Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]

Chapitre 22

Nous arrivons devant un club branché. C'est coloré, avec des lumières roses aux allures de néons qui éclairent le nom de l'établissement : « Cool'n'Fun ». Je suis rassurée par l'aspect chaleureux du lieu. Plusieurs personnes attendent en discutant, joyeuses. Leurs vêtements ne me paraissent pas trop chics, je suis soulagée, car j'avais peur de faire tache avec mes habits plutôt classiques. Craig laisse un voiturier aller garder son véhicule puis il revient vers moi avec un large sourire.

— J'espère que tu as faim, ils servent de très copieux repas.

J'opine du chef. Me lançant un regard à enflammer mon cœur, Craig glisse ensuite sa main dans le creux de mes reins, comme si ça avait toujours été sa place, envoyant des frissons dans mon corps. Nos yeux se croisent lors d'un instant fugace, presque volé, le sien brille du même désir qui doit se lire dans le mien. Cet élégant vampire parle en toute gentillesse et innocence de nourriture, mais moi, pauvre vierge frustrée de 20 ans, je ne songe qu'au sexe. Ces montagnes de plaisir que j'ai eu le bonheur d'entrevoir m'obsèdent.

Craig est pire qu'une drogue, il est complètement et irrémédiablement addictif pour moi. Depuis que j'ai goûté à sa peau et léché sa saveur salée, je ne pense qu'à lui. Finalement, céder à mes désirs ne m'a pas calmée, c'est tout le contraire : j'en veux encore et en redemande. Où est passé l'effarouchement que je ressentais pour lui ? Il s'est envolé, en même temps que ma raison. Et au fond de moi, je sais que cette histoire finira mal. Le souvenir de la douloureuse conversation avec ma mère me remue les entrailles.

— Je ne parlais pas de cette faim-là Rose, souffle Craig à mon oreille, interrompant mon esprit qui prend un sombre tournant à la pensée de ma famille.

Je m'empourpre de honte et baisse les yeux. Je passe du rire aux larmes en un rien de temps, je suis à fleur de peau.

Nous entrons dans le club, une vague de chaleur m'arrive en plein visage. Alors que la musique envahit l'atmosphère, je m'accroche au bras de mon amant et lui demande :

— Tu utilises ton pouvoir sur moi ?

Il resserre son emprise autour de mon bassin et se penche sur mon visage pour me voler un baiser aussi inattendu que sensuel. Je m'apprête à approfondir cet échange quand il se recule avec un petit sourire et annonce :

— Non, il n'y en a pas besoin.

Son insinuation ne me rassure pas, alors je freine des quatre fers. Je refuse de me balader toute la soirée avec une étiquette : « Hormones sexuelles en fusion ! » collée sur le front. Je déglutis péniblement et mon visage se ferme tandis que je scrute avec attention les personnes que nous dépassons. Craig est à l'aise et souriant, saluant quelques-unes de ses connaissances au passage. Il me glisse à l'oreille :

— Ne t'inquiète pas, tout ceci est nouveau pour toi et tu as tellement vécu en ignorant tes désirs qu'ils sont un peu exacerbés. N'aie pas honte de ce que tu es, tu es une femme adulte pleine de vie, ce que tu ressens pour moi est tout à fait naturel et très flatteur.

Je gémis et pose ma paume sur sa bouche, interrompant ses pas. Ses yeux pétillent, je l'insulte mentalement.

— Craig, je ne sais pas si tu te moques de moi ou si tu essaies d'être gentil, mais je t'en supplie, tais-toi, tu me mets très mal à l'aise.

Il retire tout en délicatesse ma main et se penche au-dessus de mon visage pour murmurer :

— Un peu des deux, je suppose, tu es si perdue, touchante et en même temps, j'adore te voir rougir...

Levant les yeux au ciel, je le repousse doucement.

— Tu es incorrigible, si tu ne cesses ton petit jeu, je fais demi-tour et je rentre chez moi.

