Chapitre VI: Audace

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Tu pouvais reconnaitre cette voix parmi mille. Tu tournes ta tête vers la ruelle où il se trouvait, cela faisait peut-être 5 ans que tu ne l'avais pas vu. Tu regardes autour de toi avant de le suivre. Quand il était là, tu avais l'impression de redevenir une enfant, tu souris jusqu'à arriver devant lui.

- Ça faisait longt-

Tu n'as pas eu le temps de finir ta phrase qu'il te plaqua contre le mur avec son avant-bras appuyant sur ta gorge. L'incompréhension et la peur te gagnent, la pression sur ta gorge est tellement forte que tu peux ni parler ni respirer. Il ne dit rien, il te met simplement quelque chose dans la main. Ton autre main essayait de repousser son avant bras mais c'était peine perdu. Tu lèves ton regard vers lui, aucune empathie le traverse, en réalité cette émotion ne l'avait jamais touché. Il te lâcha, tu te plies en deux pour reprendre ton souffle, au même moment tu sens une main te toucher le haut du crâne, tu relèves la tête, il n'était plus là.

Tu te mis à courir jusqu'à la fin de cette ruelle, il ne pouvait pas partir comme ça, sans un mot après tant d'années, tu te souvenais, tu le revoyais partir, la sensation de déchirure et d'abandon refait surface. Il n'était plus là, il n'y avait plus personne, autant dans ta vie que dans cette ruelle alors tu t'autorisas à pleurer après avoir couru en vain. Tu pleurais pour toutes ces années où tu n'avais pas pu le faire, tu essaies de te rattacher au regard qu'il t'a lancé même si l'empathie ne l'avait pas traversé tu étais pratiquement sûr d'avoir vu de la pitié.

Il était si proche et loin à la fois, il avait filé entre tes doigts. Tu levas la tête vers le ciel, il était encore là, il t'observait, il n'était pas du genre fuyard et pourtant il n'avait pas prononcé un mot comme ce jour-là. Tu te souviens encore de son regard froid posé sur toi comme si tu n'étais plus rien, après ce dernier regard ta vie avait été un enfer sans nom, tu pestas en baissant la tête, les mêches de tes cheveux te chatouiller les joues, tu te rappelles son geste. Son geste sur ton crâne n'avait pas été fait de manière anodine, c'est ce qu'il faisait avant de partir, un geste rassurant. Le jour où il t'a abandonné, il ne t'avait pas fait ce geste, c'est débile mais tu t'y rattache. Tout le monde t'avait dit que t'attacher à lui c'était masochiste mais il n'était pas celui qu'ils croyaient. Ils y voyaient un homme dur, froid, violent et tu y voyais un homme attentionné malgré le fait qu'il soit distant.

Quand tu reviens à tes esprits, il était déjà parti. Pendant toutes ces années, tu lui écrivais des lettres, tu n'avais jamais rien eu en retour, tu étais pratiquement sûr qu'il les avait reçu. En parlant de lettre tu tenais toujours ce bout de papier dans ta main. Tu n'avais pas envie de garder le secret plus longtemps, tu ouvris la lettre.

"Tp,

Je ne suis pas du genre à écrire de lettre mais je te dois bien ça. Tu dois probablement me haïr et c'est tout à ton honneur mais tu te trompes de cible. Je n'ai pas eu le choix de faire ça, tu comprendras surement un jour, je ne peux pas tout te dire ici je me ferais surement attraper et toi aussi. Les fins heureuses n'existent pas pour nous. N'oublie pas d'où tu viens et pourquoi tu es ici. Continue de m'écrire et dis moi comment-"

- Tp !?

Merde c'est vrai que l'on devait se retrouver !

Tu caches la lettre dans ta poche, tu essuies tes vêtements et tes yeux pour paraître la plus pimpante possible et tu sors de cette ruelle. Cette lettre pouvait sembler si simple mais elle t'avait redonné espoir, il n'était pas doué pour communiquer mais il avait pris la peine de le faire.

Une fois sorti d'ici tu cherches les autres mais avec tout ce monde et ta petite taille c'était peine perdu, tu décides simplement de retourner à l'endroit où tout le monde s'est séparé il y a deux heures en espérant que les autres ne soient pas parti sans toi.

Livaï x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant