Chapitre 24

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Dans le noir de la nuit, au pied d'immenses buildings aussi froids que ma prochaine mort, je me débats dans tous les sens, mais mon agresseur maintient fermement sa prise. Cette ordure m'a plaqué contre lui, m'étranglant à moitié et me tire en arrière, toujours plus loin de Craig. Dans l'illusoire objectif de m'échapper, je bats des jambes dans le vide, le cœur battant à cent à l'heure. Vainement, mes mains tremblantes essaient de trouver un angle d'attaque pour me défendre et me défaire de l'emprise de cet inconnu.

Petit à petit, mon souffle s'amenuise à cause du manque d'air, entre mes hurlements et la pression persistante sur mon cou qui menace de se briser. Un vertige me saisit, un goût âpre se répand sur ma langue, l'angoisse est en train d'avoir raison de moi. Je suis traînée dans une ruelle, je n'aperçois, ni n'entends Craig ce qui accentue ma terreur.

— Arrête de bouger pauvre conne ou je t'assomme, siffle mon ravisseur d'une voix d'outre-tombe.

— Mais lâchez-moi ! rétorqué-je, mon faible souffle me permettant à peine d'articuler.

— J'ai des ordres.

— De qui ?

Seul un ricanement sombre répond à ma question. L'espace d'un instant, l'image de Mira flotte devant mes yeux, est-ce encore l'œuvre de cette garce ? La hargne qui me saisit à cette pensée me donne un regain de force suffisant pour poser mes pieds au sol et résister à l'emprise de mon bourreau pour stopper sa fuite. Je rassemble le peu d'énergie qui me reste pour prendre appui sur mes talons et me jeter en arrière, dans un élan.

Dans un craquement sinistre, mon crâne cogne contre le visage de mon ravisseur, une douleur explose dans l'arrière de ma tête, vrille ensuite de partout et manque de me faire vomir, mais au moins, il me lâche. J'ignore ses insultes et me mets à courir vers la sortie de la ruelle, d'où un rai de lumière provenant d'un réverbère me donne l'espoir de m'en tirer. Comble de malchance, je trébuche et m'étale sur les pavés, mon genou gauche se tord tandis qu'une douleur lancinante se répercute jusqu'à ma hanche. Sans analyser la situation, mue par un instinct sauvage de survie, je me redresse et reprends mon élan en boitillant.

Quelques secondes plus tard, je pousse un cri de rage et de désespoir quand mon agresseur m'écrase contre le mur. Il est un peu plus grand que moi, très large, une carrure de boxeur et un regard de meurtrier. Son nez saigne, tachant ses dents qui s'étirent sur un sourire abominable.

— Bon, fini de jouer, je n'ai pas toute la nuit.

Mes yeux s'écarquillent d'horreur. Il ouvre la bouche et que ses canines s'allongent. Une odeur puante mêlant mort et sueur se dégage de cet antre monstrueux. Tétanisée, je pousse un cri qui se perd quand il se jette sur ma gorge, plantant ses crocs dans ma chair trop tendre. Je me débats de moins en moins fort à mesure qu'il me vide de mon sang. La tête me tourne, je me vois sombrer peu à peu dans l'inconscient, plongeant vers ma fin qui ne devrait plus tarder. Emplie de regrets, je rage de n'avoir pas pu venir en aide à Sélène. Au fond de moi, mon cœur affaibli espère que Craig va bien. Craig, en songeant à lui, les pensées m'assaillent. Il ne sait pas ce que je ressens pour lui. Je n'ai pas assez profité de nous, de sa gentillesse et sa tendresse.

Comme par enchantement, une voiture plein phare passe dans la rue principale, si près de moi et pourtant si loin. Un éclair argenté dans la poche de mon agresseur attire alors mon attention pendant que ma tête est penchée sur le côté dans un angle inquiétant. Ma main se lève tout doucement. L'homme ne remarque rien, occupé à s'acharner sur ma gorge. Pourquoi ne me coupe-t-il pas la carotide au lieu de me torturer lentement ainsi ? Quel plaisir sordide retire-t-il de tout ça ? La réponse me parait évidente : il se nourrit de moi. C'est un vampire primitif et je suis sa proie.

La blessure me pique atrocement, ses crocs lacèrent mes muscles qui s'engourdissent, mais je tiens bon. Ma paume se referme sur ce que j'imagine être un manche de couteau. Sans plus réfléchir, je lève l'objet et, poussant un cri de rage, je la plante maladroitement dans le cou de mon agresseur. La lame, sûrement très aiguisée, se fraie un chemin dans la gorge, faisant jaillir le sang chaud et épais sur moi. Je manque de dégobiller, mais je tiens bon. Tel est pris qui croyait prendre.

Il retire ses dents de ma peau, laissant une traînée d'hémoglobine au passage et recule, tentant de se débarrasser de l'arme blanche, mais j'ai dû toucher une artère, car une flaque rouge se répand autour de lui. Il tombe au sol, je pose ma main sur ma propre plaie, essayant d'endiguer l'hémorragie et le surplombe alors qu'il se noie dans son liquide, sortant par sa bouche. Ses yeux sont grands ouverts, interloqués, il ne comprend pas comment j'ai pu retourner la situation et honnêtement, moi non plus.

— L'avarice est un très vilain défaut, sifflé-je en toussant, avant de me détourner sans vérifier s'il est mort.

Fixée sur mon objectif, atteindre la lumière, j'avance péniblement. Chaque parcelle de mon corps me fait mal. Mon cou est comme anesthésié, entre l'étranglement et la blessure des crocs du vampire. Je ne sais avec quelle force j'arrive à marcher, mais l'adrénaline pousse les gens à se dépasser en dernier recours et il s'agit bien du mien.

Tanguant, je pose ma main sur la pierre de l'immeuble à côté de moi et m'en sers de support. J'émerge de la ruelle sombre en m'effondrant à genou, les étoiles dansent devant mes yeux, je sens que je vais perdre connaissance. Si mon agresseur revient, il finira le travail sans problème. Mes poumons se remplissent et se vident avec difficulté, mes bras et mes jambes tremblent, j'ai froid. Je m'allonge sur le sol pavé, fixant le ciel qui me nargue par sa beauté, son éternité. Il y a pire comme vision que ces milliers de points lumineux pour quitter ce monde. Je ferme les yeux, apaisée, satisfaite de perdre la vie en contemplant l'infini mystérieux plutôt qu'un vampire assoiffé de sang. J'aurais juste souhaité avoir un peu plus de temps pour avouer à Craig que je l'aimais.

Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant