Parade Nuptiale [Romance fantastique - Terminée]

Chapitre 6

J'ai passé une sale nuit. Entre les cauchemars dans lesquels je me suis fait poursuivre par un monstre spectral aux yeux rouges et aux griffes acérées, entrecoupés de rêves érotiques impliquant une limousine et les doigts de Craig, je me suis réveillée emmitouflée dans ma couette, les joues brûlantes.

Le lendemain, j'erre tel un zombie décharné dans l'appartement, tournant en rond. Mes cheveux sont en désordre, je ne porte qu'un peignoir sur mon caraco et ma culotte en dentelles nocturnes, et des chaussons tout moelleux. Je n'arrive pas à me sortir cette soirée étrange de la tête. Je ne parviens pas à comprendre le comportement biphasé de Craig, et, je dois l'avouer, j'ai eu le cœur malmené par ses répliques acerbes.

Après une énième marche sans but dans le studio, je m'effondre sur le lit et fixe le plafond d'un œil torve. Craig m'obsède, s'il n'y avait pas toutes ces histoires autour de notre probable union, je pense que je l'aurais autorisé à continuer ce qu'il a commencé. Il dégage un tel sex appeal que ça me rend trempée de songer à être nue dans ses bras. Mon clitoris pulse dans ma culotte. Je laisse ma main descendre sur mon ventre tendu, puis plus bas. Je me mords les lèvres et soupire en caressant mon bourgeon gonflé, ce qui envoie des décharges dans tout le reste de mon corps.

Je visualise les yeux de mon hybride interdit, ses larges paumes rugueuses glissant sur mes cuisses puis prenant le relais de mes doigts... Et quelques instants plus tard...

La sonnette retentit, me coupant alors que j'allais attendre l'orgasme. Je pousse un petit cri de rage, mets plusieurs secondes à émerger et me redresse pour aller botter les fesses de l'intrus qui a osé m'interrompre dans un de mes seuls moments de plaisir en solitaire.

Je déboule devant la porte et l'ouvre d'un coup sec, me retrouvant face à... Craig ! Les rouages de mon cerveau dans les vapes tournent à toute allure.

— Que faites-vous ici ? demandé-je, la voix tremblante.

Il doit être seize heures. Il porte un costume bleu marine allant bien avec sa peau claire et ses yeux acier. Son air est sévère, mais en même temps, il semble soucieux. Mon visage se décompose quand il fixe mes jambes nues sous mon peignoir qui laisse entrevoir la naissance de mes seins qui pointent vers lui effrontément. Je rougis et manque de me liquéfier alors que je prends conscience qu'il pourrait tout à fait lire dans mes pensées et savoir que je me masturbais avec son image en tête. La honte ! Sa voix me ramène sur Terre.

— Je suis là pour m'excuser de mon comportement déplacé d'hier. Je souhaitais discuter avec vous, mais je tombe mal.

Il pointe ma tenue avec son doigt. Je m'écarte du passage et l'invite à venir en déblatérant à toute allure :

— Pas du tout, je vais aller enfiler quelque chose de décent, si vous voulez bien m'attendre dans le salon.

Il hésite, mais finit par entrer. Je fonce dans la chambre sans lui jeter un regard. Je prends le premier jogging qui traîne et un tee-shirt blanc. Après un coup d'œil dans le miroir, je passe la brosse dans mes cheveux, les attache puis retourne le voir.

Craig se tient droit, assis sur une chaise, face à mon canapé. Il me dévisage jusqu'à ce que je prenne place devant lui. Nous sommes aussi gênés l'un que l'autre. Un silence pesant s'installe qu'il brise le premier :

— C'est charmant cet appartement.

— Oui, c'est bien assez grand pour moi. Merci, sans votre générosité, je ne pourrais pas loger ici.

Il sourit.

— Cela me plait d'être le mécène d'une future docteure.

Il a l'air sincère, mais il change si souvent d'attitude que je ne sais comment réagir. D'ailleurs, il continue :