Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]

Chapitre 16

Après notre discussion, Craig m'a emmenée au siège de sa société, pour signer une sorte de contrat, puis il m'a introduite à l'équipe que j'allais intégrer. J'ai commencé le lendemain, pouvant me rendre sur mon lieu de travail en transports en commun, bien que Craig ait insisté pour m'y faire conduire par son chauffeur. Cela aurait représenté trop de privilèges à mon goût.

Au quotidien, je ne réalise que des tâches simples, en même temps, j'aurais trop peur de faire des bêtises si je devais par exemple être en charge de cultures cellulaires, préparer des milieux de croissance, ce genre de choses. Je suis supervisée par Quinn, une femme d'une quarantaine d'années, ingénieure qui montre beaucoup de patience envers mes questions incessantes et ma maladresse. J'ai déjà fait tomber deux béchers et ai cassé des tubes à essai en tentant de les laver. Yvan est technicien de recherche, assez réservé, je ne lui parle pas trop, sa collègue Iris en revanche est une véritable pipelette, très sympa, elle m'aide beaucoup. Il y a différentes équipes qui travaillent dans les laboratoires voisins, celui où je suis affectée est au premier étage. Je suis juste à côté des bureaux, et notamment celui de Craig. Il a dû partir en déplacement mon premier jour, mais chaque fois que j'arrive devant sa porte, des frissons dévalent mon corps au souvenir de ce qui s'est passé chez lui, il y a quelques semaines.

Je n'ai aucune nouvelle de mon frère, j'espère qu'il va bien, mais après ma discussion avec Craig, je doute que me jeter à nouveau la tête la première dans la tanière du loup soit la solution adéquate pour lui venir en aide. La situation de Sélène me préoccupe beaucoup même si je ne peux rien faire pour le sortir de sa dépendance. J'ai essayé de me renseigner au sujet de l'addiction au sang de vampire, mais je n'ai rien trouvé nulle part. Comme c'est étonnant ! Cette mauvaise publicité doit être censurée. Si je me fie aux dires de Craig, il ne s'agit que d'un cas isolé, mais comment peut-on en être sûr ? Il y a peut-être eu des précédents de ce genre, quelque part, et une solution... Le peu que j'ai glané ne fait que renforcer ce qu'il m'a annoncé : des effets légèrement aphrodisiaques, mais rien de dangereux.

Seulement, il me vient à l'esprit notre discussion le jour du brunch chez mes parents au sujet de la tentative de production de cellules sanguines à partir d'un virus. Et si, ce virus n'était pas en cause, mais qu'il y avait quelque chose dans le code génétique des vampires qui provoquait des réactions étranges. À ce que m'a appris Craig, certains non hybrides ont des dons, liés à leur évolution, ils ont des caractéristiques propres. Ils font partie de la lignée et de l'espèce humaine, quoiqu'ils en disent sinon, nous ne pourrions pas avoir d'enfants ensemble, ce sont les lois de la biologie. Il y a très peu d'informations sur le premier d'entre eux, son origine. Il y a forcément eu une ou plusieurs mutations génétiques pour les amener à ce qu'ils sont aujourd'hui. Mais, leur histoire est un secret bien gardé auquel nous n'avons pas accès. Peut-être que la clé de leur faiblesse réside dans ces secrets. Je m'étonne aux vues du peu de consortiums de sympathie qu'il y ait des humains envers les vampires, que personne n'ait jamais cherché à les renverser ou alors, c'est le cas, et c'est passé sous silence.

Dans ma famille, ils ont toujours ruminé dans leur coin sans avoir le courage de faire ce qu'il faut pour changer les choses. Mais des rebelles, ça doit bien exister quelque part, non ? C'est peut-être vers eux que je dois me tourner pour trouver une solution pour sortir Sélène des griffes de cette sorcière.

Sur l'ordinateur, dans le bureau, je suis en train de chercher mille et une façons de détruire Mira, et sursaute quand j'entends la voix d'Yvan lancer sur un ton agressif :

— Qu'est-ce que tu fous ?

Je referme vite la fenêtre d'Internet ouverte et me dirige vers lui. Il me dévisage de son regard sombre furieux.

— Je suis en pause, remarqué-je en lui faisant un sourire.

Il m'analyse de haut en bas, plissant les narines et grommelle :

— Au lieu de chercher des conneries sur Internet, tu devrais aller à la laverie. Il y a de la vaisselle à nettoyer.

Piquée au vif, je serre néanmoins les dents et acquiesce. Je ferme mon écran, me lève et passe devant lui sans lui accorder un regard. J'ai juste le temps de l'entendre dire, suffisamment fort pour que je ne loupe pas un mot :

— Il y a en a qui se crèvent le cul pour avoir des postes et certains n'ont qu'à écarter les jambes alors qu'ils sont incompétents, c'est dégueulasse.

Je suis choquée, j'avais bien compris qu'il était réservé et pas particulièrement sympathique, mais je n'aurais pas pensé qu'il était capable d'avoir ce genre de propos. Je pince les lèvres, refusant de me laisser faire alors je lui fais face et assène :

— Que tu ne me supportes pas, c'est une chose, mais tu ne sais rien de moi ni de ce que je vaux. La prochaine fois que tu me fais une remarque déplacée, je le dirai à Quinn.

Il éclate d'un rire sombre et siffle en se rapprochant dangereusement de moi. Je recule jusqu'à me retrouver acculée contre le mur, mais je soutiens son regard.

— En plus d'être une pistonnée, tu es une cafteuse... Tu sais ce qui leur arrive aux gens comme toi dans la vraie vie ?

Je crois rêver, mais je semble discerner un changement de forme de sa pupille. Il se penche très vite comme s'il allait se jeter sur moi. Son visage prend une expression animale, mais c'est un humain, ça n'a pas de sens, je dois être sous l'emprise de la peur. Mue par un élan de courage venu de je ne sais où, je le repousse et m'écarte de sa trajectoire.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? tonne Quinn en entrant.

Soulagée par sa présence, j'en profite pour m'éclipser en murmurant :

— Tout va bien, Yvan me faisait part de précieux conseils.

Ma cheffe ne me laisse pas filer et me dit :

— Peu importe ! Rose, vous êtes attendue dans le bureau de Monsieur Van Hamm.

Mon cœur loupe un battement, peut-être même plusieurs, j'imagine le rire moqueur d'Yvan dans mon dos, mais ce n'est rien. Craig est de retour.