Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]

Chapitre 26

Craig me repose sur le lit, je suis encore dans les brumes post-orgasmiques, un petit sourire aux lèvres et les joues rougies. Il réajuste son costume, tentant de masquer son érection en s'assoyant sur la chaise, les jambes croisées. Ma tête se reconnecte doucement à mon corps alors que la porte s'ouvre.

Un homme d'une cinquantaine d'années que j'identifie fait son entrée, suivi par ma mère. Un long frisson descend le long de ma colonne vertébrale. Que fiche-t-elle ici ? Un éclat de pure méchanceté brille dans son regard et elle me lance un petit sourire carnassier que me glace d'effroi. Celle qui m'a portée dans son ventre pendant 9 mois, la première personne que j'ai vue en venant au monde, le repère de tout enfant, est aussi mon pire cauchemar. Alors que m'apprête à parler, elle pousse un cri strident et se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras.

— Ma chérie ! J'étais tellement inquiète.

Comble de cette blague improvisée, elle se met à sangloter contre mon épaule, sous le regard attendri du médecin. Perdue, je jette un coup d'œil à Craig, qui me fixe avec surprise en fronçant les sourcils. Il connait mon contexte familial, donc cette soudaine et inattendue marque d'affection l'étonne. Ma mère s'écarte et fait semblant de scruter mon visage à la recherche d'une éventuelle blessure.

— Comment te sens-tu ?

Elle saisit mon menton, j'en ai marre de cette mascarade, ne supportant pas qu'elle me touche. Je me dégage violemment et me recule dans mon lit.

— À quoi tu joues ? sifflé-je d'un ton méfiant.

Le souvenir de ses gifles, coups de pied quand j'étais enfant me glace d'effroi.

— Ma pauvre, tu dois souffrir, vous vous en rendez compte, monsieur le docteur ? Elle a peur de sa maman.

Elle pourrait aisément gagner un prix d'interprétation pour sa prestation de comédienne. Je n'arrive pas à voir où elle veut en venir.

— Votre fille a subi un lourd traumatisme, elle a perdu énormément de sang et sans l'intervention généreuse de Monsieur Van Hamm qui a fourni de la matière provenant de ses laboratoires, je ne sais pas dans quel état elle se trouverait.

Mon cœur bat la chamade, je me tourne vers Craig qui coule vers moi un regard empli de tendresse. Je brûle de le remercier, mais je ne veux rien dire devant ma mère, qui se sert de chacune de mes actions pour me faire du mal.

— Vous ! dit-elle en se levant et en se mettant face à Craig.

Il ne prend pas la peine de bouger, la jaugeant avec un air blasé. La peur m'envahit, que va-t-elle faire ?

— Ce sont des monstres de votre espèce qui ont attenté à la vie de ma chère et précieuse fille unique ! N'avez-vous point honte de vous tenir ici ? Quand je pense que son père et moi avons pratiquement dû la forcer à répondre favorablement à votre invitation à la Parade, je m'en mords les doigts !

Craig se dresse à son tour, imposant par son charisme écrasant, mais ma mère ne se démonte pas. Je me retiens de hurler, car ce que je craignais est en train d'arriver, Craig va découvrir la vérité sur le début de notre relation et je vais le perdre.

— Qu'avez-vous dit ? demande-t-il, de la fureur émergeant dans sa voix.

Puisant dans le peu de forces qui me reste, je bondis du lit, malgré la douleur qui irradie dans mon genou, pour me jeter entre le vampire et ma génitrice, poussant cette dernière. Craig me fusille du regard, je me sens minable. Je ferme un instant les yeux, prenant mon courage à deux mains et dis :

— Je n'ai pas été honnête avec toi, je vais te révéler la vérité, je refuse que cette affreuse personne qui m'a donné le jour salisse notre histoire en répandant son venin. C'est à moi d'assumer mes actes.