15 - Dilemme

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Lorsque Steve émergea de nouveau, sa migraine refit surface. D'une violence moindre, certes. Mais elle ressurgit tout de même, tambourinante. La première chose qu'il constata ensuite fut le confort drastiquement réduit de la surface sur laquelle il était étendu. Une simple couverture sur une planche ? Ou alors un tapis posé à même le sol. La rugosité du tissu lui fit plutôt penser au tapis. Il se redressa.

Steve constata alors une seconde chose : il était menotté. De ses menottes partait une chaîne aux maillons épais et visiblement solides. Il la suivit du regard jusqu'au mur auquel elle était fixée. Bougeant ses poignets dans des directions opposées, il essaya de se libérer de ses entraves. Cette tentative était vouée à l'échec. Il le savait bien. Cependant, grâce à ce comportement irrationnel, il put remarquer que les bracelets étaient peu serrés et que le jeu lui permettait de faire glisser les menottes jusqu'à la main. Elles étaient toutefois suffisamment serrées pour qu'elle ne passe pas, à cause de la première phalange de son pouce. Tirer sur la chaîne était tout aussi vain. Mais il le fit quand même, par acquis de conscience, pour en apprécier la robustesse.

Il s'adossa contre le mur et soupira. Son esprit était embrouillé. Il sentait encore les effets sur son organisme de la drogue que Donna avait mis dans cette tisane. Et le coup qu'il avait reçu à la tête n'arrangeait rien. Là, il admit que ce Randy était l'auteur. Steve avait dû mal à imaginer quinquagénaire de petite taille réussir à l'assommer puis traîner son corps inerte jusqu'ici, même en l'attaquant par surprise. Il éprouva une certaine culpabilité. Il s'était montré imprudent, en partant seul. En manquant d'attention à son environnement. Puis il s'était montré naïf, en accordant sa confiance à cette dame très accueillante. Trop accueillante. Il s'en rendait compte dorénavant. Il se frotta le visage et passa sa main dans ses cheveux. Il toucha alors sa plaie, à l'arrière de son crâne, provoquant un déferlement de frissons et de picotements.

Steve s'accorda un petit temps de réflexion. La première question qui émergea dans son esprit concerna la raison pour laquelle il se retrouvait ici, enchaîné. Avait-il été enlevé pour qui il était ? Avait-ce un rapport avec son statut de commandant du 5-0 ? Ou avec son passé militaire ? Au renseignements ou chez les SEALs ? Donna l'avait appelé Monsieur, également mon chou, ce qui était ridicule. Elle n'avait donc aucune idée de son identité. Il avait été pris pour cible par opportunisme, parce qu'il était seul au milieu de nulle part. Était-ce rassurant ? Était-ce au contraire inquiétant ? Pour lui, il n'en savait rien. En revanche, pour Catherine, c'était plutôt positif. Elle avait échappé à la rafle !

Ce raisonnement n'avait aucune logique. Après tout, la jeune femme s'était également retrouvée seule au milieu de nulle part, à cause de lui en plus. Mais Steve rejeta aussitôt cette pensée. Il refusait de croire que sa petite amie était également tombée dans les griffes de ses ravisseurs. Oui. Elle était quelque part, dehors, le cherchant, avec Melany, Danny et le reste de son équipe, en sécurité.

***

Melany se tenait là, assise à l'entrée de la tente, les jambes repliées, les bras enroulés autour de ses genoux. Elle observait un peu plus loin les restes du foyer dont les cendres avaient depuis longtemps refroidi. De temps à autre, une de ces particules carbonisées subissait l'effet d'une petite bourrasque de vent et s'envolait dans les airs, allant se perdre dans l'immensité de ce ciel monotone désormais voilé. Les nuages n'étaient pas gris menaçants mais leur opacité suffisait à masquer l'habituel ciel azur et le doux soleil éclatant de Hawaii, assombrissant la réserve de Mokulē'Ia, comme si l'univers cherchait à protéger tous ses secrets.

Après près de deux heures de navigation difficile en buggy à travers la végétation luxuriante de la réserve, puis plus d'une demi-heure de marche en terrain escarpé, Melany, Danny et le Chef Makoa avaient finalement atteint le campement de Steve et Catherine, rejoignant alors les Officiers Cowdery, Esposito et Smith. Ils n'y trouvèrent ni Catherine, ni Steve au bivouac ni dans ses alentours proches. Tout le monde s'y attendait mais tout le monde fut déçu. Melany plus que les autres.

La Perle RareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant