Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]

Chapitre 23

Finalement, alors que je m'effondre dans la voiture, les yeux mi-clos, regardant les immeubles sombres se succéder devant moi, tout stress m'a quitté. Il parait si simple de discuter avec des gens charmants, faisant fi d'une quelconque pression sociale. Jian est quelqu'un de posé et calme, contrastant vraiment avec le caractère excentrique et solaire d'Ibrahim.

Nous avons passé une agréable soirée, riant parfois, débattant beaucoup du rôle des vampires et des autres espèces dans la société, comment rendre le système plus juste. Je n'aurais jamais pensé que certains seraient pour rétablir un peu de pouvoir aux humains, je croyais qu'ils se satisfaisaient de leur place supérieure dans le monde. Mais il y a des mouvements politiques en faveur de l'égalité et de la coexistence pacifique de nos deux civilisations.

La vitre est entrouverte et le vent fouette mon visage, faisant voleter mes cheveux. Les lumières artificielles colorant le ciel nocturne de rose électrique, de jaune pâle m'hypnotisent. La main de Craig est posée affectueusement sur ma cuisse et me caresse en douceur.

— J'espère que ton opinion sur les vampires devient plus nuancée au fil de l'évolution de notre relation et que ce repas avec d'autres personnes que moi aussi, glisse-t-il alors qu'il m'aide à sortir de la voiture.

Nos regards se croisent et un grand sourire illumine son visage parfait.

— Il y a eu un raté en début de soirée, mais le reste était très bien, réponds-je mi-sérieuse.

— Je suis désolé, j'ai manqué de tact, concède-t-il.

Je lui donne une petite tape dans le torse, rencontrant la dureté de ses muscles que j'ai déjà pu éprouver. J'attrape ensuite les pans de sa veste et l'attire contre moi, susurrant :

— Oui, vous êtes un vicieux personnage parfois, Monsieur Van Hamm.

En un geste, il me plaque contre lui, posant une paume affirmée sur mes fesses. L'atmosphère se charge en électricité quand mon cœur commence à s'emballer. Il est près, trop proche de moi pour que je garde mon calme.

— Chez toi, ça ne sonne pas comme un reproche, chérie...

Je passe la main sur sa mâchoire dont j'apprécie les contours secs, bien dessinés, tout en étant obsédée par l'idée de l'embrasser sur sa bouche tentatrice à l'extrême dont le sourire laisse entrevoir une rangée de dents blanches parfaitement alignées.

— Merci, dis-je.

Cela m'est venu naturellement, j'ai suivi le fil de mes pensées.

— Pourquoi ?

Mon cœur se serre, je cherche mes mots et je souffle :

— Pour tout, pour ta patience, pour ta gentillesse, pour tout ce que tu as fait pour moi afin que je puisse intégrer le cursus que je voulais. Je sais qu'à la base nous avons fait un compromis, il est vraiment idiot de convenir que tu m'aides à financer mes études en échange d'une relation avec pour but de nouer un mariage et avoir des enfants. J'étais jeune, j'avais peur des vampires, ma famille me mettait la pression, mais ça n'excuse pas tout, c'est stupide.

— Rose, je n'ai pas agi de la plus saine des façons moi aussi. Je pensais en effet ne pas réussir à m'investir, juste donner le change pour avoir des héritiers. J'ai tout mélangé, je préfère ce que nous partageons aujourd'hui, même si cela ne débouche sur rien d'officiel, je suis heureux de notre relation.

— J'ai encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre une maturité me permettant de voir les choses autrement que sur le fait que de vilains vampires ont asservi l'humanité et sont tous des monstres.

— Non, nous ne le sommes pas tous, mais je ne vais pas te le cacher, il y en a beaucoup, dont cette horrible Mira.

Le souvenir de mon frère, prisonnier de son addiction envers cette femme me glace les sangs. Son visage éteint, sa peau pâle, m'ont fait de la peine et j'ai la rage de ne rien pouvoir faire pour l'aider.

