14. Pourquoi l'idole a-t-il décidé d'hiberner ?

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Je sens qu'on me secoue l'épaule, je ramène d'avantage mes jambes contre moi en grognant.


- Hé Solius, il doit être midi passé, réveille-toi.


Contre mon gré, je me redresse comme un piquet, les yeux à demi ouverts. Je palpe dans le vide jusqu'à ce que je tombe sur mon ami, il a les épaules tendues et j'ai une brève vision embuée de sa mine exacerbée. Sa tresse reconnaissable entre milles n'a pas été faite aujourd'hui.

- Je viens à peine de me réveiller, je ne m'étais pas couché si tard pourtant... maugrée-t-il dans sa barbe. J'ai jamais dormi aussi profondément.

- (je me frotte les yeux) Et moi j'aurais pu continuer à dormir toute la journée honnêtement.

- Ouais, pareil. J'ai fait de ces rêves cette nuit d'ailleurs ! J'étais un genre de fœtus comprimé confortablement dans les bras de ma mère et elle me chantait des berceuses de mon enfance. 

- Ah ? je m'étonne en bâillant. Moi aussi, j'ai rêvé de ma maman. Elle me gardait au chaud dans ses bras pour que je m'arrête de sangloter.

- Marrant !


Je titube jusqu'à la cuisine pour prendre deux verres. 


- Le livreur de lait a dû arriver depuis longtemps.


En effet, lorsque j'ouvre la porte, deux belles bouteilles sont posées à côté du tapis. C'est curieux qu'il ait su qu'on était deux ici. En ramenant les récipients contre moi, je ne peux réprimer un coup d'œil pour le toit d'hier, le dernier souvenir qu'il me reste de cette nuit : la silhouette de Lenny, son menton contre ses genoux et le ton suppliant de sa voix. Un petit groupe est tassé  devant chez lui, ils attendent leur idole, idole qui n'est pas prêt de pointer le bout de son nez compte tenu des volets qui demeurent obstinément fermés. Il doit dormir lui aussi. 


Un air de comptine me trotte en tête, nous buvons d'une traite nos laits avec FuryFuryus. Ce dernier doit me sermonner à maintes reprises afin que je ne me rendorme pas.


- Tu es pire qu'un gosse Solius ! Tu veux pas que je te fasse faire ton rôt tant qu'à faire ?

- Rooh, c'est juste l'histoire d'une sieste ! Rien de plus !

- Je ne sais pas si tu as rajeuni de seize ans ou vieilli de soixante vois-tu.

- Gneugneugneu, j'ai compris, je suis levé et en pleine forme, voilà. Bon, qu'est-ce qu'on fait ?

- Hmm... On pourrait essayer de se faire quelques connaissances par ici, histoire de connaître mieux le coin. Tu sais ce à quoi je pense ?

- Ce à quoi tu penses... des fanfictions douteuses ?

- (il effectue une facepalm des plus théâtrales) Tu es un clown. Non, je pensais à une crémaillère.

- QUOI ?!

- Bah oui,  on invite le voisinage, comme ça, ça nous permet de faire des rencontres. Je suis un génie en plus d'être incroyablement beau.

- Ah non ! Je m'insurge ! Si on invite les voisins, ça va forcément inclure, euh, Lenny...

- Je te trouve bien dur avec lui ! C'est pas lui qui t'a donné cette boisson qui m'a sauvé la vie hier ?

- Si... 

Qui l'eût cru qu'un jour, une grande chèvre me renverserait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant