucoup de temps pour panser mes blessures externes. En levant les bras, je ne peux réprimer une grimace en constatant la multitude d'hématomes formant un arc-en-ciel sinistre sur ma peau. Mon cou est extrêmement douloureux, je n'ose imaginer dans quel état il se trouve. Mon genou est pris dans une sorte d'attelle. Je porte une chemise d'hôpital et une culotte en coton blanc, tout simple. Mes cheveux n'ont pas de croûte de sang et sont doux, on me les a lavés ?

J'essaie de m'asseoir, la tête ne me tourne pas, mais si ça cogne dans ma tempe. Dans ma lancée, je pose les pieds au sol, m'appuie sur une barre marquant le côté du lit et me lève. Bien que tremblant un peu, j'arrive à tenir sur mes jambes, je soupire de soulagement. Mon cœur tambourine comme un fou dans ma poitrine, toute mon attention est fixée sur Craig. J'avance, un pas après l'autre, me mords les lèvres, car je souffre, mais je poursuis ma marche. Je n'ai qu'une envie, l'enlacer.

Malgré mon désir, je marque un temps d'arrêt devant lui. J'hésite, pourrait-il le prendre mal ? Une voix furieuse résonne alors dans ma tête : « SAUTE-LUI DANS LES BRAS TOUT DE SUITE ESPÈCE DE POULE MOUILLÉE ! ». Qui suis-je pour résister à une pression venant d'une inconnue ?

Je m'assois sur les genoux de Craig et enserre son cou, pleine d'une soudaine et brusque timidité. Fiévreuse, je pose mes lèvres sur les siennes, appréciant leur goût, leur douceur, alors que les miennes sont si rêches, d'une sécheresse extrême. Et si j'ai mauvaise haleine ? Je pourrai le dégoûter.

J'amorce un geste pour reculer, Craig plaque sa main sur l'arrière de mon crâne pour maintenir nos bouches scellées. Sa langue s'immisce en moi, dominante et décidée, j'en gémis de bonheur, accrochée à ses larges épaules. Il se redresse et me tient fermement. Avec lui je ne risque rien, cette certitude je l'ai acquise dès notre première rencontre. Ce qui s'est passé lors de mon agression s'est produit, car on m'a arrachée à lui. Même si le pouvoir de Craig a effacé certains de mes souvenirs de notre première soirée, je me remémore son baiser, mon premier.

Alors que je bascule dans la plus exquise des voluptés, je sais que Craig sera le premier et le dernier homme que j'embrasserai. Après avoir connu ses bras, sa puissance érotique qu'il dégage sans le moindre effort, je ne vois pas qui pourrait rivaliser et de plus, je n'ai aucune envie de l'expérimenter. Il me serre comme s'il craignait que je m'évapore, dépose une pluie de baisers sur mes joues, mon front, descend sur mon cou ce qui m'arrache un gémissement de douleur. Il s'arrête alors immédiatement et plonge son regard aussi clair qu'une étendue enneigée où se dresserait un lac gelé.

— Rose, tu trembles, s'inquiète-t-il en saisissant mon visage en coupe.

Je souris et me rends compte des larmes dévalant les pentes anguleuses.