— Est-ce que Sélène est perdu ? Il va vivre et mourir en tant que jouet de Mira ?

Le regard empli de tristesse que Craig me lance ne me rassure pas, mais il nuance dans ses propos :

— J'ai besoin de réfléchir à la question, je te promets d'essayer de trouver une solution. Mais tu ne dois plus te mêler de cette histoire, c'est trop dangereux.

J'acquiesce en hochant la tête, avant de me serrer contre Craig, immense et gentil, je me sens en sécurité dans ses bras. Il caresse mes cheveux et pose son menton sur le haut de mon crâne.

— Rose, je ne supporterai pas qu'il t'arrive quelque chose, je tiens beaucoup à toi.

— Moi aussi Craig, je t'... apprécie.

À défaut de dire une connerie, qui serait inappropriée, trop tôt, j'ai rectifié ma phrase. Il s'écarte un peu et me saisit par les épaules, nous plongeons nos regards l'un dans l'autre alors qu'il m'assure :

— J'ai bien conscience que tu dois avoir du mal à me croire, mais je ne suis pas avec toi pour te manipuler, je suis sincère dans ma démarche de séduction. Depuis que je t'ai vue, tu m'attires, c'est un fait, mais cela va au-delà de la relation charnelle.

Il baisse un instant les yeux et prend ma main pour en effleurer le dessus ce qui envoie des frissons dans mon bras.

— Tu es vierge, n'as jamais connu d'autres hommes. Je refuse de te blesser, même sans le faire exprès. Il serait injuste de considérer ce qui se passe entre nous comme un simple plan cul. J'ai bien compris que ce n'était pas ce que tu recherchais.

— Non, en effet, je n'ai pas le désir d'être avec toi pour me débarrasser de cet aspect Craig. Tu me plais et j'ai envie de toi, mais après ce que nous avons déjà fait, je ne pense pas qu'une seule union de nos corps me suffira.

Il rit doucement, réchauffant mon cœur. Sa main serre la mienne, je refuse qu'il la lâche, si je m'écoutais, je lui dirais de me la tenir pour toujours.

— C'est à voir, tu pourrais être déçue.

— Serait-ce une expression d'un doute sur tes capacités ? demandé-je avec un sourire, pour le provoquer.

Son sourcil se lève, il rentre dans mon jeu et poursuit :

— Et si c'était le cas ? Tu me trouverais moins attirant ?

J'éclate d'un rire franc et l'embrasse sur le coin des lèvres.

— Craig, je me fiche de ce concept archaïque de la virilité des hommes surpuissants. Je pensais que le vampire, espèce si sophistiquée, serait au-dessus de ça !

— Oui, mais quel est ton avis sur la question ?

Il me cherche et je dois avouer que j'adore nos petites joutes verbales gentilles.

— Tu pourrais pleurer, avoir peur des araignées, douter au lit, porter une robe, te maquiller, cela ne diminuerait pas ton charme, mais montrerait que tu es comme les autres avec tes particularités. Nous avons tous nos forces et nos faiblesses, nos passions et cela nous définit, nous sommes imparfaits Craig et c'est ça qui est beau.

J'ai l'impression que ce que je viens de lui dire lui plait, car je vois ses pupilles briller.

— Décidément, tu ne cesses de me surprendre Rose et j'aime ça. Je t'adore.

Il se penche pour m'embrasser et je ferme les paupières, mais à l'instant où nos lèvres vont se rencontrer, la chaleur de son souffle laisse place à un froid glacial et je suis brutalement projetée en arrière, écartée de son étreinte, mes mains serrant le vide. Je rouvre les yeux et l'horreur me saisit quand je distingue des ombres se jeter sur Craig et le recouvrir. Alors que je pousse un cri déchirant, il tombe au sol. Mes pleurs résonnent dans le silence de la nuit et nulle lumière ne viendra à mon secours.