Il esquisse un geste pour fermer sa bouche avec une fermeture éclair imaginaire ce qui me fait pouffer de rire. Il prend ensuite ma main et me guide à travers la foule, vers une table entourée par deux hommes magnifiques et immenses qui semblent préoccupés, engagés dans une conversation sérieuse.

— Bonsoir, messieurs, je vous présente Rose, annonce Craig.

Ils se tournent vers nous et me détaillent tout d'abord avec attention, leur air grave s'allège. J'en frémis et me raidis, tétanisée sous leurs regards perçants. Le premier a les cheveux d'un blond si clair qu'ils paraissent faits d'or, il a une longue queue de cheval les retenant à l'arrière. Son teint est frais, ses yeux noirs, le visage fin, il a une allure androgyne très atypique et me semble très séduisant. Son faux air angélique laisse entrevoir un personnage mystérieux.

— Ravissante, susurre-t-il en m'envoyant un sourire brillant à la figure.

J'ai l'impression qu'il a lu en moi ce que je pensais de lui, mais c'est impossible, je porte le pendentif inhibant les pouvoirs des vampires que Craig m'a offerts.

— Rose, ne te fie pas à son charme, cet homme est Ibrahim, un membre éminent d'un gang citadin, c'est un tueur sanguinaire, murmure Craig à mon oreille.

Je blêmis, effrayée. En entendant cette introduction, le fameux Ibrahim éclate de rire et poursuit :

— N'importe quoi ! Ne l'écoutez pas, les seules personnes que j'aurais pu assassiner seraient mortes d'ennui, je suis professeur à l'université de lettre de la ville.

Je fusille Craig du regard, mais il se contente de pouffer :

— Tu es si tendue que je n'ai pas pu m'empêcher de t'embêter.

Je me sens stupide, et très légèrement humiliée. Ibrahim en rajoute une couche :

— Rose, vous songez sérieusement que cet honnête directeur de laboratoire pourrait frayer avec des bandits ?

Toute pensée érotique m'a quittée, j'ai juste envie de m'enterrer dans le sol et me rouler en boule dans un trou, je suis exposée, je déteste ça.

— Elle a une opinion très négative de nous autres, vous le savez ! souligne Craig.

— J'ai toujours dit que tu avais des airs de bad boy, mais version gold.

Je me retrouve muette, rougis et baisse les yeux, perdue. C'est alors que le deuxième homme se fait entendre. Ses cheveux noirs retombent en fines mèches devant ses pupilles sombres, bridées, son visage et sa mâchoire sont carrés, il est très large d'épaules, musclé.

— Mais vous allez la fermer tous les deux ? Vous ne voyez pas que vous la mettez mal à l'aise ?

Craig se tourne vers moi, je lève les yeux pour croiser son regard, il grimace et son expression se fige.

— Pardon Rose, je plaisantais bien sûr. Il presse mon bras avec affection et murmure :

— Je me rattraperai.

Ibrahim s'excuse également et l'autre homme se redresse pour tirer une chaise. Il me fixe et dit avec gentillesse :

— Installez-vous Rose et veuillez pardonner à mes amis, ce sont de vrais idiots et ils ne savent pas se comporter en société. Je m'appelle Jian et je suis ravi d'enfin vous rencontrer, Craig nous a vanté votre beauté, il était en dessous de la vérité.

— Merci Jian.

Je souris, rassurée, cet homme a un pouvoir apaisant. Je m'assois et il reprend sa place sur le canapé. Craig a le visage fermé, il semble pensif, mais je lui en veux un peu pour son attitude, donc je me concentre sur le choix des boissons sur la carte du club. Un serveur vient pour notre commande puis repart, sans que personne n'ait échangé de nouvelles paroles.

Soudain, Jian lance :

— Rose, Craig nous a dit que vous envisagez de devenir vétérinaire, vous avez toujours souhaité travailler dans ce milieu ?

Je me détends, ravie que la discussion prenne enfin une allure de banalités que je peux gérer.