Après plus de 12 h 00 de vol interminable, me voilà enfin arrivé.
Je sors de l'avion, lunettes de soleil sur le nez, et respire un bon coup. L'air de Tokyo est différent de celui de New York, bien meilleur.
Je récupère mes valises, car je compte rester plus longtemps que prévu. J'ai validé mes diplômes, je peux enfin me reposer jusqu'à la prochaine rentrée. J'étudie pour être chirurgienne et, mon Dieu, que c'est dur ! Bref, je sors mon portable pour appeler mon père quand j'entends une voix m'interpeller.
Je me retourne et c'était lui. Du haut de ses 50 ans, il a gardé sa jeunesse mais les petites rides au coin de ses yeux le trahissent. Je lâche mes valises et cours vers lui. 6 mois, 6 mois que je ne l'avais pas vu.
Il me serre dans ses bras d'une force à m'en étouffer. Je le serre à mon tour, mes yeux me brûlent, il m'avait tellement manqué.
- Tu es de plus en plus belle à chaque fois qu'on se retrouve.
Sous tous ses tatouages, ses muscles et ses cicatrices, mon père a toujours été très paternel, toujours présent, impliqué dans nos vies.
En tant que "Waka-gashira", le bras droit du "Oyabun" en d'autre terme "le Parrain", il était toujours très occupé, en mission ou autre mais trouvait toujours du temps pour nous.
- Tu m'as manqué, papa, dis-je en baissant la tête. Tu es venu seul ? Où est Katsuro ? Il n'est pas venu me chercher ?
Mes parents ont eu beaucoup de mal à avoir un enfant, à m'avoir moi. Bien entendu, un garçon aurait été préférable, et je pense que s'il n'était pas arrivé juste après moi, ils auraient continué jusqu'à avoir un garçon.
- Ton frère est absent depuis quelques jours, il arrive ce soir, ne t'inquiète pas. Ta mère t'attend avec impatience, et ta petite sœur aussi.
Oui, mon frère est un Yakuza. Mon grand-père en était un. C'est ancré en nous, malgré ce que tout le monde pense de nous, nous avons des valeurs, nous sommes loyaux les uns envers les autres et pour rien au monde je ne changerais ça.
Je monte à l'arrière de la voiture, mon père est passager, je le vois regarder les alentours, comme si quelque chose nous guettait.
Je pose ma tête contre la vitre et contemple cette magnifique ville qu'est Tokyo.
*********
J'ai retrouvé ma sœur et ma mère qui, bien sûr, avaient invité la moitié des femmes du clan. Par politesse et pour faire bonne figure, je reste avec elles, mais je n'avais qu'une seule envie : dormir. Je n'étais pas de nature très sociable. Ma solitude était ma meilleure compagnie. Je m'autosuffisais, comme j'aimais souvent le dire. Mais pour elles, pour ce qu'elles avaient organisé, je prends mon mal en patience et m'efforce de sourire..
22h00, la porte de notre maison s'ouvre. C'était mon frère, Katsuro. Sauvé par le gong, je me lève rapidement et tombe sur mon petit frère, qui n'était plus si petit que ça.
Quand avait-il autant grandi ? Il me dépassait d'une tête et avait pris de la musculature.
- Tu as changé, lui dis-je en le détaillant. Il avait pris de la carrure et du muscle, son visage était fermé, il ressemblait tellement à papa.- J'ai l'impression d'être ta petite soeur, dis-je en le détaillant.
Il rigole et me prend dans ses bras. Nous sortons dans le jardin pour marcher. Je sors une cigarette de ma veste, l'air était plus frais qu'à l'intérieur. Entre l'odeur de la nourriture et les parfums de toutes ces bonnes femmes, imaginez l'odeur.
- Tu fumes toi maintenant ? Dit-il en m'arrachant le paquet des mains.
- Je suis ton aîné, donc respecte-moi, gamin.
- D'un an, c'est rien, dit-il en rigolant.
- C'est toujours un an de plus, gamin. J'essaie de lui ébouriffer les cheveux, mais mon mètre soixante-cinq ne fait pas le poids avec son mètre quatre-vingts.
- Bon alors, tu comptes rester pour de bon ou tu vas repartir ? Maman le vit mal, surtout à tes départs. Et Izumi ? Je ne t'en parle même pas, elle pleure des jours en te réclamant.
- J'ai envie de rester, quitte à continuer mes études ici, je le ferais ! dis-je en m'asseyant sur l'herbe. Papa ne voudra pas, mais il ne comprend pas que si je fais ça, c'est pour eux, pour nous, pour la famille. Un médecin dans la famille ? C'est bénéfique pour tout le monde.
- J'avoue que tu pourrais être utile, dit-il en rigolant.
Il s'assoit à côté de moi tout en continuant de fumer sa cigarette. Il ne peut s'empêcher de rire en me regardant. J'ai loupé tellement de temps avec eux, je ne l'ai même pas vu grandir. Il est devenu un homme, un membre actif de notre famille. Ce n'est plus le petit frère qui me courait après pour que je le trimballe partout..
- Je veux que tu restes aussi, mais je le comprends. Ne lui en parle pas, mais il se passe beaucoup de choses dans l'organisation, des choses dangereuses.Son ton était des plus sérieux et ses mains se crispèrent sur le briquet, comme si ses pensées le mettaient hors de lui.
- Rien de grave ? La boule au ventre s'est installée dans mon estomac. J'écrase ma cigarette, m'assoie sur mes genoux et le regarde avec sérieux.
- Je ne sais pas trop, tu sais à mon niveau on ne me dit que ce que je dois entendre. Mais je le vois, papa, il n'est pas comme d'habitude. Une guerre avec un autre clan qui essaie de tuer notre nouveau chef, Shogo. Fin laisse tomber, me dit-il en balançant sa main dans le vide. Ne lui demande pas de rester, il ne voudra pas.Il s'en est suivi d'un long silence, j'étais perdu dans mes pensées. J'avais un mauvais pressentiment comme si quelque chose de grave allait se passer. Mais quoi ? J'essaie tant bien que mal de lui tirer les vers du nez mais il reste impassible..
VOUS LISEZ
Hina : Vie De Yakuza
RomanceEN RÉÉCRITURE ! Hina, fille du bras droit d'un puissant chef yakuza, voit son monde s'effondrer lorsque son père est assassiné, laissant derrière lui une quête de vengeance et de vérité. Pour restaurer l'honneur de sa famille, Hina prend la décisio...